«Les anges gardiens sont pas mal plus essentiels que des petits cadres» – Pascal Bastarache

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Par Cynthia Martel
«Les anges gardiens sont pas mal plus essentiels que des petits cadres» – Pascal Bastarache
À l'avant-plan, Pascal Bastarache, président du Syndicat du personnel paratechnique, des services auxiliaires et des métiers. (Photo : Ghyslain Bergeron)

SANTÉ. Des préposés aux bénéficiaires du Centre Frederick-George-Heriot dénoncent le double discours du premier ministre François Legault qui, d’un côté, les surnomment «les anges gardiens» et de l’autre, dépose un arrêté ministériel brimant leurs conditions de travail.

«Nous trouvons complètement inacceptable que M. Legault nous remercie en conférence de presse et, du même souffle, monsieur fait des modifications à la loi et impose un arrêté ministériel», a d’abord lancé Pascal Bastarache, président du Syndicat du personnel paratechnique, des services auxiliaires et des métiers, lors d’une manifestation tenue mercredi, devant le Centre Frederick-George-Heriot et réunissant une trentaine de préposés.

(Photo – Ghyslain Bergeron)

À ses dires, cet arrêté ministériel permet aux gestionnaires d’obliger les employés à travailler à temps complet, de refuser les congés fériés et possiblement d’annuler des vacances déjà autorisées.

«Quelqu’un déjà épuisé et qui avait décidé pour sa santé ou sa vie familiale de travailler trois ou quatre jours semaine, bien en vertu de l’arrêté, il est dans l’obligation de travailler temps plein et bien souvent, 12 heures consécutives et faire du temps supplémentaire. Cela prévoit aussi l’imposition d’amendes allant de 1000 $ à 6000 $ aux personnes qui refusent de le faire. En ce qui a trait aux vacances, j’ai un cas en tête d’un membre à qui c’est arrivé dernièrement : à moins de 24 heures de préavis, on l’a obligé d’annuler ses vacances pour rentrer travailler pour qu’au final, on se retrouve avec un surplus de personnel toute la semaine», déplore-t-il.

M. Bastarache saisit encore moins bien le fait que les gestionnaires au CHSLD de Drummondville l’utilisent alors qu’il n’y a pas de cas déclaré de COVID-19 dans cet établissement.

«J’ai un message spécial aux gestionnaires : je trouve ça extrêmement aberrant ce qu’ils font, soit d’utiliser l’arrêté ministériel. On va se le dire, en 2020, les anges gardiens sont pas mal plus essentiels que des petits cadres», clame-t-il.

Valérie Lupien (à droite) est préposée aux bénéficiaires depuis 19 ans à Frederick-George-Heriot. (Photo Ghyslain Bergeron)

Valérie Lupien, préposée aux bénéficiaires depuis 19 ans à Frederick-George-Heriot, tient le même discours : «L’employeur utilise l’arrêté ministériel à qui mieux mieux, malgré le fait qu’il n’y a pas de cas de COVID ici et même si on est en surplus de structure (personnel), parfois trois ou quatre personnes en trop. Et malgré ce surplus, on se retrouve à se faire refuser nos fériés qu’on avait en banque. Ça crée des mécontentements. Certains ont jusqu’à cinq fériés en banque. On en a besoin pour se reposer».

«S’il y avait des cas de COVID, tout le monde accepterait de mettre la main à la pâte et participerait sans broncher. Mais dans le contexte où tout va bien, c’est encore pour venir écoeurer les salariés sur des mesures qui n’auraient pas besoin d’être utilisées. Pourquoi épuiser les troupes quand dans les faits, ce n’est pas nécessaire?», soutient-elle.

Équité salariale

Pascal Bastarache a également profité de la manifestation pour rappeler que des plaintes d’équité salariale, déposées en 2010 et 2015 par les auxiliaires aux services de santé et sociaux, les préposés aux bénéficiaires et les assistantes techniques seniors en pharmacie, sont toujours en suspend.

«On mérite des conditions de travail acceptables. L’équité salariale, c’est une loi. Une loi que les gouvernements ne veulent pas respecter. Une loi qui prévoit que ces types d’emplois – occupés majoritairement par des femmes – soient payés à salaire égal aux types d’emplois à prédominance masculine et d’équivalence égale.

(Photo – Ghyslain Bergeron)

En Mauricie-Centre-du-Québec, on ne lâchera pas et on va être dans la rue jusqu’à temps qu’il (premier ministre) bouge et agisse pour tout le monde!», déclare-t-il sous un tonnerre de cris et d’applaudissements.

«Et on veut des négociations à la table et non devant les caméras. On ne veut pas attendre la conférence de presse du jour pour savoir ce que M. Legault veut nous offrir», renchérit Marie-Line Séguin, vice-présidente régionale de la Fédération de la santé et des services sociaux CSN.

Le Syndicat du personnel paratechnique, des services auxiliaires et des métiers compte 5800 membres en Mauricie et au Centre-du-Québec. Des manifestations se tiennent un peu partout sur le territoire depuis lundi.

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