Des camionneurs revoient leurs habitudes de travail 

Des camionneurs revoient leurs habitudes de travail 
La pandémie amène plusieurs changements dans le domaine du transport. (Photo : Archives)

TRANSPORT ROUTIER. Depuis que la crise du coronavirus a frappé au Canada, les camionneurs ont vu leurs habitudes de travail complètement chamboulées. En contexte de pandémie, le plus difficile reste d’avoir accès à une salle de bain.    

Vers 15 h mercredi, Sylvain Demers a stationné son camion dans une halte routière. «Je suis ici jusqu’à demain matin, vers 7 h. Normalement, je serais sorti de mon camion pour me promener et marcher. Je me serais assis sur un banc, surtout avec ce soleil. Aujourd’hui, je vais rester dans mon camion», raconte-t-il lors d’un entretien téléphonique avec L’Express alors qu’il se trouvait au Massachusetts, aux États-Unis.

Depuis le début de la pandémie, Sylvain Demers, qui travaille pour l’entreprise drummondvilloise SGT 2000, constate que les automobilistes sont plus courtois sur la route. «Je reçois moins de doigts d’honneur, lance-t-il en riant. C’est peut-être temporaire, mais les gens sont plus tolérants. Il faut dire qu’il y a bien moins de trafic».

Outre cela, il raconte la difficulté d’avoir accès à des salles de bains. «Les clients chez qui on livre ne nous laissent plus entrer dans leur bâtiment. Les salles des restaurants sont fermées aussi. Quand je quitte l’halte routière, je dois m’assurer d’avoir été à la salle de bain. Maintenant, je le sais et je m’organise en conséquence», fait-il savoir.

Autre impact de la COVID-19, la plupart des restaurants sont fermés, ce qui a mené à une situation cocasse : Sylvain Demers a dû aller à la commande à l’auto, mais à pied. «Comme il y a juste la possibilité de commander à l’auto et que je ne passe pas avec mon camion, j’y suis allé à pied. La dame a été super gentille et elle m’a servi», raconte-t-il.

Pour ce qui est de se nourrir sur la route, Sylvain Demers rapporte : «Pour ma part, j’ai une femme exceptionnelle qui me prépare des plats. Dans mon camion, j’ai un petit frigidaire, un micro-onde et un grille-pain. C’est certain que j’ai des collègues qui doivent se contenter de manger beaucoup de fast food, comme les autres restaurants sont fermés», souligne-t-il.

Par ailleurs, Sylvain Demers, qui se rend deux fois par semaine aux États-Unis, trouve très surprenant que les douanes américaines lui posent peu de questions lorsqu’il entre au pays. «Quand je reviens au Canada, on me demande si j’ai des symptômes, mais quand j’entre aux États-Unis, on ne me demande absolument rien», témoigne-t-il.

Transport Dessaults a réorganisé ses activités. (Photo gracieuseté)

Une réorganisation des transports

Face à la pandémie, des compagnies de transport ont dû réorganiser leurs activités, selon les besoins actuels.

«D’un côté, les activités de nos clients «non-essentiels» ont diminué et de l’autre, celles des clients «essentiels» ont augmenté. On s’ajuste. Par exemple, on a un client qui fabrique du savon désinfectant pour les mains qu’on livre dans les pharmacies. Évidemment, ses activités ont augmenté de façon considérable», rapporte José Serli, président chez Transport Dessaults.

«Au début de la crise, on a eu quelques contrats avec Sobeys, notamment pour la livraison de papier hygiénique. C’est un contrat qui est retombé assez rapidement quand les gens se sont rendu compte qu’il n’y avait pas d’enjeu d’approvisionnement», ajoute-t-il.

Si certaines compagnies de transport routier, comme celles qui livrent dans les épiceries et les pharmacies, débordent de contrats, d’autres voient leurs activités ralentir en même temps que l’économie.

«Celles qui font de la charge à température contrôlée sont très occupés. Pour elles, qui livrent dans les épiceries, c’est comme une période de Noël, mais en permanence. Pour d’autres compagnies, comme celles qui transportent des matériaux de construction, ç’a planté. Ça dépend de chaque secteur. Bien que le transport soit un service essentiel, ce n’est pas tout le monde qui a pu continuer ses activités», explique-t-il.

Sur ses 44 camions qui prennent normalement la route, 15 sont restés stationnés aujourd’hui à Notre-Dame-du-Bon-Conseil. «C’est le résultat de la pause qu’on vit à cause de la pandémie», fait savoir José Serli.

Des camions de Transport Dessaults restent stationnés, une conséquence de la pandémie. (Photo gracieuseté)
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