«Ma sœur était une personne extrêmement dévouée» – Virginie Ménard

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Par Lise Tremblay
«Ma sœur était une personne extrêmement dévouée» – Virginie Ménard
Laurence Ménard avait célébré son 33e anniversaire de naissance la semaine dernière. (Photo : Gracieuseté)

TÉMOIGNAGE. Trois heures du matin le lundi 4 mai. Le téléphone sonne. Virginie Ménard apprend le décès de sa grande sœur Laurence, une travailleuse sociale qui venait de célébrer son 33e anniversaire. Dans le cadre de son travail, elle a été en contact avec ce virus que tout le monde craint.

Jointe à son domicile mardi matin, Virginie Ménard retenait difficilement ses larmes. «C’était ma seule sœur. C’était ma plus grande confidente. C’était une personne extrêmement dévouée. Elle était toujours chez mes grands-parents pour les aider. En fait, elle aidait tout le monde. Elle était tellement à l’écoute. Tous les samedis, on avait l’habitude de déjeuner ensemble avec nos parents. On passait la matinée à parler. C’était la personne à qui je me confiais le plus», exprime Mme Ménard.

Laurence Ménard était mère monoparentale. Elle avait un petit garçon qui célébrera son 4e anniversaire la semaine prochaine.

Laurence Ménard était une mère monoparentale. La famille de la défunte a accepté que L’Express diffuse cette photo où on l’aperçoit avec son petit garçon. (Gracieuseté)

«C’était une femme extrêmement déterminée. Elle a eu son enfant seule. Ç’a en prend du guts ça! C’était une mère aimante», poursuit-elle.

La défunte travaillait au CLSC Drummond depuis quelques années déjà où elle oeuvrait à titre de travailleuse sociale. Elle était appréciée de ses pairs.

«Elle était très appréciée de sa clientèle. Elle faisait un bon travail», a confié à L’Express une collègue ébranlée.

«Je me souviens subitement des moments agréables que j’ai passés avec elle. Un après l’autre, mes souvenirs me confirment mon amour que j’avais pour cette femme courageuse. Je me rends compte aussi de l’injustice de la vie pour elle, son fils, sa famille et ses amis. Pleurer n’est pas mon truc, mais aujourd’hui je me permets de me laisser envahir par ma peine», a pour sa part publié sur son mur Facebook Jeremi Bousquet, aussi travailleur social.

Un programme d’aide aux employés a été mis sur pied. Au besoin, ils peuvent consulter des intervenants psychosociaux.

«Ma sœur avait un franc-parler. Ses collègues l’ont remarqué aussi! Elle ne passait pas par quatre chemins pour dire ce qu’elle avait à dire. Avec elle, tout le monde avait l’heure juste», ajoute Virginie Ménard.

Testée négative, mais…

Celle-ci a par ailleurs tenu à indiquer que Laurence, après avoir été en contact avec la COVID-19 dans l’exercice de ses fonctions, a subi un test de dépistage. Le 22 avril dernier, elle a reçu le résultat et il s’est avéré négatif.

«Je ne sais pas si le test était bon, poursuit Mme Ménard. Elle a commencé à avoir des symptômes vendredi (1er mai). Elle était très fatiguée et avait du mal à respirer. Dimanche après-midi, elle a été amenée en ambulance à l’hôpital par précaution. Elle allait quand même bien, elle marchait. Mais son cœur n’allait pas bien. Elle a été transférée à l’hôpital Victoria de Montréal où de grands spécialistes en cardiologie l’ont vue. Ils n’ont pas réussi à la sauver. Elle est partie dans la nuit. Tous les médecins pleuraient…»

La jeune travailleuse sociale intervenait au CLSC Drummond.

«On ne peut pas être certain que c’est la COVID qui l’a tuée. Mais ma sœur était en excellente santé. Elle venait d’avoir un bilan de santé», ajoute-t-elle, en précisant que la famille a autorisé qu’une autopsie soit pratiquée sur son corps pour comprendre ce qu’il s’est passé.

L’administration de la santé publique a indiqué de son côté qu’une investigation allait être menée sur ce triste décès pour déterminer s’il est lié directement au coronavirus.

«La COVID-19 n’affecte pas tout le monde de la même façon. Les circonstances autour de ce décès nous permettront de déterminer s’il s’agissait d’une personne qui avait des conditions particulières ou autres choses qui expliquent le décès», a indiqué Marie-Josée Godi, directrice régionale de la santé publique, lors d’une entrevue qu’elle a accordée à Radio-Canada.

Laurence Ménard vivait à Acton Vale. «On va s’occuper de son garçon ensemble, mes parents et moi», termine Virginie Ménard.

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