Un bilan de gestion au lieu d’un bilan de session pour André Lamontagne

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Par Jean-Pierre Boisvert
Un bilan de gestion au lieu d’un bilan de session pour André Lamontagne
Une trentaine de personnes du Comité de réflexion et de priorisation régionale pour la relance économique se sont réunies au Centrexpo le 3 juillet en respectant les consignes de distanciation physique. (Photo : Gracieuseté)

POLITIQUE. Le bilan de session, auquel se prêtent habituellement les députés au terme des travaux de l’Assemblée nationale, s’est plutôt transformé en un bilan de gestion de crise lorsque L’Express a rencontré lundi le ministre André Lamontagne, député de Johnson.

Au-delà de la sémantique qualifiant ce bilan, le travail des élus, depuis la fameuse date du 13 mars 2020, a été tout sauf habituel, à commencer par le mode obligé du télétravail, à l’instar de la majorité des Québécois.

«On n’a jamais arrêté, c’était sept jours sur sept, souvent jusqu’à tard le soir», résume-t-il d’entrée de jeu.

Comme ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), André Lamontagne a dû mettre en vitesse supérieure une machine complexe pour combattre le coronavirus qui menaçait de contaminer plusieurs secteurs directement liés à ce dont la population a besoin pour se nourrir. Quand même pas un détail dans la guerre sanitaire que s’apprêtait à livrer le gouvernement Legault.

André Lamontagne

«Trois jours après le début, une cellule de crise était mise sur pied et opérationnelle avec les représentants de neuf secteurs d’activité concernés par mon ministère; les fermes, les abattoirs, les marchés publics, les usines de transformation, les détaillants, même les camionneurs avaient leur porte-parole. À 9h30, tous les jours, tout le monde était en ligne. Il était crucial de connaître les problèmes de chacun et faire le suivi de nos décisions qui ont eu besoin souvent d’être bonifiées», a-t-il reconnu, rappelant la fameuse métaphore qu’on est «en train de construire un avion en vol».

Selon lui, les communications ont été un élément majeur durant ce branle-bas de combat historique.

«Chaque semaine, on avait un ou deux conseils des ministres et deux caucus avec tous les députés, question de prendre le pouls des quatre coins du Québec. Le jeudi matin, à 8 heures, j’assistais à une réunion du comité régional du Centre-du-Québec impliquant mon collègue Sébastien Schneeberger, les maires, les préfets, des délégués des ministères des Affaires municipales, de l’Économie, de la Culture, du MAPAQ et du CIUSSS. Je participais également à une rencontre (virtuelle) avec les autres ministres des provinces, avec la ministre fédérale Marie-Claude Bibeau (de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire) ainsi qu’avec la ministre (Bernadette) Jordan (ministre des Pêches, des Océans et de la Garde côtière canadienne). C’était important de savoir ce qu’ils faisaient de leur côté. La communication était essentielle».

Une rare réunion de personnes a eu lieu le 3 juillet quand une trentaine de membres du Comité de réflexion et de priorisation régionale pour la relance économique se sont rassemblées au Centrexpo en respectant bien sûr les consignes de distanciation physique.

André Lamontagne et son équipe ont eu à gérer, avec d’autres ministères, la problématique des travailleurs étrangers, temporaires mais non moins essentiels. «Au début, rappelons-nous, le Mexique et le Guatemala, comme le Canada, ont fermé leurs frontières. On s’est dit : ben coudon, ça se peut qu’il n’y ait aucun travailleur étranger ici cet été. Ce qui aurait été une tragédie. Tout le monde a poussé fort et finalement, au moment où l’on se parle, je dirais que de 80 à 85 % des travailleurs attendus sont arrivés. Il a fallu établir des protocoles sanitaires approuvés par la Santé publique et des guides qui ont été mis au point par la CNESST (Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail). Le Québec a été un leader à ce propos et il a été copié par d’autres provinces».

Il reste que l’homme politique, que rien n’avait préparé à vivre une telle pandémie, dit avoir appris beaucoup de cet exercice exceptionnel. «On a dû fermer le breaker de l’économie du jour au lendemain. Il y aura un post-mortem de tout ça afin d’être en avance quand surviendra la deuxième vague. J’ai constaté que les Québécois sont des gens solidaires. Mais ce n’est pas fini. Nous sommes encore en train de vivre cette pandémie. Il faut rester vigilant et surtout il ne faut pas lâcher», de mettre en évidence André Lamontagne.

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