Martin Champoux : «On a livré la marchandise»

Martin Champoux : «On a livré la marchandise»
Martin Champoux. (Photo : Jonathan Habashi )

POLITIQUE. De la crise du blocus ferroviaire à la pandémie de coronavirus, les premiers pas de Martin Champoux sur la scène politique fédérale auront été remplis de rebondissements. Dans ce contexte, le député de Drummond dresse un bilan positif du travail accompli par son équipe et lui-même tant sur la colline parlementaire que dans sa circonscription.

Se réjouissant du retour en force du Bloc québécois dans Drummond, Martin Champoux estime que son parti a mené d’importantes batailles pour le Québec et a eu un impact considérable dans plusieurs dossiers. Aux yeux du politicien de 52 ans, de nombreuses propositions du parti d’Yves-François Blanchet auront influencé positivement les actions du gouvernement libéral.

«C’est un début de mandat absolument inhabituel. On est arrivé dans la tourmente. Ce fut crise par-dessus crise. Malgré tout ça, on a fait des choses dont on peut être fiers. On a livré la marchandise qu’on avait promis de livrer. On est arrivé à Ottawa avec une attitude de collaboration», a-t-il affirmé dans une entrevue accordée à L’Express dans son bureau de la rue Marchand, là où son prédécesseur néo-démocrate François Choquette était installé depuis quelques années.

Martin Champoux. (Photo gracieuseté)

Selon Martin Champoux, cette façon de faire des bloquistes aura été payante à plusieurs niveaux, notamment en ce qui concerne la défense du secteur agroalimentaire québécois.

«Les agriculteurs et les producteurs laitiers du Québec ont été brimés dans la négociation de l’accord de libre-échange. On a tenu notre bout là-dessus, ce qui a eu un effet d’entraînement. Ça a fait en sorte que le gouvernement a bougé plus vite. Au bout du compte, ce sont les agriculteurs qui en sortent gagnants, même si ce n’est pas justice totale», a souligné le député recrue.

«À la prochaine rentrée parlementaire, on veut d’ailleurs faire passer une loi pour que les prochains gouvernements ne puissent plus rouvrir la gestion de l’offre dans le cadre des négociations de traités internationaux», a-t-il ajouté.

Martin Champoux a également souligné les gains acquis dans le domaine de l’aluminium. «L’aluminium québécois n’était pas protégé dans cet accord-là. C’est une industrie de plusieurs milliards qui s’en allait dans le gouffre. On a quand même fait bouger le gouvernement américain. Et on n’a pas fait ces gains-là en se donnant des claques dans la face, mais par le biais de négociations cordiales et constructives.»

En contrepartie, d’autres dossiers importants n’ont pas avancé assez vite au goût du député indépendantiste. La question de l’internet haute vitesse, dont l’accessibilité est encore très inégale dans la région drummondvilloise, en fait partie.

«On l’a vécu pendant le confinement. Il y a des gens à L’Avenir, à Saint-Lucien ou à Sainte-Brigitte qui n’ont pas pu étudier à distance ou travailler de la maison. C’est comme l’électricité en 1920 : c’est devenu un service essentiel. On a sonné l’alarme rapidement là-dessus. C’est une urgence de brancher les régions le plus rapidement possible, pas dans cinq ou huit ans», a fait valoir le vice-président du comité permanent du patrimoine canadien.

«La relance économique va passer par un accès à internet et à une téléphonie cellulaire décente partout, pour tout le monde. C’est mon cheval de bataille principal. On travaille fort là-dessus. On propose des solutions au gouvernement, comme rapatrier le plus de pouvoirs décisionnels à Québec, qui a une meilleure idée des priorités dans ce dossier», a-t-il poursuivi, en se disant convaincu que des annonces positives seront faites en ce sens prochainement.

Adapter les mesures d’aide

Appelé à commenter la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement de Justin Trudeau, Martin Champoux s’est montré bon joueur. «C’est toujours facile de critiquer et de juger après coup. On sait qu’ils ont réagi un peu tard, notamment pour fermer les frontières. Mais quand est venu le temps de venir en aide aux gens, ils ont été rapides. Personne ne peut leur reprocher ça. On a d’ailleurs travaillé fort avec eux, sans couleur partisane, pour que ces programmes d’aide s’adaptent rapidement.»

«On a eu une belle collaboration du gouvernement, mais ça s’est arrêté dans les dernières semaines, a-t-il ajouté. J’ai l’impression que la politique est un peu revenue dans cette portion-là de la crise.»

Aux dires de Martin Champoux, il est maintenant temps d’adapter la prestation canadienne d’urgence et la subvention salariale. «Si on ne module pas ces mesures d’aide, on s’en va dans le mur. Un étudiant qui reçoit sa prestation n’a pas nécessairement le goût d’aller travailler cet été. Il faut adapter ces mesures en fonction du moment où on est, mais présentement, ça ne se fait pas. C’est désolant.»

L’ex-animateur de télévision a donné l’exemple d’une entreprise de transport de la région qui a de la difficulté à embaucher des employés de maintenance. «Ils doivent entretenir leurs camions avant de les mettre sur la route. Ça ne peut pas se faire si on continue de donner des chèques sans incitatifs.»

En ce qui concerne la gestion de la pandémie par le gouvernement québécois, le député du Bloc a salué le leadership de François Legault. «Dans une crise, il est important que les leaders se dressent, que quelqu’un nous rassure, à la manière d’un père ou une mère de famille. Québec a très bien fait ça. Ils se sont généralement bien adaptés. Les terrasses et les bars auraient pu ouvrir plus vite, le secteur du tourisme aussi, mais il fallait y aller avec prudence. Les décisions ne pouvaient pas faire l’unanimité», a-t-il fait valoir, en donnant l’exemple du Village québécois d’antan, qui aura dû attendre la dernière phase du déconfinement.

Tournée estivale

Martin Champoux s’est dit particulièrement fier du travail accompli dans la communauté pendant la crise des derniers mois. Disponibles sept jours sur sept, les membres de son équipe et lui-même sont venus en aide à des centaines de personnes, d’entreprises et d’organismes vivant des inquiétudes en lien avec l’assurance-emploi, les programmes d’aide ou l’immigration. Plus de 200 voyageurs coincés à l’étranger ont aussi été accompagnés.

Le bureau du député Martin Champoux est situé au 150, rue Marchand. (Photo gracieuseté)

Au cours des prochaines semaines, Martin Champoux entamera une tournée estivale des municipalités de la région afin de prendre le pouls des maires et des citoyens.

«Mon désir premier en étant élu, c’était d’être présent pour les citoyens. On va donc se promener partout, ce qu’on n’a pas pu faire en raison de la COVID. On veut que les gens nous parlent d’eux. Ça va faire du bien de les rencontrer, même à deux mètres, mais je m’ennuie de donner une bonne poignée de main. C’est peut-être cliché, mais c’est comme ça qu’on prend contact avec les gens.»

Celui qui a récolté 45 % du suffrage lors de l’élection du 21 octobre dernier a déjà le couteau entre les dents en vue de la prochaine session parlementaire. Il compte notamment s’attaquer au fameux dossier de la taxation et des redevances des géants du web.

«Utiliser le contenu créé par quelqu’un d’autre et faire des milliards de profits sans payer une cenne de redevances, c’est carrément du vol. Ce n’est pas logique. Je vais continuer de talonner le ministre Steven Guilbeault là-dessus. S’il sort un projet de loi juste pour les créateurs de contenu, il aura alors ma totale collaboration», a conclu Martin Champoux.

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