Réouverture des usines : une bonne nouvelle pour Drummondville

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Par Jean-Pierre Boisvert
Réouverture des usines : une bonne nouvelle pour Drummondville
Martin Dupont, directeur général de la SDED. (Photo : Archives Ghyslain Bergeron)

INDUSTRIEL. «C’est une bonne nouvelle pour Drummondville si l’on considère que plus de 450 de nos 600 entreprises ont moins de 50 employés».

C’est la réaction que le journal a obtenu de Martin Dupont, directeur général de la Société de développement de Drummondville (SDED), tout juste après l’annonce du gouvernement Legault signifiant la réouverture des manufactures en date du 11 mai, sous certaines conditions.

«À partir du lundi 11 mai 2020, précise le document gouvernemental, les entreprises manufacturières de toutes les régions du Québec pourront reprendre leurs activités. Elles devront toutefois compter, en tout temps sur un même site, un nombre maximal de 50 travailleurs + 50 % des employés excédentaires par quart de travail, et ce, à tout moment de la journée. À titre d’exemples : un site manufacturier employant 60 travailleurs lors d’un même quart de travail doit assurer son fonctionnement avec un maximum de 55 employés; un site manufacturier employant 500 travailleurs lors d’un même quart de travail doit assurer son fonctionnement avec un maximum de 275 employés».

Selon Martin Dupont, «cela veut dire que la majorité de nos usines pourront rouvrir avec tout le personnel. Des entreprises comme Soprema, Soucy et Canimex ne pourront redémarrer que partiellement. Mais ça reste une bonne nouvelle, une bonne nouvelle économique. Je suis certain que les employeurs vont mettre en application les règles à respecter afin de sécuriser leurs employés, lesquels exigeront d’être protégés sur leurs lieux de travail. Je sais que, depuis Pâques, plusieurs entreprises ont demandé une autorisation du gouvernement pour rouvrir en faisant valoir qu’elles étaient des fournisseurs essentiels et l’ont obtenue. C’est donc dire que ce ne sont pas toutes les usines qui étaient fermées».

Le DG de la SDED n’est pas prêt à mettre ses lunettes roses. «À quelle vitesse ça va redémarrer? On ne le sait pas. Il y en a qui disent que ça va reprendre au même rythme qu’avant alors que d’autres pensent que le redémarrage sera plus lent. Il faut aussi se rappeler qu’avant la crise, la main d’œuvre était rare, le taux de chômage était plus bas que 4 %. Dans ce contexte de rareté de la main-d’œuvre, les employeurs vont sans doute tout faire pour récupérer tout leur personnel, surtout s’ils ont investi dans la formation».

Côté tourisme, ce n’est toutefois pas encore positif. «Les restaurants ne sont pas encore visés par le déconfinement. Je crois que le tourisme ne viendra qu’en tout dernier lieu», d’avancer Martin Dupont.

Précisons que le plan de réouverture sera mis en œuvre de manière graduelle par le gouvernement Legault afin d’évaluer les répercussions sur la progression du coronavirus.

«Toutes les entreprises devront mettre en place des mesures de protection pour leurs employés et leurs clients qui respectent le protocole élaboré par les autorités de santé publique et la CNESST, précise le Guide générique de prévention, incluant des mesures sanitaires pour tous les milieux de travail. Les employeurs devront entre autres installer des stations d’hygiène et favoriser l’adoption d’horaires flexibles. Le télétravail demeure l’option à privilégier jusqu’à nouvel ordre pour le plus de secteurs d’activité possible».

Prêtes depuis des semaines

Les entreprises voient effectivement d’un bon oeil cette réouverture graduelle. Plusieurs travaillent sur divers scénarios de reprise depuis des semaines afin d’accueillir leurs employés dans un environnement sécuritaire qui respectera les consignes.

«Étant donné que certaines de nos filiales sont demeurées ouvertes, on a pu travailler sur différents scénarios en s’appuyant sur ce qu’on pu observer sur le terrain depuis quelques semaines et sur ce qu’on a mis en place, indique Julie Duhamel, conseillère aux communications chez Groupe Soucy. Par exemple, on a transformé certaines salles de conférence en espace de pause et de dîner – ce sera comme ça partout dans nos installations – et les heures de pause ne seront pas toutes les mêmes pour les employés. Il se peut qu’on doive déplacer certaines machineries pour respecter le deux mètres. Sinon, étant donné que nous fabriquons pour le réseau de la santé des visières de protection, nous avons décidé d’en fournir à tous les employés à qui ce sera nécessaire, par exemple sur des chaînes de montage où il est impossible de travailler éloigné».

Des stations de lavage dans toutes les zones de travail ont déjà été installées au début de la crise. Des panneaux de plexiglas ont également fait leur apparition dans le département des commandes en ligne chez Kimpex, l’une des filiales qui a vu ses activités ralentir au cours du dernier mois. Le télétravail sera aussi préconisé pour l’ensemble du personnel administratif du Groupe Soucy, et ce «pour plusieurs mois», au dire Mme Duhamel.

Chez Agrimetal, des nouvelles mesures avaient aussi été instaurées avant la fermeture des entreprises le 24 mars.

«Nous sommes prêts à recommencer depuis le jour un. Avant la fermeture, on avait attitré une personne à la désinfection des poignées de porte, du matériel et des meubles et avait installé des panneaux entre chaque table dans la cafétéria. Les employés ont tous hâte de revenir, moi le premier», affirme Pascal Houle, gestionnaire chez Agrimetal, une entreprise se spécialisant dans la fabrication d’équipements d’entretien de pelouse, de déneigement et de foresterie.

Employant environ 45 personnes, cela ne demandera pas énormément de réorganisation en ce qui a trait au respect de la distanciation physique.

(Avec la collaboration de Cynthia Giguère-Martel)

 

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