COVID-19 : un dur coup pour les restaurateurs de Drummondville

COVID-19 : un dur coup pour les restaurateurs de Drummondville
Mardi à l’heure de pointe, le restaurant La Muse était presque vide. (Photo : Erika Aubin)

CORONAVIRUS. Qu’ils aient pris la décision de fermer ou de réduire leurs activités, les restaurateurs de Drummondville devront essuyer des pertes financières considérables à cause de la pandémie qui paralyse actuellement le monde.

Yannick Letendre, copropriétaire du pub la Sainte-Paix, estime ses pertes financières à 30 000 $, et ce, seulement pour le mois de mars. «Les risques dans le domaine du spectacle sont élevés : si un événement dans le mois ne fonctionne pas bien, ça mange tout notre profit mensuel. La majorité des salles de spectacle au Québec vivent au jour le jour», explique celui qui a pris la décision de fermer son pub pour le prochain mois.

Et il n’est pas le seul dans le même bateau.

Mathieu Gauthier, propriétaire du Rachel, a lui aussi décidé de fermer boutique. «Nous avons beaucoup jonglé avec l’idée de rester ouvert, mais nous croyons qu’il en est de notre responsabilité sociale de mettre la santé de nos employés et clients avant nos profits», précise-t-il.

«Il va falloir creuser dans nos économies pour payer le loyer ainsi que nos fournisseurs, qu’on prévoyait rembourser grâce à une rentrée d’argent», admet le chef cuisinier.

D’autres restaurateurs ont plutôt décidé de poursuivre leurs activités. «Nous avons agrandi en septembre en pensant renflouer nos coffres cet été. Donc, nous n’avons pas de coussin financier. Si je ferme plus de deux semaines, l’entreprise ne pourra pas survivre», fait savoir Marianne Waltz, propriétaire du bistro Ölistik. L’entrepreneure garde ouvert son bistro, tout en réduisant le personnel et en gardant une bonne distance entre les tables.

S’adapter

Pour faire face à cette crise financière importante, les restaurateurs de la région ont déjà mis en place des initiatives toutes plus originales les unes que les autres.

«Il faut être capable de s’adapter, c’est un peu ça être entrepreneurs», lance Marianne Waltz. Cette dernière prévoit mettre sur pied un nouveau modèle d’affaires pour pouvoir passer à travers la période d’incertitude. «Je mise sur le prêt-à-manger, mais ça ne se rue pas à la porte. Je vais sûrement vendre des repas à réchauffer qu’on va livrer chez les gens», souligne-t-elle.

Même son de cloche du côté de La Muse. Le restaurant situé sur la rue Heriot mise sur les boîtes à lunch et vend ses fameux potages pour ceux qui aimeraient en rapporter à la maison.

Le Capiche a lui aussi emboîté le pas à ce nouveau modèle d’affaires temporaire, soit les livraisons. «Au lieu de renvoyer tout le monde chez eux, nous transformons nos cuisiniers en livreurs. Le gouvernement demande de ne pas tout fermer, pour continuer à offrir un service essentiel de restauration. Si tout le monde ferme, ce n’est pas vraiment mieux. Il faut que les gens continuent de se nourrir. Cela réduira la pression sur les épiceries locales», soutient Guillaume Déry, copropriétaire du restaurant italien.

Julie Arel, propriétaire de La Muse.

S’unir

Julie Arel, propriétaire de La Muse, croit que le temps est à l’entraide. Elle demande l’aide rapide des gouvernements et les propriétaires d’immeubles pour passer à travers cette crise sans précédent.

«Nous sommes en train d’envoyer 90 % de notre personnel en chômage. Nous souhaitons prendre les bonnes décisions, mais surtout savoir ce qui nous attend, car présentement nous n’avons aucune information concernant les aménagements ou les allégements qui seront offerts aux restaurateurs du Québec», affirme-t-elle.

L’ancienne propriétaire du Madrid lance un mouvement pour rallier les restaurateurs des quatre coins du Québec afin de faire pression sur les gouvernements.

«Nous n’avons pas été formés pour envoyer l’ensemble de nos employés au chômage. Depuis des mois, nos établissements fonctionnaient au maximum de leur capacité malgré le manque de personnel. Du jour au lendemain, nos restaurants sont vides. À la fin du mois, nous devrons payer nos taxes, nos loyers et notre électricité. La réalité est que la plupart des restaurateurs du Québec ne sont pas assez solides financièrement pour soutenir cette pression. Si nous n’avons pas d’aide, nous allons tous mourir à petit feu», ajoute Julie Arel.

Devant l’urgence d’agir, le manque d’information et l’isolement, elle a lancé la page Facebook «Sauvons les restos/bars et nos employés».

«Nous vivons tous la même réalité. Dans cette période cruciale, il faut laisser la concurrence de côté, se rassembler et pouvoir s’entraider. Nous avons créé cette page pour faciliter les communications. Elle sera un milieu d’échanges afin de parler de nos craintes et des solutions disponibles», conclut Mme Arel, qui se désole de ne voir aucune initiative entreprise par l’Association Restauration Québec (ARQ).

Une page Facebook a été lancée pour aider les restaurateurs.
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