La solidarité n’a pas de couleur

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Par Marilyne Demers
La solidarité n’a pas de couleur
Ngarsekaren Mbaitingar. (Photo : Ghyslain Bergeron)

SANTÉ. Ngarsekaren Mbaitingar est en vacances pour quelques semaines. Des vacances qui sont, certes, bien méritées.

Ngarsekaren Mbaitingar travaille comme aide de service à l’hôpital Sainte-Croix, à Drummondville. Il porte l’uniforme depuis près d’un an et l’équipement de protection depuis la mi-mars.

Ngarsekaren Mbaitingar est originaire du Tchad, en Afrique centrale. Dans son pays natal, il était fonctionnaire. Il lui arrivait toutefois de mettre les pieds au centre hospitalier afin de contribuer. «Là-bas, je rendais service quand il y avait des épidémies. Il faut venir en aide pour sauver les gens», raconte-t-il.

«Nous, les Africains, on dit que quand tu jettes par-derrière, ça tombe devant toi. Ça veut dire que quand tu fais du bien, peut-être que demain tu vas retrouver ce que tu as fait de bien. Ça va se retrouver devant toi un jour. Les Africains, on a cette pensée-là. La discrimination, ça ne nous connait pas», poursuit-il.

Les CHSLD et les résidences privées pour aînés ont été gravement touchés par la première vague pandémique, qui s’est depuis peu estompée. À l’hôpital Sainte-Croix, Ngarsekaren Mbaitingar a vu des aînés infectés par le virus. «Quand je vois des personnes malades, des personnes vieilles, ça me fait mal au cœur. Ils ont toujours besoin de quelqu’un. Il faut être là pour eux, pour les aider», soutient-il.

Tantôt aide de service, tantôt préposé aux bénéficiaires, parfois parenté, il a pris soin d’eux. «Quand mon père est mort, je n’étais pas à ses côtés. Quand je suis avec des malades, j’essaie de compenser ce que j’ai raté. Les personnes âgées, je les considère comme mes parents. C’est une dette morale», confie-t-il.

Ngarsekaren Mbaitingar et d’autres membres de l’unité COVID-19 à l’hôpital Sainte-Croix. (Photo: Gracieuseté)

L’hôpital Sainte-Croix a mis en place une unité COVID-19, qui est actuellement fermée. Durant le mois qu’elle a été ouverte, six patients y ont été soignés et un décès est survenu.

Une équipe a été attitrée à cette unité mise en place pour accueillir des usagers atteints de la COVID-19 et éviter leur transfert vers un autre centre hospitalier, à l’extérieur de la région.

Ngarsekaren Mbaitingar a été parmi les employés qui ont accepté d’y travailler. «Si tu as peur, qui va faire ce travail? Qui va aider ces patients qui ont besoin de soutien? Moi, je n’ai pas hésité», indique-t-il. Il a subi trois tests de dépistage pour la COVID-19. Tous se sont avérés négatifs.

Advenant une potentielle deuxième vague, Ngarsekaren Mbaitingar sera prêt. Il sera au front. «Travailler dans la santé, c’est un boulot noble», dit-il.

Vocation
Pelagie Achi Chi Kacou travaille comme aide de service au CHSLD Frederick-George-Heriot depuis un an. Ou plutôt, elle travaillait comme aide de service. Durant la crise de la COVID-19, elle a réalisé une formation de préposée aux bénéficiaires.

Pelagie Achi Chi Kacou. (Photo: Ghyslain Bergeron)

«Pour moi, c’est une passion. Quand je vais travailler, j’ai hâte de retrouver ces personnes dont je m’occupe. Je me mets à leur place, je ne veux pas qu’il leur manque quelque chose. Quand je vois une personne anxieuse, j’essaie de la faire sourire. C’est vraiment un plaisir de m’occuper d’eux», indique-t-elle.

Durant la pandémie, sa présence auprès des aînés était d’autant plus importante, alors que les visites et les sorties étaient interdites. «Ils n’arrivaient pas à voir leurs proches, c’est avec nous qu’ils étaient. On jasait avec eux, on essayait de leur apporter de la joie au cœur», raconte la préposée aux bénéficiaires.

Lorsqu’elle vivait en Côte d’Ivoire, Pelagie Achi Chi Kacou travaillait aussi dans le domaine de la santé. «J’aime beaucoup aider les autres. Ça me fait plaisir. Je me dis que j’ai accompli une bonne chose dans ma vie», mentionne-t-elle.

Pelagie Achi Chi Kacou vit au Canada depuis un an et demi. Après avoir passé quelques mois en Alberta, elle s’est installée à Drummondville avec son mari et ses quatre enfants. «On est venu au Canada parce qu’on voulait que nos enfants puissent avoir de meilleures études, qu’ils puissent aller dans les meilleures universités», fait savoir la femme de 36 ans.

Ils ne sont pas les seuls qui iront sur les bancs d’école. Pelagie Achi Chi Kacou débutera une formation pour devenir infirmière auxiliaire en août. Étant à l’emploi du CIUSSS de la Mauricie-Centre-du-Québec, elle pourra travailler en CHSLD ou en centre hospitalier et suivre sa vocation.

Au cours des derniers mois, les travailleurs de la santé, dont Ngarsekaren Mbaitingar et Pelagie Achi Chi Kacou, ont mis la main à la pâte pour aider la communauté drummondvilloise à traverser la crise. Qu’importe la couleur de la peau, tous se sont montrés solidaires dans ce même combat contre le coronavirus.

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