Une croisière qui leur en a fait voir de toutes les couleurs

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Par Emmanuelle LeBlond
Une croisière qui leur en a fait voir de toutes les couleurs
Pierre Duval et Diane Boulais à bord de leur cabine du Grand Princess. (Photo : Gracieuseté)

CORONAVIRUS. Les Drummondvillois Diane Boulais et Pierre Duval ont obtenu, mercredi, le feu vert pour quitter la base militaire des Forces armées canadiennes de Trenton, où ils étaient placés en quarantaine depuis leur mésaventure à bord du Grand Princess, un bateau de croisière qui les a menés jusqu’à Hawaï et qui leur en a fait voir de toutes les couleurs.

Rappelons que le couple est arrivé au Canada le 10 mars, mais il devait rester sur la base militaire ontarienne afin de procéder à des tests, pour ensuite être soumis à une quarantaine de 14 jours.

Le couple n’était pas au bout de ses peines. Le lendemain de son arrivée, Diane Boulais présentait des symptômes liés à la COVID-19. Fièvre, toux, maux de dos et extrême fatigue : la santé de la sexagénaire s’est détériorée.

«J’ai vu qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. J’ai vu le médecin le 12 mars et il me déclarait avec le coronavirus. À ce moment-là, j’ai changé d’étage pour me diriger vers celle des contaminés, raconte-t-elle. Ils m’ont séparé de mon mari. J’étais complètement isolée.»

«Un moment donné, je me sentais plus mal. Ils m’ont amené à l’hôpital. Heureusement, je n’avais pas de pneumonie. Mon conjoint, ça a tourné en pneumonie », complète-t-elle.

Dès que Diane Boulais a présenté ses premiers symptômes, quelques jours se sont écoulés avant que son mari attrape la maladie. Si la Drummondvilloise est sortie de l’hôpital le soir même, Pierre Duval y est resté quant à lui un total de dix jours, dont trois aux soins intensifs. «Ça a été beaucoup plus difficile pour lui. Il n’était pas capable de garder de l’eau sans la vomir. Il n’était plus capable de manger», soutient-elle.

Deux semaines ont été nécessaires afin que le couple se remette sur pieds. Mardi matin, Diane Boulais a eu l’autorisation de sortir de la base militaire. Lors de son départ, la femme de 68 ans a eu droit à une ovation. «Les infirmiers et les infirmières sont sortis pour m’applaudir et m’envoyer la main. J’ai trouvé ça vraiment spécial. J’étais émue. C’était vraiment une équipe sensationnelle qui a toujours été souriante et aux petits soins avec nous», mentionne-t-elle, avec émotion.

Pierre Duval a retrouvé sa conjointe dès le lendemain. «J’étais vraiment contente de le revoir. Ça faisait une dizaine de jours que nous étions séparés. C’est l’un des meilleurs moments de savoir qu’il est sorti et qu’il va bien», confie la Drummondvilloise.

Une croisière qui vire au cauchemar

Le couple a débuté son voyage le 21 février. Tout allait pour le mieux jusqu’au jour où une tempête s’est abattu sur le bateau de croisière. «Quand on est parti des îles d’Hawaï, on a eu du mauvais temps. Il y avait de grosses vagues. Le bateau craquait beaucoup, même si c’est un bateau de 16 étages», se remémore Diane Boulais.

Dès le retour du beau temps, le duo a appris que leur voyage était interrompu. Le navire retournait au port de San Francisco, car trois passagers de la croisière précédente avaient reçu un diagnostic positif de la COVID-19.

À son arrivée, le Grand Princess s’est placé en quarantaine. L’état d’urgence était déclaré. Le couple a été confiné dans sa cabine, et ce, pour une période de cinq jours. «Le bateau n’avait pas le droit d’accoster. Il fallait rester au large. On s’est approché trois fois des côtes, mais c’était pour qu’un hélicoptère aille chercher une personne trop malade. Sinon, c’était pour porter de l’approvisionnement», explique Diane Boulais.

Les Drummondvillois ont finalement débarqué au port d’Okland en Californie. «Heureusement, le gouvernement du Canada et la Croix-Rouge sont très efficaces. Le commandant nous avait dit : ‘’On va débarquer ceux qui sont malades pour les envoyer dans les hôpitaux. Les autres, ça peut prendre quelques jours avant que le débarquement soit complété’’. Quand on est arrivé au port, ils ont dit que les Canadiens pouvaient préparer leurs valises. On est parti en avion le soir même », raconte-t-elle.

Diane Boulais précise que des 235 Canadiens à avoir été rapatriés par le gouvernement, 13 ont contracté le virus par la suite.

Aujourd’hui, le couple est heureux que cette épreuve soit derrière lui. Logeant dans un hôtel en Ontario, il se repose avant de regagner leur domicile… avec une voiture de location puisque la sienne se trouve toujours à San Francisco.

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