Suspect numéro un : l’histoire vraie du Drummondvillois Alain Olivier

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Par Emmanuelle LeBlond
Suspect numéro un : l’histoire vraie du Drummondvillois Alain Olivier
Daniel Roby, le réalisateur de Suspect numéro un, et Alain Olivier, l'homme dont il est question dans le film, étaient de passage au Capitol de Drummondville. (Photo : Emmanuelle LeBlond)

CINÉMA. Derrière le film Suspect numéro un, il se cache l’histoire d’Alain Olivier, un homme qui a croupi en prison pendant huit ans en Thaïlande après avoir été piégé par une opération de la GRC. Le Drummondvillois accueille l’arrivée du long métrage avec réjouissance, puisqu’enfin son récit aura la visibilité espérée.

«J’ai été chanceux parce que j’ai croisé le chemin de Daniel [Roby, le réalisateur]. Ça a donné la chance de ramener cette histoire-là sous les projecteurs, d’une façon encore plus fracassante. Ça va titiller l’intérêt des gens. Les gens vont se poser des questions», soutient Alain Olivier.

«[Mon histoire] touche directement nos droits. Ça touche la liberté de la presse et la sécurité de notre vie. En plus, c’est arrivé ici au Canada. Les Canadiens sont contre la peine de mort et l’argent des contribuables a été utilisé pour financer une opération comme ça. C’est là que ça ne fait pas de sens», ajoute-t-il.

Antoine Olivier Pilon incarne Alain Olivier, sous le nom de Daniel Léger. (Photo: gracieuseté)

Rappelons que l’affaire Alain Olivier remonte à la fin des années 80. L’homme de 27 ans, qui était accro à l’héroïne, devient la cible de la GRC qui croit qu’il est un important trafiquant. Ciblé par une opération policière de type Mr Big, Alain Olivier est amené en Thaïlande. Les policiers espèrent le coincer en flagrant délit, question de démanteler un réseau. L’opération tourne au vinaigre et Alain Olivier est incarcéré en prison, condamné à mort. Huit ans plus tard, le Drummondvillois sera libéré grâce au travail chevronné du journaliste Torontois Victor Malarek.

En 2006, Daniel Roby a tout de suite été interpellé par l’affaire, à la lecture d’un article de Pierre Foglia dans La Presse. Le réalisateur a été choqué d’apprendre que la provocation policière est une pratique utilisée au Canada. «Des agents vont entraîner un citoyen à commettre un geste illégal. Le citoyen n’aurait jamais commis ces actes dans d’autres circonstances. C’est la police qui organise tout, explique Daniel Roby. C’est sûr que c’est venu me chercher.»

D’ailleurs, le dévouement journalistique de Victor Malarek a aussi suscité l’intérêt du réalisateur. «L’histoire d’Alain Olivier met en relief l’importance du journalisme d’enquête. Sans l’intervention de Victor Malarek, un citoyen canadien serait mort. Il a protégé un citoyen qui a été balayé en dessous du tapis par une équipe de la police fédérale», indique Daniel Roby.

«Quand j’ai vu tout ça, je me suis dit que c’était important que les autres citoyens canadiens prennent conscience de ce récit.»

La quête du réalisme

Un an et demi a été nécessaire afin de finaliser les recherches pour le film. «J’ai rencontré Alain Olivier et Victor Malarek pour les interviewer. Après, je suis allé en Thaïlande pendant deux mois pour aller voir les vrais lieux où ça s’est déroulé. J’ai rencontré aussi le général de la police thaï pour poser des questions. J’ai pu observer comment ça se faisait en Thaïlande», témoigne le réalisateur.

Josh Hartnett a interprété le rôle du journaliste Victor Malarek. (Photo: gracieuseté)

La collaboration d’Alain Olivier était essentielle. «C’était important qu’il me donne le plus de détails possible pour que je puisse créer un portrait le plus réaliste, explique Daniel Roby. Par exemple, j’avais décidé de faire juste une entrevue sur le quotidien de la prison en Thaïlande. On partait du matin jusqu’au soir.»

Le Drummondvillois a d’ailleurs adoré faire partie intégrante du projet. «J’ai eu la chance d’être là pour le tournage tous les jours, sauf en Thaïlande. Ça m’a permis d’accompagner l’équipe qui était là. S’il y avait besoin d’une information, je pouvais les aider», raconte-t-il.

L’étape la plus émouvante a été, sans contredit, le visionnement final du long métrage. «Les larmes sont venues à mes yeux à quelques reprises. Il y a des moments qui sont venus me chercher, comme quand j’ai vu Antoine [Olivier Pilon] avec les chaînes aux pieds. Voir les images de la prison là-bas… Les souvenirs reviennent. Avec les acteurs et la musique, c’est captivant. Émotionnellement, c’est une montagne russe du début à la fin», confie-t-il.

Alain Olivier a été époustouflé par les performances d’Antoine Olivier Pilon, le personnage principal, et Josh Hartnett, dans le rôle de Victor Malarek.

Au final, le Drummondvillois est plus que satisfait du résultat et il se dit heureux du succès que le film connaît jusqu’à présent.

Précisons que Daniel Roby et Alain Olivier étaient de passage au Capitol dans le cadre d’une rencontre avec le public au Capitol de Drummondville, samedi soir.

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