Benjamin Blanchette ira au bout de son rêve

Photo de Ghyslain Bergeron
Par Ghyslain Bergeron
Benjamin Blanchette ira au bout de son rêve
Benjamin Blanchette rêve de devenir restaurateur. (Photo : Ghyslain Bergeron)

AUTISME. Benjamin Blanchette est un jeune adulte en pleine forme. Il est souriant et aime bien taquiner ses collègues de classe et ses enseignants dans le cours de formation professionnelle, profil pâtisserie. Mais l’apprentissage est difficile en raison de sa condition. Il est autiste. Dans un parcours rempli d’embûches, il est déterminé à accomplir son rêve : devenir restaurateur.

C’est en août 2019 que Benjamin Blanchette a franchi les portes du centre de formation professionnelle située dans l’école secondaire Marie-Rivier. Impressionné et en manque de confiance, il a quand même su faire sa place au sein du groupe d’élèves.

«Mon rêve de devenir propriétaire d’un restaurant a commencé ici. Je suis venu pour acquérir des connaissances, car je ne peux pas me lancer en affaires comme une poule pas de tête! Mais je savais que ça ne serait pas facile, car je n’avais aucune base dans le domaine», a lancé l’étudiant qui envisageait aussi de devenir professeur d’histoire ou humoriste.

Jean-Claude Boisclair, Nancy Beaudet, Mathieu Gauthier et Véronique Rousseau sont bien fiers de Benjamin.

Le défi était tout aussi grand pour les enseignants, mais tous ont mis la main à la pâte afin d’accompagner Benjamin dans son rêve. «Il doute parfois de lui-même, c’est son gros point à travailler. Il est capable. Il fait de bonnes choses. Il fait aussi des erreurs, mais c’est une école. C’est normal», a lancé l’enseignant Jean-Claude Boisclair, en soulignant la politesse de l’étudiant.

Au fil des semaines, Benjamin a dû apprendre à accepter les compliments des gens qui l’entourent. «Ce que j’ai trouvé le plus difficile, c’est la pression de bien faire les choses. Il y a tellement de matière et il faut prendre de la vitesse. Il faut que j’améliore aussi ma gestion du temps. Je sais que je suis en échec, mais je vais revenir l’an prochain pour compléter ma formation», a expliqué Benjamin.

À l’unisson, les professeurs ont approuvé les dires du futur pâtissier. «Ses compétences de base sont acquises et il va même pouvoir en montrer aux autres l’an prochain. Ce n’est pas rien!», a tenu à mentionner Véronique Rousseau, chocolatière bien connue et enseignante à la formation professionnelle.

M. Boisclair a ajouté : «On le considère comme les autres. Il n’y a pas de passe-droit. Ce n’est peut-être pas la plus grosse note, mais il réussit. Il va pouvoir le faire sur deux ans… parce que ce n’est pas vrai qu’on va l’endurer trois ans!», a-t-il lancé à la blague, ce qui a provoqué un rire franc à son élève.

Signe que Benjamin Blanchette est sur la bonne voie, il a réussi à dénicher un stage en milieu de travail au restaurant Le Rachel en compagnie du chef Mathieu Gauthier. «Sa mère est une amie et elle m’a demandé si Benjamin pouvait faire son stage à mon restaurant. Je ne savais pas qu’il était autiste. Ce fut une entrevue mémorable. C’était hilarant! Il a accepté de vivre une immersion complète. Il va travailler sur les mêmes heures que mes cuisiniers», a expliqué le restaurateur.

Même s’il reste beaucoup de chemin à parcourir, Benjamin garde la tête haute, fier de ce qu’il a accompli.

Benjamin Blanchette s’applique à exécuter les tâches de pâtissier.

«J’ai beaucoup évolué depuis le début de l’année. Tant dans ma formation que personnellement. Quand j’aurai réussi, je veux faire le cours de cuisinier et, par la suite, aller au cégep dans le programme de gestion d’entreprise», a-t-il précisé.

Le jeune adulte avait un message pour tous ceux qui côtoient des gens différents : «Soyez patients et respectueux envers les autistes. On a notre place dans la société. On a des rêves. Je suis reconnaissant de pouvoir être ici et d’avoir ma chance d’atteindre mon but.»

(Note de la rédaction : l’entrevue a été réalisée avant les mesures de confinement mises en place par le gouvernement. En raison de la crise du coronavirus, les cours de formation professionnelle sont suspendus et la période de stage est compromise.)

Partager cet article