Les constructeurs en mode solutions

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Par Cynthia Martel
Les constructeurs en mode solutions
Serge Brouillette, président, et Hugo Guillemette, chargé de projet de Construction Serge Brouillette. (Photo : Archives Ghyslain Bergeron)

Si l’arrêt des chantiers de construction résidentielle génère un stress intense chez les futurs propriétaires, les entrepreneurs doivent quant à eux supporter sur leurs épaules le poids des conséquences qui varient d’une entreprise à l’autre tout en étant en mode solutions.

En temps normal, les Habitations Jutras livrent une maison neuve par semaine. C’est donc dire que depuis l’arrêt des chantiers décrété le 24 mars, au moins quatre demeures n’ont pu être achevées.

«Évidemment, ça touche plusieurs personnes. On était booké jusqu’aux vacances de la construction. Nous avions aussi des jumelés de prévus, donc cela fait deux familles qui ne peuvent déménager à temps et qui stressent parce qu’ils doivent quitter leur logement ou leur autre maison avant le 1er juillet. Il y a tout un effet domino», souligne d’emblée Martin Popik, directeur des opérations aux Habitations Jutras.

Celui-ci estime qu’ils accusent un retard de cinq semaines sur les échéanciers.

Conscients du stress et des maux de tête que peuvent vivre les clients, dès le jour un de l’arrêt, M. Popik et son équipe ont tout mis en œuvre afin que tous se sentent rassurés et que les impacts ne soient pas trop majeurs.

«J’ai appelé un par un les clients pour faire l’état de la situation et en même temps, les sécuriser. Déjà, lorsqu’ils signent un contrat, ils ont accès à un portail où ils peuvent suivre en détail l’avancement des travaux. Ils peuvent encore y aller et voir les mises à jour que l’on effectue», explique le directeur des opérations, qui ne se cache pas pour dire que cette situation demande beaucoup de réorganisation.

Quelques solutions, afin de «gagner du temps» lors de la reprise des chantiers et «accommoder les clients», sont déjà sur la table.

«On va enlever à l’échéancier trois jours que nous conservions avant la livraison de la maison pour le parachèvement des travaux. S’il y a de petites retouches à faire, par exemple, on les fera une fois que les gens auront déménagé. Il y a aussi possibilité que certaines familles prennent possession de leur maison dès que les pièces essentielles, notamment la cuisine et la salle de bain, sont complétées. C’est sûr qu’ils devront être en mode camping, mais c’est une solution. De plus, lorsqu’il y a un garage, on peut voir à le faire tout de suite pour que les clients puissent entreposer leurs meubles», énumère M. Popik.

Au chapitre des répercussions financières, le directeur des opérations n’a pas de crainte.

«Nous sommes chanceux, car l’entreprise est en bonne situation financière (…) Mais c’est certain que notre chiffre d’affaires à la fin de l’année sera différent de ce que nous avions prévu», laisse-t-il entendre.

Même son de cloche du côté de Construction Serge Brouillette.

«Nous avons vendu énormément de maisons avant le début de la crise. On avait réussi à en bâtir 17», fait savoir Hugo Guillemette, chargé de projets, affirmant que l’entreprise connaîtra même certainement une année record.

Entre 7 et 10 chantiers de construction sont sur pause pour le moment, lesquels doivent être terminés le 1er juillet.

«Honnêtement, pour le moment, ça ne me stresse pas trop. J’ai bien confiance que les gars auront à nouveau un marteau dans les mains d’ici une semaine. Nous avons été les derniers arrêtés, donc nous serons les premiers à repartir. Évidemment, si l’arrêt se poursuit au-delà de plusieurs semaines, le stress augmentera, mais on verra à ce moment-là», indique-t-il.

Chose certaine, M. Guillemette et son équipe seront prêts à attaquer le travail qui les attend, et ce, en toute sécurité.

«Tous les soirs, une personne que nous avons embauchée sera attitrée à la désinfection des outils. Tous les camions et remorques seront aussi munis d’une réserve d’eau pour le lavage des mains. Nous privilégierons les petites équipes de deux ou trois personnes sur les chantiers», précise-t-il.

Et bonne nouvelle, malgré ce temps de pause forcé, le téléphone continue de sonner chez les deux entrepreneurs qui voient d’un bon œil la suite des choses. Ils n’envisagent d’ailleurs pas de problématiques quant à l’approvisionnement des matériaux.

Note de la rédaction. À l’heure de tombée de L’Express, lundi, le gouvernement du Québec a annoncé que le secteur de la construction résidentielle allait être ajouté dans la liste des secteurs essentiels et pourra reprendre ses activités le 20 avril et ce, uniquement pour les projets devant être livrés avant le 31 juillet 2020. «On ne veut pas avoir à gérer une crise du logement en plus de la pandémie», a indiqué le premier ministre François Legault.

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