TÉMOIGNAGE. Âgée de 18 ans, Émilie Chicoine a récemment commencé sa carrière de préposée aux bénéficiaires. Malgré tout l’amour qu’elle a pour son métier, elle ne peut s’empêcher de cultiver certaines craintes reliées au coronavirus. Le matin, quand son cadran sonne, la jeune femme est stressée à l’idée de travailler.
«Depuis le début de la crise, on parle beaucoup des adultes, mais personne ne parle des jeunes. Je suis préposée aux bénéficiaires et j’ai peur chaque fois que je rentre dans la résidence où je travaille. J’ai une crainte pour moi. Oui, ils disent que les jeunes sont moins à risque, mais on peut l’avoir quand même», explique-t-elle, avec émotion.
Émilie Chicoine précise qu’elle n’est pas la seule à vivre une telle situation, c’est aussi le cas de ses amis qui travaillent dans le milieu de la santé, de l’agroalimentaire et de la restauration. «Ceux qui travaillent dans les épiceries, ce n’est pas facile pour eux non plus. On est tous en danger et j’ai l’impression qu’on nous oublie», indique-t-elle.
Si la jeune femme a peur de contracter le virus, c’est parce qu’elle ne veut pas le transmettre à ses patients. Elle a tissé un lien particulier avec les aînés qu’elle côtoie, constituant une source de motivation sans précédent. «En trois mois, j’ai développé une affinité avec pas mal tout le monde. Tu as toujours un petit quelque chose envers quelqu’un. Quand je me lève, c’est vraiment pour eux parce qu’ils me donnent le sourire. Ils sont tous super gentils», soutient-elle.
Émilie Chicoine préfère prendre toutes les précautions nécessaires pour se protéger du coronavirus. «Si une de mes collègues ou moi ramenons ça dans la résidence, tout le monde y passe», mentionne-t-elle, d’un ton catégorique.
À contre-courant des stéréotypes
La préposée aux bénéficiaires prend la crise au sérieux. Elle souhaite se détacher de l’image préconçue que nous pouvons avoir envers les jeunes.
«Sur les réseaux sociaux, on voit beaucoup d’adolescents qui se rassemblent et qui ne font pas attention. Ce n’est pas parce qu’on est jeune qu’on n’écoute pas les consignes. La plupart d’entre nous respectent les règles de distanciation sociale et se lavent ses mains», rappelle-t-elle.
Question de limiter les risques, Émilie Chicoine sort de chez elle seulement pour aller travailler et faire son épicerie. Elle préfère prendre ses distances avec sa famille.
«Je ne fais pas de voyagement pour rien. Même si on est à deux mètres à l’extérieur, je ne veux pas prendre de chance parce que j’ai quand même un emploi. Je trouve ça long de ne pas les voir quand je suis habituée à les voir toutes les semaines», conclut-elle.