Davy Gallant et Martin Ruel se lancent dans la distillation artisanale

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Par Cynthia Martel
Davy Gallant et Martin Ruel se lancent dans la distillation artisanale
Davy Hay Gallant et Martin Ruel, propriétaires de la Distillerie du 29 octobre, devant leurs alambics à la Distillerie Noroi. (Photo : Gracieuseté)

ALCOOL. Le jour où Davy Hay Gallant a commencé à revaloriser le marc de raisin, il a écrit, sans le savoir, les premières lignes de sa nouvelle entreprise : Distillerie du 29 octobre, qu’il dirige avec Martin Ruel et Julie Chapdelaine.  

Propriétaire d’un vignoble privé depuis dix ans, Davy Gallant a commencé chez lui à apprendre tous les rouages de la distillation. Avec son petit alambic qu’il a déniché sur le web, il a réussi à distiller une eau-de-vie de raisin à partir de son marc.

«Un jour, Martin Ruel est venu chez moi. Je lui ai fait goûter l’eau-de-vie. Il est tombé sous le charme. Notre partenariat est ainsi né», se rappelle M. Gallant.

«Étant entrepreneur aguerri depuis des années, notamment dans le domaine de l’alimentation (IGA), Martin était tout désigné pour s’associer avec moi. On se connaît depuis des années et on se complète bien : moi, créatif et maître-distillateur – j’ai suivi une formation –  lui, bon en affaires. En plus, il est passionné d’œnologie. Il a d’ailleurs donné plusieurs conférences vinicoles et animé des soirées vins et fromages. Puis, sa femme, Julie Chapdelaine, s’est rapidement jointe à nous», explique-t-il.

Les partenaires ont donné le nom de Distillerie du 29 octobre à leur entreprise, les deux hommes étant nés cette date.

Il s’agit d’un investissement de 500 000 $. Depuis quelques mois, ils sont installés à la Distillerie Noroi de Saint-Hyacinthe.

Des alcools raffinés et rarissimes

Cette distillerie se spécialise dans les eaux-de-vie distillées à partir de concentrés de fruits – souvent bio – de même que les pastis.

«Les eaux-de-vie à partir de fruits sont très rares en Amérique, précise M. Gallant. On s’est donné un but très clair : assembler du jamais-produit au Québec de façon artisanale et en petite quantité. La proposition de vodkas et de gins québécois est vaste, mais nos eaux-de-vie et nos pastis (ainsi que nos autres alcools à venir) sont inédits et offerts dans des bouteilles au design fignolé».

L’entreprise se distingue aussi par sa certification kasher.

Depuis quatre semaines – et après de nombreuses embûches – un produit est atterri sur les tablettes de la Société des alcools du Québec (SAQ) : la SLIV, une eau-de-vie à base de prune qui rappelle la Slivovitz, un classique des pays de l’Europe de l’Est.

«Tout le monde qui y a goûté tripe dessus. C’est encourageant!».

Le Grappin (eau-de-vie de raisin) et la Potion 29 (pastis québécois) sont les prochains produits qui seront vendus.

«Nous avons fini d’embouteiller le Grappin mardi, donc il sera disponible sur les tablettes la semaine prochaine. Le pastis est prêt à être embouteillé, mais nous avons rencontré un problème avec les bouteilles. Elles ont pratiquement toutes des défauts. On attend les nouvelles», indique le maître-distillateur.

Le blocus ferroviaire de février dernier a causé du retard dans la mise en marché des produits. Maintenant, avec la pandémie, les entrepreneurs doivent user de créativité afin de créer des liens d’affaires partout sur la planète alors que 80 % de leurs alcools sont destinés à l’exportation.

«Le confinement ne nous a pas retardés en tant que tel dans la production, à part quelques questions de logistique avec nos fournisseurs. Par contre, avant la pandémie, plusieurs distributeurs aux États-Unis et en France avaient manifesté leurs intérêts. Comme on ne sait pas quand nous pourrons à nouveau voyager, il faut faire les contacts par téléphone ou visioconférence. Ça se passe quand même bien. Je ne sais pas aussi si c’est parce que les gens ont plus de temps, mais on a reçu aussi certains coups de fil. Maintenant, l’Espagne et l’Australie veulent aussi nos produits», explique M. Gallant sur un ton satisfait.

Celui-ci réalise en quelque sorte un rêve de jeunesse avec la mise en marché de ces produits.

«À 17 ans, quand j’étais dans Mackinaw, j’ai été en tournée en Hongrie où j’ai bu de la Palinka, un alcool à base de prune, la même chose que la Slivovitz. Ça m’est resté toute ma vie. Voilà que je me retrouve maintenant à produire la SLIV!», conclut-il fièrement.

 

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