Toto, le gardien de la maison

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Par Emmanuelle LeBlond
Toto, le gardien de la maison
Le perroquet Toto se démarque par son caractère indépendant. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Perché sur son mirador, Toto le perroquet ne laisse personne indifférent. Si certains grimacent au son de ses cris aigus et répétitifs, d’autres sont pâmés devant les couleurs vives de son plumage. La famille Girardin s’est rapidement attachée à ce drôle de compagnon, malgré son caractère indépendant et parfois cabotin.

Dès qu’un visiteur entre chez les Girardin, le perroquet est fidèle au poste, accueillant vocalement le nouveau venu. Toujours aux aguets, il est le réel gardien de la maison. Grâce à ses sens particulièrement développés, il repère avec aisance les inconnus qui franchissent les limites du terrain familial.

«Dès qu’il entend un son anormal, il crie. Quand il y a quelqu’un qui arrive, c’est le premier à nous avertir. Il fait même japper les chiens! L’autre soir, il s’est mis à crier. On s’est rendu compte qu’il y a avait des coyotes en arrière», explique Mariane Desbois, l’une des propriétaires de l’oiseau. Que ce soient des outardes qui survolent le ciel, une souris qui court sur le plancher ou un rond oublié sur le poêle, rien ne passe sous le radar de Toto.

Le quotidien de cette famille de Lefebvre a changé à l’adoption de cet animal, il y a cinq ans. «Il n’y a pas de doute, un perroquet, ça met de la vie dans une maison», ajoute Mme Desbois, d’un ton enjoué. Âgé de 30 ans, Toto a passé la majorité de sa vie en compagnie des parents de Joe Girardin. Le perroquet, du type Amazone, s’est longtemps plu avec ses premiers propriétaires. «Quand le grand-père de Joe est décédé, ma belle-mère a hérité de sa maison et de ses trois perroquets. Elle a essayé d’amener Toto avec elle, mais il ne s’entendait pas bien avec les autres oiseaux», raconte Mme Desbois.

Le perroquet était incapable de cohabiter avec ses confrères. «Aussitôt que Toto est en contact avec un autre oiseau, il s’envole sur sa cage et il va essayer de le manger. Il va le mordre et s’attaquer à lui», explique M. Girardin, qui a décidé d’adopter le perroquet pour éviter qu’il soit abandonné.

Ces derniers aiment bien comparer leur compagnon à plumes comme étant le mouton noir de la famille. Un an et demi a été nécessaire avant que Mme Dubois puisse approcher l’animal. Le perroquet redoute tout ce qui touche à la nouveauté. «Il a un fort caractère. Se faire flatter, il aime un peu ça. Se faire prendre, pas trop. Son tempérament à lui, c’est d’avoir la paix», affirme Mme Dubois.

Un perroquet peu bavard

Les perroquets Amazones sont reconnus pour être de bons parleurs, mais le comportement de l’oiseau et son environnement peuvent influencer ses aptitudes. Toto fait bel et bien partie de l’exception puisqu’il prononce strictement que son nom. «Si tu adoptes un perroquet dans l’ultime but que tu vas pouvoir lui parler, tu vas être déçu parce que ce n’est pas tous les perroquets qui veulent parler», soutient Mme Dubois. En parallèle, le frère de Toto discute allégrement, complète M. Girardin.

L’oiseau est habile pour reproduire les sons qui l’entourent. À tout moment, Toto peut se mettre à japper ou converser avec les corneilles qui sont à l’extérieur. Auparavant, le perroquet imitait même les miaulements du chat.

La famille Girardin reste toutefois indulgente puisqu’elle est consciente qu’un perroquet reste un animal sauvage. Ils préfèrent laisser leur oiseau se déplacer librement dans la maison. Lorsqu’il a besoin de calme, Toto se pose sur son perchoir, installé sur le dessus de sa cage.

Le point faible de ce perroquet est sans contredit la nourriture. Les goûts culinaires de l’oiseau s’apparentent à ceux de ses anciens propriétaires qui sont d’origine suisse. «Ils mangeaient beaucoup de fondue au fromage. Le perroquet a été élevé comme ça. Dès qu’on sort le camembert, il danse et il fait la fête pour en avoir. Il vire fou», s’exclame Mme Dubois avec entrain.

À tous les repas, le perroquet se perche sur le dessus d’une chaise de cuisine, tout en attendant patiemment sa nourriture dans un petit pot fixé sur le dossier. «Les seules fois qu’il vient sur la table, c’est quand il y a des muffins», ajoute-t-elle.

Fait cocasse : l’oiseau est assez sélectif dans son alimentation. Dès qu’il y a un aliment qu’il n’aime pas, il jette le tout par terre pour le donner aux chiens.

D’après la famille, un animal de cette espèce peut vivre jusqu’à environ 60 ans. C’est pourquoi il est important d’avoir une vision à long terme avant d’adopter un tel oiseau. «Dès que tu as un perroquet, tu dois penser à le mettre sur ton testament», soutient Mme Dubois.

Aussi, M. Girardin conseille aux intéressés de s’informer afin de connaître les expériences des autres propriétaires. Il ne faut pas se laisser berner par l’apparence exotique de l’animal! «Il y en a beaucoup qui adoptent ça sur un coup de tête. Après, ils se rendent compte que ça ne marche pas et le perroquet se retrouve dans un refuge. S’il passe dans deux ou trois refuges, le perroquet va être malheureux. C’est rare qu’il redevienne heureux après coup», souligne-t-il.

Quoi qu’il en soit, Toto semble comblé dans ce second foyer. Lorsque le coeur lui en dit, il se laisse prendre par son entourage, tout en échappant quelques petits roucoulements de bonheur.

 

(Note de la rédaction : cet article a été rédigé avant la crise de la COVID-19)

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