La crise du coronavirus vue par Yves-François Blanchet

La crise du coronavirus vue par Yves-François Blanchet
Yves-François Blanchet. (Photo : archives, Cynthia Giguère-Martel)

POLITIQUE. Yves-François Blanchet est fier de la façon dont le Québec gère la crise du coronavirus jusqu’ici. Le chef du Bloc québécois estime que le gouvernement canadien devrait s’inspirer de la façon de faire de la Belle Province.

Selon Blanchet, le gouvernement canadien a manqué de leadership depuis que la pandémie a frappé l’Amérique du Nord de plein fouet. Le politicien de 54 ans originaire de Saint-Edmond-de-Grantham n’a pas hésité à comparer la gestion de Justin Trudeau à celle de François Legault.

«Essentiellement, Ottawa a fermé les frontières, minimisé les impacts des fermetures d’entreprise et emprunté un gros paquet d’argent. En revanche, Québec a hérité de tous les problèmes de santé alors qu’on est en pleine crise sanitaire! Le Québec doit aussi gérer toutes les questions reliées à l’éducation et aux déplacements entre les régions. Le Québec a extrêmement bien fait dans ces dossiers, puis les autres provinces ont suivi. Ottawa doit exercer un leadership beaucoup plus convaincant», a-t-il affirmé dans une entrevue téléphonique accordée à L’Express.

«Le Québec est à la fois la province la plus exposée et celle qui performe le mieux au chapitre des décès. Ça démontre ce qu’on peut accomplir lorsqu’on prend nos propres décisions en matière de santé. Pendant que notre voisin, l’État de New York, est complètement dévasté, le Québec fait extrêmement bien et démontre une solidarité exceptionnelle. On doit en tirer confiance en nos moyens», a ajouté le chef du parti indépendantiste et social-démocrate fondé en 1991, en rappelant que parmi les états américains et les provinces canadiennes, c’est au Québec que les consignes de distanciation sociale sont les plus respectées.

Se redéfinir comme opposition

À la tête du Bloc depuis un peu plus d’un an, Blanchet se dit conscient que le rôle d’un parti d’opposition dans une telle tempête ne consiste pas nécessairement à remettre en question chacune des actions du gouvernement. La classe politique doit plutôt faire preuve de jugement et de discernement dans ces circonstances historiques.

Yves-François Blanchet. (Photo gracieuseté)

«Notre rôle en ce moment, c’est celui du gros bon sens. On doit se redéfinir comme opposition et c’est ce qu’on fait au Bloc. Certains partis fonctionnent encore sur la base de la partisanerie afin de soutirer des votes à leurs adversaires. Au Bloc, on travaille de façon systématique. On cherche des idées pour aider les gens», a expliqué Blanchet.

Le député de la circonscription de Beloeil-Chambly souligne que le Bloc a proposé diverses solutions au gouvernement fédéral depuis le déclenchement de la crise, dont des changements à la prestation canadienne d’urgence et au programme de subvention salariale pour les entreprises.

«L’idée du parlement virtuel, ça vient aussi de nous autres. On a suggéré l’idée vendredi, puis le leader du gouvernement en a parlé dimanche. On pense que c’est une manière de continuer à faire notre travail en allant le moins possible à Ottawa, même s’il va falloir y aller à certains moments», a laissé entendre Blanchet, en rappelant qu’un rebond épidémique pourrait survenir dès l’automne.

Fervent défenseur de l’achat local, un enjeu sur lequel le Bloc a d’ailleurs fait campagne l’automne dernier, Blanchet se réjouit de l’engouement actuel autour de cette question. Il soutient néanmoins que la mondialisation n’a pas que de mauvais côtés.  «Je ne veux pas tomber dans une mode. Il ne faut pas oublier que 75 % des entreprises de Drummondville exportent leurs marchandises. La démondialisation serait une catastrophe pour la région.»

À quand une région sociosanitaire?

Questionné au sujet de la reconnaissance du Centre-du-Québec en tant que région sociosanitaire à part entière, un enjeu qui refait surface dans la crise actuelle, Yves-François Blanchet admet qu’il s’agit d’un dossier délicat.

«C’est un cas assez complexe. La région 17 n’a jamais totalement existé, alors on n’est pas capable d’en mesurer tous les avantages. Le Centre-du-Québec est différent de la Mauricie, mais encore là, Nicolet et Bécancour ne s’y identifient pas. Si le Centre-du-Québec veut être reconnu avec tout ce que ça implique, c’est une demande légitime compte tenu de ses singularités. Ça appartient toutefois aux gens en place d’exercer ce leadership. Je sentais cette effervescence il y a une dizaine d’années, mais moins maintenant», a exprimé l’ex-ministre de l’Environnement sous le gouvernement péquiste de Pauline Marois.

Martin Champoux et Yves-François Blanchet. (Photo d’archives, Ghyslain Bergeron)

Celui qui a été député des circonscriptions provinciales de Drummond et de Johnson entre 2008 et 2014 après avoir été nommé personnalité de l’année de la Chambre de commerce et d’industrie locale en 2006 estime que ce leadership devrait être exercé par le milieu drummondvillois lui-même.

«Drummondville a toujours été une ville avec une identité forte, mais sa partie ouest est composée de gens qui arrivent de Montréal ou d’autres régions pour combler les besoins de main d’œuvre. Leur sentiment d’appartenance envers la région est plus faible, mais leurs enfants vont naître ici. Avec le temps, ils vont apprendre à aimer la région et à s’y identifier.»

En terminant, le chef du Bloc s’est dit ravi du boulot accompli par le député de Drummond, Martin Champoux, dans la crise actuelle. Le spécialiste en communications fait partie du contingent de 32 députés bloquistes élus en octobre dernier.

«Je ne me souviens pas d’avoir vu le Bloc aussi dynamique à Drummondville, même à l’époque où j’étais député. Martin Champoux maîtrise bien ses dossiers. Il a une personnalité engageante et il adore son travail. Il rayonne! J’ai bon espoir que les gens vont vite l’adopter», a conclu l’ex-animateur radiophonique et commentateur politique à RDI.

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