Période difficile pour les entreprises locales

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Par Marilyne Demers
Période difficile pour les entreprises locales
Émilie Langlois, propriétaire de l’entreprise Les confections de Lili. (Photo : Ghyslain Bergeron)

CORONAVIRUS. Alors que des entreprises ont été forcées de fermer leurs portes pour éviter la propagation de la COVID-19, d’autres doivent faire des pieds et des mains pour demeurer ouvertes.

Chez Les confections Lili, qui fabrique notamment des couches lavables évolutives, les impacts du coronavirus se font sentir. «Ç’a été comme une claque dans la face. Nos plus gros événements de l’année, qui sont les Salons Maternité Paternité Enfants à Québec et Montréal, ont été annulés. Pour nous, c’est comme un 13e mois de ventes dans l’année qu’on perd. Ces événements donnaient le ton pour les six prochains mois», indique la propriétaire, Émilie Langlois.

«Ç’a des répercussions sur le long terme. En ce moment, on ne sait pas comment on va faire pour remplacer cette visibilité pour aller chercher les ventes dont on a besoin, poursuit-elle. On a beaucoup d’inventaires. On a huit semaines d’avance sur la production. Si on ne réussit pas à écouler cet inventaire, on va devoir mettre à pied la moitié de notre équipe.»

La femme d’affaires élabore présentement un plan d’action pour tenter de diminuer les impacts au sein de l’entreprise qui compte neuf employés. «On essaie de mettre sur pied une façon d’écouler l’inventaire de trop pour éviter des mises à pied. On tente aussi de réduire les dépenses. Tout ce qui se fait habituellement en sous-traitance est ramené en atelier», explique-t-elle.

«L’idée, c’est de mettre en place des solutions pour ne pas être obligé de fermer de façon permanente. Si ça dure un ou deux mois, qu’est-ce qu’on doit faire pour avoir les reins assez solides pour passer à travers d’une période difficile comme ça?», ajoute la mère de trois enfants.

Télétravail

Pour poursuivre leurs activités tout en accommodant les parents qui doivent rester à la maison avec leurs enfants en raison de la fermeture des écoles et des garderies, des entreprises autorisent le télétravail lorsque la situation le permet.

«On m’a fourni tous les outils nécessaires afin de pouvoir obtenir mon revenu tout de même. Je procèderai de cette façon pour les deux prochaines semaines. Nous suivrons les directives du gouvernement. Si ce délai est prolongé, je continuerai de cette façon afin que mon conjoint puisse aller travailler de son côté», commente Kate Duchesneau, directrice au service après-vente chez Setlakwe.

«Ce sera un peu difficile dû au fait que les enfants sont peu âgés et qu’ils ne comprennent pas la situation, mais on trouvera une façon de bien les occuper durant ce temps», ajoute la mère de deux enfants de deux et quatre ans.

Jean-François Tremblay et sa fille Camille. (Ghyslain Bergeron)

Même son de cloche du côté de Jean-François Tremblay, courtier hypothécaire pour Multi-Prêts Hypothèques. «Je reste à la maison avec ma fille Camille puisque la garderie est fermée. Je travaille mes dossiers à distance. Généralement, les clients aiment rencontrer leur courtier en personne quand ils magasinent leur hypothèque, mais en ce moment, on s’oblige à travailler en version virtuelle le plus possible», indique-t-il.

Marc-André Patry, qui vit avec la maladie de Crohn, n’a d’autres choix que de rester à la maison. «Je prends une médication, qui diminue le système immunitaire. Je suis habitué de faire attention. Je me fais vacciner contre la grippe chaque année et j’ai une bouteille de Purell à mon bureau. Je vais quand même, le plus possible, laisser ma copine faire les sorties essentielles, comme l’épicerie et la pharmacie», indique cet ingénieur qui travaille chez Soucy International.

Marc-André Patry et sa famille.

À la maison avec sa conjointe, qui est éducatrice spécialisée, et ses deux filles, M. Patry pourra avancer ses dossiers à distance. «On doit continuer les opérations pour continuer les livraisons et l’avancement des projets, mais sans mettre à risque les employés. Cet épisode permettra de tester le télétravail sur de plus longue période, découvrir ses réels avantages, mais surtout ses limites», est-il d’avis.

À la Ville de Drummondville, le télétravail s’applique en fonction de la nature du poste. Si cette option n’est pas possible, les employés étant dans l’obligation de s’absenter en raison de la fermeture des écoles et des garderies ou ayant reçu un diagnostic de COVID-19 ou étant malades doivent épuiser leurs banques de congés maladie et de congés personnels.

«À la Ville, seulement certaines rares personnes ont accès au télétravail. L’option n’est donc pas envisagée pour la majorité du personnel, a commenté une personne ayant préféré garder l’anonymat. Ils ne sont pas très conciliants avec les parents, surtout si on considère que notre absence est hors de notre contrôle.»

Il n’est cependant pas écarté que des mesures soient mises en place pour accommoder les travailleurs qui devront demeurer à la maison avec leurs enfants. «La direction des ressources humaines a envoyé un formulaire. Les chefs de mission et les directeurs de services vont le remettre chaque matin et évaluer les besoins, la raison pour laquelle un employé ne peut pas se présenter. Si c’est en raison des garderies et des écoles fermées, on va faire le décompte et regarder si on peut ouvrir un camp de jour ou un centre communautaire pour avoir nos employés encore en relation», explique Yves Beaurivage, coordonnateur des mesures d’urgence.

Jusqu’à maintenant, la Ville indique que peu d’employés se sont absentés, à l’exception de quelques employés en quarantaine à la maison à titre préventif puisqu’ils étaient récemment de retour d’un séjour à l’étranger.

De son côté, le gouvernement a fait savoir que des mesures d’atténuation des impacts financiers pour les entreprises et les employés seront applicables.

 

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