Les porcs s’accumulent et s’entassent dans les fermes

Les porcs s’accumulent et s’entassent dans les fermes
Les éleveurs de porcs ne savent plus quoi faire de leurs bêtes qui attendent de prendre le chemin vers l’abattoir. (Photo : Ghyslain Bergeron)

PORCS. Le ralentissement des activités dans les abattoirs cause bien des maux de tête aux éleveurs de porcs du Centre-du-Québec — et de partout dans la province — qui ne savent plus où entasser leurs animaux.  

Après que les producteurs de lait aient dû jeter des grandes quantités de matière, c’est au tour des éleveurs de porcs de subir les contrecoups du coronavirus.

Depuis le début de la pandémie, les abattoirs roulent au ralenti afin de respecter les mesures sanitaires. Puis, l’usine d’abattage et de découpe de porcs d’Olymel, à Yamachiche, a dû fermer ses portes pendant plus de deux semaines après qu’une centaine d’employés aient contracté la COVID-19.

«Au début de la crise, il s’est écoulé plusieurs jours avant que les usines puissent opérer de façon sécuritaire sans réduire la cadence. Après ça, il y a eu la fermeture de l’usine à Yamachiche qui a fait très mal», explique André Lamontagne, ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ).

Pour résultat, les éleveurs sont aux prises avec leurs animaux, qui prennent toujours plus de poids… et d’espace.

«En quelques semaines, beaucoup de porcs se sont accumulés (dans les porcheries)», ajoute M. Lamontagne.

«Actuellement, on a tous le même problème : nos porcs qui devaient prendre le chemin de l’abattoir sont en attente et ils continuent de grossir. Présentement, j’ai des porcs qui pèsent plus de 20 kilos au-dessus de la norme. On ne peut pas arrêter de les nourrir quand même», rapporte David Vincent, président des Éleveurs de porcs du Centre-du-Québec et propriétaire d’une ferme dans la région.

Pour l’instant, il entasse ses animaux, mais toujours dans un «esprit de bien-être animal». «J’en suis rendu à leur préparer un espace dans un garage», fait savoir celui qui use de créativité en ce temps de pandémie.

«La dernière chose qu’on veut, c’est de devoir euthanasier nos porcs. C’est contre nos valeurs. Il faut comprendre qu’on travaille avec notre cœur».

Selon le Journal de Montréal, il y aurait 100 000 porcs en attente à l’échelle du Québec. Il a toutefois été impossible de savoir combien de bêtes risquent l’euthanasie au Centre-du-Québec, où l’on compte 342 éleveurs.

«Le défi actuellement, c’est de continuer à abattre les besoins et de réussir à en abattre davantage pour être capable de réduire la quantité de porcs en attente», laisse entendre André Lamontagne.

Des éleveurs prêts à aider

Les éleveurs de porcs du Centre-du-Québec sont prêts à tout pour donner un coup de main aux usines d’abattage et de transformation. «Si la solution c’est que les employés de ces usines travaillent quelques samedis, par exemple, on est même prêts à sortir l’argent de nos poches pour payer les heures supplémentaires. Si chaque abattoir en prend un peu plus qu’en temps normal, on pense qu’on pourrait y arriver sans euthanasier de bêtes», confie David Vincent.

Le ministre André Lamontagne est lui aussi à la recherche de solutions : «Tous les jours, mon équipe et moi travaillons sur le dossier. C’est important que les gens de l’industrie se parlent et je suis confiant qu’ils vont être capables de trouver des solutions. Il y a quelques semaines, j’aurais dit qu’on a la tête dans l’eau. Là, on a la tête sortie de l’eau. Ce n’est pas gagné encore, mais la situation regarde beaucoup mieux qu’auparavant».

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