Plus de cadres dans les CHSLD de la région

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Par Cynthia Martel
Plus de cadres dans les CHSLD de la région
Le Centre d’hébergement Frederick-George-Heriot de Drummondville accueille plus de 330 résidents. (Photo : Archives L'Express)

SANTÉ. La pandémie a mis en lumière plusieurs enjeux qui ont compromis la qualité des soins et services dans les CHSLD de la province, dont celui de l’encadrement des employés. À Drummondville, des cadres ont été embauchés en ce sens dans les dernières semaines et la structure sera revue.

De fait, le CIUSSS de la Mauricie-Centre-du-Québec se penche actuellement pour améliorer la gestion du personnel dans tous les CHSLD de son territoire.

«On est en réflexion pour venir adapter davantage l’encadrement dans nos établissements d’hébergement. On va déposer très rapidement des travaux de structure», laisse entendre Nathalie Boisvert, présidente-directrice générale (PDG) adjointe responsable de la région du Centre-du-Québec.

«On compte environ 1065 lits dans les CHSLD centricois. C’est beaucoup de patients et de familles à accompagner, donc ça prend une structure pour offrir un service à la hauteur de leurs besoins. C’est pourquoi on va rehausser l’encadrement», poursuit-elle.

Comme l’a souligné le premier ministre du Québec François Legault le 10 juillet dernier, de passage en Mauricie dans la cadre de sa tournée des régions, un bon système de gestion dans les CHSLD est la clé dans un contexte de pandémie.

«[…] c’est très important que dans chaque CHSLD il y ait une personne qui répète continuellement au personnel les directives», avait-il soutenu.

Au Centre d’hébergement Frederick-George-Heriot, il y avait trois cadres intermédiaires pour 309 lits. «Ce n’était pas beaucoup. On a donc procédé à une embauche», indique Mme Boisvert.

En ce qui a trait aux CHSLD Marguerite-d’Youville et L’Accueil Bon-Conseil, seul un chef de service supervisait les deux centres. Un second a fait son entrée au cours des dernières semaines.

«Avec ces personnes supplémentaires, ça vient donner une gestion de proximité plus grande pour les salariés, souligne Mme Boisvert. Ça amène plusieurs aspects aussi, par exemple, quand les directives changent rapidement – comme on a pu le vivre ce printemps, ça permet de répondre aux questionnements plus rapidement. De plus, ça permet une plus grande vigie quant aux équipements de protection, parce qu’avant la pandémie, les employés n’étaient pas habitués de porter le masque tout au long de leur quart de travail. En ayant plus de chefs, on s’assure que les bonnes pratiques sont suivies et ce qu’on met en place rapidement soit supervisé et respecté.»

De passage un peu plus tôt cette semaine en Mauricie pour dresser le bilan de la pandémie dans la région, le directeur national de la santé publique, Dr Horacio Arruda, a noté que les constats observés dans les CHSLD de la région en ce qui a trait à la gestion «sont les mêmes que partout au Québec».

Un «concours de circonstances»

Malgré cette lacune d’encadrement, les CHSLD de la région centricoise ont été épargnés par les éclosions alors que la COVID-19 s’est infiltrée dans plusieurs centres d’hébergement de la Mauricie, causant de nombreuses victimes. Deux facteurs expliquent en grande partie cette situation, aux dires de la PDG adjointe.

«D’une part, il y a eu beaucoup moins de transmission communautaire au Centre-du-Québec qu’en Mauricie. L’autre aspect qu’il faut retenir, c’est que le premier cas en CHSLD, au Centre Laflèche, est arrivé le 22 mars. C’était très, très tôt dans la pandémie, alors que nos connaissances n’étaient pas grandes. On se rappelle que les mesures sanitaires ont été décrétées le 13 mars, donc on était dans nos premiers pas avec la COVID et la préparation était en cours en CHSLD alors que les regards étaient davantage tournés vers les centres hospitaliers», explique-t-elle.

Parmi les informations apprises en cours de route, il y a celles entourant les patients asymptomatiques.

«Au début, on ne dépistait que ceux symptomatiques, car on ne savait pas que les patients asymptomatiques pouvaient avoir une charge virale très grande. À partir du 4 avril, tous les patients se sont fait dépister systématiquement», fait savoir Mme Boisvert.

Soulignons d’ailleurs que M. Arruda a salué tout le travail accompli de la part de l’équipe de la santé publique régionale de même que l’initiative des cliniques mobiles, dont celle de la MRC de Drummond, qui a permis de réaliser plus de 700 dépistages.

Aux dires de Mme Boisvert, la situation survenue en Mauricie versus celle vécue au Centre-du-Québec n’est qu’un «concours de circonstances».

«Si le cas du 22 mars avait été déclaré dans l’un des CHSLD du Centre-du-Québec, malheureusement on aurait vécu la même chose. Je peux par contre dire qu’aujourd’hui, les réflexes sont là et nos connaissances sont plus grandes, alors on est davantage prêt à y faire face. Je prends juste l’exemple de la dernière éclosion qui est survenue le 24 avril, toujours en Mauricie : on voit que le taux d’attaque [du virus] est moins élevé. Malheureusement, il y a trop de patients encore qui le contractent, mais on voit que nos mesures fonctionnent», fait-elle valoir.

Le président-directeur général du CIUSSS MCQ, Carol Fillion, a indiqué lors de la conférence de presse concernant le bilan, qu’une enquête est en cours dans le but de faire mieux advenant une deuxième vague.

«Il faut admettre que la propagation rapide [du virus] nous a confrontés à la vulnérabilité du réseau de la santé et des services sociaux. Tout au cours des derniers mois, nous avons évalué nos actions de façon continue afin de nous ajuster et de s’améliorer, de faire mieux, toujours mieux, un jour après l’autre. Nous effectuons présentement une enquête afin d’aller encore plus loin dans l’évaluation de nos façons de faire et de nous assurer que nos apprentissages nous permettront d’être prêt à réagir encore plus promptement dans l’avenir».

Formation et mobilité des employés

Par ailleurs, durant les prochaines semaines, le personnel des centres d’hébergement recevra la formation «Comment agir en temps de crise».

«On l’a vu, les gens sont moins habilités à gérer les crises», laisse entendre Mme Boisvert, qui ne jette pas le blâme sur quiconque et voit la situation des derniers mois comme un apprentissage.

Elle concède que la mobilité du personnel a été un problème majeur complexifié par le contexte de la pénurie de main-d’œuvre.

«C’est quelque chose qu’il faut absolument stopper. On s’est doté d’un plan très détaillé qui nous permet de savoir, par exemple, qui fait quoi quand il manque telle personne», affirme-telle, tout en admettant que cet exercice aurait dû être fait bien avant.

Soulignons que les 90 nouveaux préposés aux bénéficiaires suivant actuellement la formation express offerte par le gouvernement débuteront leur stage dans les CHSLD de la MRC de Drummond le 28 juillet.

«Ce nombre était inespéré! Ça réduira la mobilité à son plus bas niveau tout en stabilisant les équipes», se réjouit Mme Boisvert.

Enfin, nombreuses sont les personnes qui ont répondu à l’appel via le site jecontribue. Sur tout le territoire du CIUSSS MCQ, elles ont été plus de 1000 à intégrer un poste. La PDG adjointe espère que plusieurs d’entre elles souhaiteront continuer à prêter main-forte pour longtemps, tout comme deux nouvelles employées rencontrées récemment à Marguerite-D’Youville.

«L’une d’elles m’a dit qu’elle était tombée en amour avec le métier et veut rester ici pour toute sa carrière», expose-t-elle en terminant.

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