Parce que maman jouait du piano

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Par Emmanuelle LeBlond
Parce que maman jouait du piano
Un échantillon de la famille Bessette. De gauche à droite: Benjamin Bessette, Pascal Bessette, Julie Fournier, Allyson Pétrin et Patrick Bessette. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. La famille Bessette a grandi à coup de chansons et d’airs entraînants. Dès que Léontine Hébert prenait d’assaut le piano familial, les treize enfants arrêtaient leurs activités pour l’écouter religieusement. Si certains ont décidé de garder cette tradition dans leur vie, d’autres ont ressenti le besoin de partager leur amour du country avec le grand public. Portrait de trois générations qui naviguent dans une passion commune, la musique.

Léontine Hébert était une réelle figure d’inspiration pour ses petits protégés. «On a toujours été impressionnés par le talent de ma mère au piano. Le doigté qu’elle avait et l’âme qu’elle donnait à ce qu’elle jouait étaient fascinants. La passion de la musique nous vient beaucoup d’elle, sans même qu’elle s’en aperçoive», confie Benjamin Bessette, le cadet de la famille.

Parfois douces, parfois festives, ces mélodies touchaient chacun des membres de la famille. «C’était réconfortant et apaisant de l’entendre. S’il y en avait qui étaient trop agités pendant que maman jouait du piano, c’est sûr qu’ils se le faisaient dire. C’était un moment précieux», témoigne Étienne Bessette, le douzième enfant de la lignée.

Sans surprise, la musique était omniprésente dans les rassemblements familiaux. Tous les enfants participaient à la fête en chantant ou en jouant d’un instrument. Même le paternel Rodrigue Bessette était de la partie avec sa «musique à bouche», souligne Benjamin.

Si Léontine a choisi le piano, Étienne s’est quant à lui dédié au violon. «J’ai déjà eu la chance d’entendre mon grand-père jouer du violon. Il était âgé de 88 ans. Moi, j’avais 8 ans. La pièce qu’il jouait était d’origine acadienne et elle m’avait beaucoup touchée», raconte-t-il, avec émotion.

Étienne Bessette a débuté sa carrière avec les Frères Bessette à titre de bassiste.

Comme ses frères et ses sœurs, Étienne a appris les rouages de son instrument par lui-même. Dès l’âge de 13 ans, le musicien en herbe consacrait tous ses temps libres à pratiquer le violon. Aussi, le jeune homme suivait avec attention les réalisations de ses frères aînés. Fred a été le premier à se lancer officiellement dans le monde de la musique en créant le groupe Les Étoiles d’or, avec la participation d’Adrien.

Dès que l’occasion s’est présentée, Étienne s’est greffé à la formation à titre de bassiste. Plusieurs souvenirs se sont forgés au fil des années. La tournée aux États-Unis en 1967 constitue sans contredit un moment marquant pour le groupe. «On a fait tout le nord-est, du Connecticut jusqu’au Maine. On accompagnait Marcel Martel en tournée. On faisait quatre villes par fin de semaine durant deux mois», se remémore-t-il, tout sourire.

Dans les années 1960, le groupe a changé de bannière pour prendre le nom des Frères Bessette. La famille a toujours été au cœur des préoccupations du groupe. «Le premier album, Alfred l’a fait avec nos sœurs. Les deuxième et troisième albums, c’est moi qui étais le choriste», ajoute Benjamin.

Étienne, Benjamin, Adrien et Fred Bessette ont fait partie du groupe les Frères Bessette.

Vingt ans plus tard, chacun des membres du groupe a décidé d’emprunter sa propre voie. De son côté, Benjamin a formé un orchestre pour finalement se consacrer à une carrière solo. Maintenant âgé de 71 ans, il sortira son quatrième album d’ici les prochains mois. Quant à Étienne, il a présenté ses compositions à travers le Québec avec le duo Étienne et Monique Bessette, pour répéter l’expérience avec sa fille Mélanie.

Aujourd’hui, Étienne n’a pas abandonné la musique pour autant. En mars dernier, il a partagé la scène avec son fils Pascal au Festival du Sucre d’érable à Nanaimo en Colombie-Britannique. «Les trois générations en tournée, c’était magique, soutient Pascal qui avait amené son fils Félix pour l’accompagner à la batterie. C’est comme si les rôles s’étaient inversés parce que j’ai accompagné mon père pendant longtemps quand j’étais plus jeune.»

Passer le flambeau à la relève

Tout comme son père, Pascal a toujours été attiré par la musique country. À l’adolescence, il écoutait avec admiration les grands noms du country américain, en reproduisant les airs de ses idoles à même sa batterie.

L’artiste a cumulé plusieurs années d’expérience en tournée avant de sauter à pieds joints dans l’industrie de la musique. «Si je connais toutes les sphères du métier, c’est grâce aux tournées que j’ai faites avec Benjamin, Lévis Bouliane et mon père. Ils m’ont appris que ce n’est pas toujours une réalité facile», commente-t-il.

L’auteur-compositeur-interprète adore partager ses créations avec le public québécois et celui de l’Ouest canadien. Depuis le début de sa carrière, il a déployé beaucoup d’effort pour sortir un total de neuf albums, dont deux qui ont été enregistrés dans un studio à Nashville. Il poursuit avec fougue le chemin que son père a entamé avant lui.

Pascal n’est pas le seul de sa génération à embrasser professionnellement la musique. Patrick, le fils de Benjamin, a aussi eu la piqûre dès son jeune âge : «Papa avait un orchestre qui jouait toutes les fins de semaine. Il répétait toutes les semaines à la maison. On les regardait pratiquer dans le sous-sol. Quand il fallait aller se coucher, on se collait l’oreille sur le plancher pour les écouter.»

Patrick réussit à faire sa marque grâce à ses talents à la batterie. Après avoir fait ses premiers pas dans le groupe de son père, le musicien s’est promené à travers quelques formations musicales avant de trouver son trio de prédilection, Syldan. Depuis vingt ans, le groupe accompagne les chanteurs country du Québec, de l’Ontario et du Nouveau-Brunswick à travers les festivals et les spectacles solos. Patrick est fier de pouvoir affirmer qu’il vit de sa passion.

Le batteur est reconnu pour son professionnalisme, sa ponctualité et son ouverture d’esprit; des valeurs que son père lui a inculquées. Les enfants de Benjamin sont unanimes : leur père constitue un modèle à suivre au quotidien.

«Il me permet d’être une meilleure personne, une meilleure chanteuse et une meilleure auteure-compositrice», complète sa fille Julie Fournier.

Une passion qui ne s’essouffle pas

La musique est venue naturellement chez Julie. «Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours chanté, mais c’est depuis 2005 que j’ai commencé de façon plus active à faire de la scène», raconte celle qui a sorti son quatrième album l’hiver dernier, Je suis femme.

L’auteure-compositrice-interprète collabore avec son frère Patrick depuis le début de sa carrière. Ce dernier possède un studio d’enregistrement où il produit tous les albums de Julie.

«C’est la meilleure chose qui m’est arrivée de travailler avec Patrick, pour vrai. Dès mon premier album, ça a été vraiment facile de travailler avec lui. Par ses conseils et son écoute, il m’a donné la confiance nécessaire pour foncer», avoue-t-elle.

La montée fulgurante des Bessette ne s’arrête pas là puisqu’elle s’élargit jusqu’à la troisième génération. Allyson Pétrin, fille de Julie, a consacré ses études à la musique au Cégep de Drummondville et à l’École nationale de la chanson à Granby. C’est grâce au concours que la jeune femme a taillé sa place dans le milieu. Âgée de 24 ans, elle a déjà un EP à son actif, réalisé par nulle autre qu’Antoine Gratton. À l’occasion de la sortie de son opus, l’artiste a même parcouru la Bretagne dans le cadre d’une tournée, à guichet fermé.

Yvan Bessette est fier du chemin qu’a parcouru sa fille Katty Bessette dans la chanson.

Ce survol ne serait pas complet sans mentionner l’apport de Katty. Son rêve a toujours été de devenir chanteuse. À l’adolescence, elle suivait déjà son père Yvan sur la scène des festivals avec le groupe Nashband. Après un léger détour professionnel, elle choisit de se consacrer à 100 % à la musique pour lancer son premier album, A Good Hearted Woman. Maintenant âgée de 36 ans, elle veut plus que jamais vivre sa passion. Elle sait qu’elle pourra compter sur son père qui connaît déjà bien le métier. Étant le fils d’Adrien, Yvan a toujours baigné dans la musique.

Si le parcours de ces huit artistes est inspirant, il ne faut pas oublier que plusieurs autres histoires n’attendent qu’à être découvertes. «Nous sommes la plus grande famille d’auteurs, compositeurs, d’interprètes et de musiciens qui issue de Drummondville. Si on nous réunissait tous sur une scène, on serait plus d’une vingtaine!», illustre Benjamin.

Ainsi, il était impossible de réunir les artistes des trois générations à l’intérieur d’un même article. Cette famille se révèle à la fois talentueuse et nombreuse.

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