Des campings transformés

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Par Cynthia Martel
Des campings transformés
Une partie des terrains au Camping Au Soleil levant à Saint-Eugène. (Photo : Photo d'archives - Ghyslain Bergeron)

CORONAVIRUS. Si le camping sera bien différent de ce que nous connaissions avant la pandémie de la COVID-19, il permettra néanmoins à bien des Québécois de décrocher de leur routine. Et les propriétaires de camping de la MRC de Drummond sont fin prêts à y contribuer dès lundi.

Cette annonce était attendue depuis des semaines. Michelle Genest, copropriétaire du Camping Lac aux bouleaux à Saint-Félix-de-Kingsey, s’attend d’ailleurs à ce que nombre de saisonniers arrivent dès 8 h, lundi matin.

«Les Québécois, ce sont de grands campeurs et ça leur faisait peur de rester à la maison tout l’été. C’est une très bonne nouvelle! On a également beaucoup de réservations pour le week-end du 6 et 7 juin, même si ce n’est pas la folie furieuse.»

Même chose du côté du Camping Au Soleil Levant à Saint-Eugène : la plupart des saisonniers retrouveront leur terrain et plusieurs voyageurs ont déjà réservé leur séjour.

S’ils se préparaient depuis quelques semaines à une réouverture, les copropriétaires du Camping Lac aux bouleaux auraient tout de même préféré le savoir un peu plus à l’avance, les délais de poste les empêchant d’avoir accès à certains équipements.

«Nous n’avons pas nos visières ni nos machines Interac même si on avait demandé une livraison urgente», précise Mme Genest.

Comme dans tout endroit public, une série de mesures sanitaires, d’aménagements et de normes doivent être respectés en conformité avec le guide de Camping Québec. Pastilles au sol indiquant la distanciation physique, plexiglas, gel désinfectant et visières ne sont que quelques exemples.

Au Camping des Voltigeurs, camping affilié à la Société des établissements de plein air du Québec (SÉPAQ), le paiement se fera sans contact, des distributeurs de produit désinfectant se trouveront un peu partout sur le site, à l’accueil, une personne sera chargée de la gestion des zones d’attente et de circulation et des panneaux d’affichage et de signalisation ont été ajoutés pour favoriser l’autonomie du visiteur, d’après un communiqué.

Au Lac aux bouleaux, les employés effectueront des rondes pour veiller à ce que les rassemblements ne dépassent pas dix personnes.

Afin de respecter la règle des deux mètres et les consignes sanitaires, plusieurs installations seront inaccessibles.

«La salle communautaire, les parcs de jeux, la piscine, la plage et les jeux d’eau seront fermés pour le moment», indique Mylène Aubry, propriétaire du Camping Au Soleil levant.

Du côté du Lac aux bouleaux, les vacanciers pourront se rafraîchir dans le lac et aux jeux d’eau dès le 20 juin

Partout, les cantines et restaurants seront fermés, seules les commandes pour emporter seront autorisées.

Concernant les blocs sanitaires, les accès varient d’une place à l’autre. Au camping des Voltigeurs, une limite de capacité sera imposée. Des plexiglas devraient aussi être installés entre les lavabos et les fontaines d’eau seront hors d’usage.

Les blocs sanitaires seront accessibles également du côté du Soleil levant, mais la propriétaire «encourage fortement» les saisonniers et les autres campeurs ayant une toilette et une douche dans leur roulotte de ne pas y aller.

Pour les premières semaines, les blocs sanitaires seront fermés au camping Lac aux bouleaux.

«Je vais être franche, ce n’est pas tout le monde qui respecte les consignes, donc je ne veux pas prendre de chance. De plus, je n’ai pas les ressources nécessaires pour désinfecter chacune des douches et toilettes chaque fois que quelqu’un y passe. Et dans les deux petits blocs, je n’ai pas d’eau chaude. Lors des réservations, j’avertis les gens et jusqu’à maintenant, ça ne pose pas de problème. Plus de 70 % de ma clientèle ont une toilette dans leur roulotte et plusieurs personnes qui viennent en tente m’ont dit qu’ils avaient acheté une toilette portative», explique Danielle Genest.

Évidemment, les rondes de désinfection seront bonifiées partout, une autre des consignes. Et entre les locations de roulottes et de chalets, 24 heures devront s’écouler.

Les propriétaires et leurs employés devront aussi faire preuve d’ingéniosité pour les activités afin d’éviter les attroupements.

Pour Mylène Aubry, ce ne sont pas les idées qui manquent : «On essaie de trouver une solution à tout. On va mettre de l’ambiance autrement, comme une chasse au trésor, une course à relais, une journée super héros, etc. Cela se fera dans le respect des consignes. À la Saint-Jean et pour le Noël du campeur, nous avions toujours de l’animation et un band. On fera différemment alors que le band se promènera dans les rues sur une carriole. Je ne suis pas inquiète, les gens vont revenir à la base du camping : profiter de la nature», énumère-t-elle, soulignant qu’il faut y aller au jour le jour.

L’écran de ciné-parc sera grandement sollicité du côté de Saint-Félix. «Sinon, je vous avoue que nous n’avons pas eu encore le temps de se pencher sur ce qu’on pourra organiser. On patauge un peu, une journée, on a une bonne idée et le lendemain, on se rend compte que ce ne l’était pas tant. On avait quand même un bottin d’activités rempli, on va en réviser, c’est certain», affirme Mme Genest.

Pertes

Évidemment, cette nouvelle façon de camper freine certains vacanciers. La pandémie a également retardé d’un mois la saison sans oublier qu’elle empêchera bon nombre de touristes à réserver un terrain.

«Actuellement, on a perdu quelques milliers de dollars, car habituellement, on ouvre le 8 mai et c’est très achalandé la fin de semaine des patriotes. Ce qui nous fera le plus mal, c’est le 24 juin et le 1er juillet. Il y a toutes les pertes aussi au niveau du bar, du resto et des activités annulées, telles que la danse et le bingo où les gens normalement sirotent une bière. Par contre, un côté positif que je remarque, c’est que les gens vont moins circuler, c’est-à-dire qu’ils restent plus longtemps et réservent pour quatre ou cinq jours minimum. Ça ne remplira pas le trou financier, mais ça aidera un peu.»

«Il y a des impacts financiers, c’est certain, mais pour le moment, je ne peux pas mettre un chiffre. J’ai eu des annulations de la part de saisonniers, mais je garde confiance car d’après moi, en juillet, ça va repartir», fait savoir Mme Aubry, en laissant savoir que la saison est repoussée au 30 septembre.

Somme toute, Mmes Aubry et Genest ne s’inquiètent pas trop. Elles sont tout simplement heureuses de pouvoir permettre aux vacanciers de renouer avec leur passion et se réunir autour du feu… à deux mètres de distance!

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