Quand les animaux se déconfinent

Michael Deetjens
Quand les animaux se déconfinent
Le raton laveur a dû faire preuve de débrouillardise. (Photo : (Deposit Photo))

MAGAZINE. Pandémie de COVID-19 oblige, le Québec se confine. Du jour au lendemain, les rues et les parcs sont quasi déserts. Le chant des oiseaux remplace le bruit des automobiles et des animaux sauvages explorent des espaces urbains maintenant abandonnés. Regard sur l’impact du confinement sur nos amis à fourrure et à plumes.

En période de confinement, nombreux citoyens affirment avoir observé beaucoup plus d’espèces animales qu’à l’habitude. Pour plusieurs, c’est la preuve que la nature reprend ses droits. Pour Émilie Paris-Jodoin, biologiste au Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec (CRECQ), il faut cependant être prudent avant de tirer certaines conclusions. «Les gens ont mis un frein à leurs activités quotidiennes et par conséquent, ils avaient plus de temps pour observer leur environnement».

La diminution des activités humaines a toutefois un impact réel sur la nature. «Des espèces qui se faisaient plus discrètes se sont montrées plus visibles en l’absence de l’humain», informe la biologiste. Sans être plus nombreux, les animaux seraient tout simplement moins timides et donc plus visibles.

La cause de cette gêne est simple. Pour la majorité des animaux, «l’humain est considéré comme un prédateur», explique Émilie Paris-Jodoin. Normal que plusieurs espèces aient bien accueilli son absence soudaine et prolongée.

Les tortues font partie des grandes gagnantes du confinement. La réduction de la circulation automobile a probablement sauvé plusieurs spécimens. «Les collisions avec des véhicules font partie des principales causes de mortalité pour les tortues dans la région», précise la biologiste. Les femelles ainsi épargnées pourront donc pondre leurs œufs et ainsi contribuer au maintien des populations.

Les oiseaux migrateurs ont eu l’embarras du choix ce printemps lorsqu’est venu le temps de choisir un lieu de nidification. La plupart aiment faire leur nid au même endroit chaque année. Cependant, certains jeunes «nés à l’étranger» pendant l’hiver et ne bénéficiant pas de l’expérience de leurs congénères ont parfois opté pour des lieux inusités.

Le bonheur des uns fait le malheur des autres. Le raton laveur par exemple a dû faire preuve de débrouillardise, lui qui aime tant se fier sur les victuailles laissées par l’humain dans les parcs et espaces publics.

Est-ce que les effets du confinement sur la faune seront observables dans le futur? Émilie Paris-Jodoin est sceptique : «il a pu donner un coup de pouce à la faune, mais le changement ne sera pas à long terme», affirme-t-elle.

Une bonne vieille forêt

Pour une majorité d’espèces, rien ne remplace une forêt naturelle. Elles offrent nourriture, protection et espace suffisant à une plus grande diversité d’espèces. À ce sujet, la Fondation David Suzuki affirme que «les écosystèmes très abîmés ou très pollués abritent beaucoup moins de types de plantes et d’animaux que les environnements naturels».

À Drummondville, nous avons un bel exemple d’un espace naturel de ce type avec la Forêt Drummond. «Il s’agit d’une forêt d’une assez grande superficie et qui possède une grande diversité d’habitats», explique Émilie Paris-Jodoin. Elle poursuit en saluant tous les efforts visant à augmenter le couvert forestier dans la ville. «Même si cela n’offre pas un habitat aussi complet qu’une forêt naturelle, chaque arbre offre tout de même un habitat pour les oiseaux et les insectes, conclut-elle.

La tortue serpentine de Lukovick Côté. (Photo gracieuseté, Marie-Josée Lebel)

Impressionnante tortue serpentine!

Un bel exemple du fait que certaines espèces ont été un peu plus visibles durant la période de confinement est la découverte du jeune Ludovick Côté, de Drummondville.

Le 10 juin dernier, vers les 18h30, en allant faire une randonnée sur la plage du Club de voile de Drummondville, il a aperçu une impressionnante tortue serpentine. Sachant que cette espèce n’est pas trop sociable, il s’est approché d’elle par-derrière, en prenant soin de capter ce mémorable moment.

 

 

 

 

Partager cet article