Les cabanes à sucre voient leurs revenus s’envoler

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Par Cynthia Martel
Les cabanes à sucre voient leurs revenus s’envoler
Les cabanes à sucre devront faire face à des pertes alimentaires et de revenus. (Photo : Journal L'Express, archives)

CORONAVIRUS. De la nourriture attend sur les tablettes des cabanes à sucre et l’eau d’érable continue de couler depuis leur fermeture obligatoire dimanche. Il s’agit d’un dur coup pour les propriétaires qui prévoient déjà perdre des dizaines de milliers de dollars. 

Comme leur brève saison venait de s’entamer, plusieurs avaient fait des approvisionnements alimentaires pour les deux prochains mois. C’est le cas de Jacinthe Hébert, gérante de la Cabane aux 3 Érables à Lefebvre.

«J’avais fait une commande complète d’oreilles de crisse, de graisse et de mélanges à omelettes le 2 mars en vue de l’ouverture le 7 mars. À ce moment-là, on commençait à parler de l’épidémie, mais on était loin de se douter qu’on se rendrait jusqu’à la fermeture de presque tout. Je me retrouve présentement avec, entre autres, 25 caisses d’oreilles de crisses emmagasinées dans la chambre froide, quantité qui permet de nourrir environ 2500 personnes», raconte-t-elle.

Elle estime à 5000 $ les pertes alimentaires que l’entreprise pourrait éponger.

«Je peux conserver les oreilles de crisse pendant un moment, mais ça ne se garde pas indéfiniment et ça ne se congèle pas vraiment. Dimanche, on a fait profiter des gens de la municipalité en leur offrant notamment de la soupe et des beans qui nous restait du week-end, car nous avons eu la moitié moins de visiteurs que prévu», indique Mme Hébert.

Les dépenses de 5000 $ s’ajoutent à celles encourues pour le sirop d’érable.

«On achète le sirop depuis la crise du verglas parce que tous nos arbres avaient cassé. On en a donc aussi pour des milliers de dollars», laisse-t-elle entendre.

«Il y a des gens qui nous proposent de faire du take out, mais nous ne sommes pas équipés pour ça. Disons aussi que ça ne nous le dit pas, nous sommes un peu démoralisés», ajoute-t-elle, précisant que l’érablière est la propriété de son conjoint, Keven Desmarais.

Ils devront aussi faire une croix sur les revenus.

«On ne fait pas de profit vraiment en temps normal, mais ces sous aidaient à payer les taxes, l’Hydro, le propane et une partie des dépenses reliées à notre maison», fait savoir celle qui s’apprêtait à appeler un par un les clients avec une réservation.

«Le mal est fait. Même si on ouvre de nouveau dans quelques semaines, je ne crois pas que les gens vont venir», croit-elle.

De son côté, Claudia Jutras, copropriétaire de l’Érablière La Pente douce à Notre-Dame-du-Bon-Conseil, n’entrevoit pas d’importantes pertes alimentaires.

«Nous n’avions pas beaucoup de réserve, donc les pertes alimentaires ne seront pas dramatiques», indique-t-elle.

Durant les prochaines semaines, elle et les trois autres membres de sa famille propriétaires de l’érablière continueront à récolter l’eau d’érable et en faire la transformation.

«Les gens peuvent acheter notre sirop, donc ça ne nous affecte pas de ce côté. Une chance qu’on est bien établi depuis des années, car je pense aux petites cabanes à sucre, ça ne doit pas être drôle», souligne Mme Jutras.

Il était encore trop tôt pour celle-ci d’estimer les pertes financières qu’engendrera cette pandémie.

Le Village sucré du Village québécois d’antan a annulé sa saison entière.

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