Concernant un retour hâtif à l’école (Tribune libre)

Concernant un retour hâtif à l’école (Tribune libre)
(Photo : Illustration, L'Express)

TRIBUNE LIBRE. Je suis surprise de constater à quel point la réouverture des écoles est si importante en cette période de pandémie.

Voici ma réflexion en tant que secrétaire dans une école primaire. Premièrement, certaines personnes sont asymptomatiques. Ça peut être des parents d’élèves, des conducteurs de bus, comme ça peut être des employés de l’école. Il faudrait tester tout le monde pour ne pas prendre de risques. Qui dit que les enfants ne finiront pas par l’attraper, eux aussi? Deuxièmement, pensez aux mesures de distanciation recommandée. Ça devra s’appliquer en classe, à la récréation, au dîner, aux toilettes et dans l’autobus. Comment les TES pourront-ils faire les interventions adéquates envers les enfants? Imaginez les petits maternels dans ce genre de routine!

Pour arriver à faire cette distanciation, il faudra faire des plus petits groupes d’élèves (10 au lieu de 20). Il faudra aussi distancer les journées d’écoles pour avoir le temps de faire toute la décontamination, ce qui veut dire qu’il faudrait un retour à temps partiel (exemple : dix élèves le lundi matin et après-midi, décontamination le mardi, 10 élèves le mercredi, décontamination le jeudi). Si c’est comme ça, imaginez le retour! Est-ce que ça vaut la peine? Qu’est-ce que ça apportera de plus aux élèves? Troisièmement, pensez au travail supplémentaire pour les concierges. Il faudra être archipropre partout. Toilettes, rampes d’escalier, portes, poignées, jouets…

Pensez juste à la façon dont ça se passe quand vous allez à l’épicerie (lavage de mains, lavage du panier, lavage du tapis à la caisse, etc.) Est-ce que vous engagerez plus de concierges? Augmenterez-vous leur salaire? C’est grand une école quand il faut désinfecter.

Quatrièmement, je pense que même si le retour se fait à la date mentionnée, certains parents ne laisseront pas pour autant leurs enfants y retourner. Je me rappelle du 12 mars, lorsque l’annonce a été faite qu’à partir du 16 mars les écoles allaient être fermées. Ç’a été la cohue. Certains parents arrivaient sans prévenir pour récupérer leurs enfants et le vendredi 13 mars, c’était des appels téléphoniques à en avoir les oreilles rouges pour prendre en note les absences des enfants. Certains parents, travaillant dans le domaine de la santé, nous disaient déjà que leurs enfants ne seraient pas de retour jusqu’à nouvel ordre.

Cinquièmement, il faudrait être bien informé et tous coordonnés. Si les commissions scolaires ne sont pas informées assez tôt, ça va être comme le 12 mars. Des écoles fermaient; d’autres restaient ouvertes. On se faisait insulter parce qu’on était ouvert ou parce qu’on attendait des procédures et des informations. Nous sommes, les secrétaires, en première ligne pour répondre aux parents.

Finalement, je suggère au premier ministre Legault ainsi qu’au ministre de l’Éducation de se servir des mois de mai, juin et juillet (peut-être même le début d’août) pour élaborer un plan de match sécuritaire, réfléchi, clair et faisable afin d’offrir une entrée scolaire plus efficace pour la fin août ou le début de septembre. Il me semble qu’avec les mesures qui sont présentement en place (trousses pédagogiques, émissions éducatives et télétravail) et le fait qu’il n’y aura même pas d’examens de fin d’année, vous devriez songer à laisser les écoles fermées.

Karine Gendron, secrétaire dans une école primaire (Drummondville)

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