La montée fulgurante de Kim Picard

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Par Emmanuelle LeBlond
La montée fulgurante de Kim Picard
L’athlète Kim Picard fait de la course de baril depuis douze ans. (Photo : Gracieuseté)

MAGAZINE. L’athlète Kim Picard flotte sur un nuage depuis son passage aux finales internationales de rodéo à Oklahoma City. Après avoir multiplié les efforts et les sacrifices, l’ambitieuse Drummondvilloise a su faire sa place dans le milieu de la course de barils. Elle s’est hissée au sommet grâce à son fidèle acolyte Tiger, un cheval qui lui a prouvé que tous ses rêves sont permis.

Après douze ans de carrière dans sa discipline, Kim Picard récolte enfin le fruit de son travail. Elle a dû faire preuve d’une patience et d’une persévérance sans borne pour se rendre jusqu’au championnat du monde. «J’ai eu beaucoup de haut et de bas avec mon cheval, mais mon amour pour lui a toujours été extrêmement grand. Je n’ai pas eu un parcours en flèche. Il y a eu des plateaux et des descentes. Ça, on a tendance à l’oublier. Tout le monde voudrait la finalité, mais le parcours est difficile», explique celle qui figure à la tête du classement canadien de l’Association internationale de rodéo professionnel.

(Photo gracieuseté)

Cette cavalière n’a jamais eu froid aux yeux, et ce, depuis ses débuts. Kim Picard a adopté Tiger lorsqu’il avait deux ans. Un dressage intensif était nécessaire, mais le défi l’attirait. «Je voulais éduquer un cheval au complet pour qu’il soit fait pour moi. Je ne voulais pas m’asseoir sur un animal et essayer de m’adapter à lui. Je voulais plutôt qu’on évolue ensemble», affirme la jeune femme.

Elle se reconnaissait dans la fougue de son compagnon. «Dès que j’ai vu Tiger, j’ai eu un gros coup de cœur pour lui. Il avait beaucoup de personnalité. J’ai tout de suite aimé son air tannant et sa vivacité. Très rares sont les champions qui n’ont pas de caractère», soutient celle qui était âgée de 20 ans.

De plus, l’historique du cheval était particulièrement intéressant. «Tiger faisait de la course de vitesse. Il a fait six départs. Il n’était pas assez rapide pour poursuivre sa carrière comme coureur. C’était un sprinter. Il sortait toujours fort, mais il se faisait rattraper. Ça, c’est parfait pour la course de barils», raconte-t-elle.

Tomber et se relever

Kim Picard a appris les rouages de son sport par elle-même. «J’ai fait des essais-erreurs tout au long de ma carrière parce que je n’avais personne dans le monde des chevaux pour m’indiquer le chemin le plus logique à prendre», confie-t-elle.

La première saison de l’athlète s’est déroulée à merveille. Malheureusement, ses performances ont décliné dès l’été suivant. Sans crier gare, son cheval a commencé à donner de violents coups de tête. Croyant au manque de discipline, Kim Picard a donc augmenté le rythme d’entraînement pour corriger cet étrange comportement. La situation ne s’améliorait pas pour autant.

«Finalement, j’ai découvert que mon cheval souffrait de headshaking. Ce n’est pas le vétérinaire qui me l’a dit. J’ai fait des recherches par moi-même et j’ai compris. [C’est une pathologie] qui est très peu connue dans le monde équestre. C’est très difficile de vivre avec un tel diagnostic parce que les chevaux sont inconfortables dehors», informe-t-elle.

Kim Picard affirme que plusieurs athlètes auraient abandonné face à cette épreuve. Elle a plutôt fait le choix de garder son cheval et de composer au quotidien avec cette condition. Encore aujourd’hui, la majorité de ses entraînements se font dans des manèges intérieurs pour aider son compagnon.

Dans la cour des grands

Grâce à un solide travail d’équipe, les deux complices ont raflé les honneurs à l’échelle régionale. Surfant sur la victoire, Kim Picard a décidé de se lancer dans la cour des grands en joignant le calibre rodéo. «Il y a un énorme step entre les deux, concède-t-elle. Il y en a beaucoup qui essaient le rodéo et ils redescendent.»

À sa première compétition, la recrue s’est classée, contre toute attente, à la quatrième position. «Je ne m’annonçais pas comme une gagnante et j’ai sorti avec un très bon temps. À partir de ce moment, mes horizons se sont ouverts et je me suis permis de rêver», lance-t-elle, les étoiles plein les yeux.

Les saisons se sont succédé et la cavalière a fait plusieurs apprentissages. Kim Picard a tranquillement gravi les échelons de la réussite, encouragée par ses proches et sa sœur jumelle Karell. L’année 2019 s’est révélée exceptionnelle pour l’athlète de 28 ans. Ses résultats lui ont permis de se classer à la prestigieuse finale internationale de rodéo, un exploit pour une Québécoise.

(Photo Gracieuseté)

À sa grande déception, son valeureux compagnon, Tiger, n’a pas pu l’accompagner. «Vingt jours avant ma date de départ pour la finale mondiale, mon cheval était en pleine forme. Mais dans l’écurie, il y avait un cheval qui avait le coronavirus équin. L’écurie était en quarantaine. Mon cheval ne pouvait plus sortir de là», se remémore-t-elle, avec chagrin. Après un cri à l’aide sur les réseaux sociaux, un bon samaritain a bien voulu prêter ses chevaux à Kim Picard pour le championnat.

Aujourd’hui, la jeune femme souhaite par-dessus tout revivre cette expérience, mais avec son grand ami. Elle ne compte pas se départir de son animal de sitôt. «Je l’ai depuis neuf ans et je ne me tanne pas. Il y a toujours quelque chose à faire avec lui parce qu’il veut apprendre. J’aimerais ça le garder toute ma vie et lui offrir une retraite avec moi», conclut-elle.

Qu’est-ce que la course de barils?

Dans cette épreuve de rodéo, le couple cheval-cavalier doit effectuer un parcours en forme de trèfle autour de trois barils disposés en triangle. Plus le compétiteur passe près des barils, plus il fait son parcours rapidement. Une pénalité de cinq secondes est imposée si le concurrent renverse un baril.

(Note de la rédaction : cet article a été rédigé avant la crise de la COVID-19)

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