Steve Veilleux tous azimuts

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Par Jean-Pierre Boisvert
Steve Veilleux tous azimuts
Steve Veilleux. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Steve Veilleux est l’un de nos artistes drummondvillois les plus en vue au Québec et même au-delà. Celui qui a déjà passé la moitié de sa vie avec son band Kaïn a su, avec ses comparses, composer et offrir de jolies ballades qui ont non seulement mérité une place enviable au palmarès mais aussi dans la tête et le cœur d’un public toujours resté fidèle. L’Express magazine a demandé à Steve Veilleux de se prêter au jeu des questions-réponses. Il a bien sûr promptement accepté. 

Q – Comment a commencé l’histoire d’amour, pour employer une expression appropriée au mois de la Saint-Valentin, entre toi et le public, qui dure toujours après 20 ans?

SV : J’ai toujours aimé le monde. L’échange, le partage. Je crois que je partage bien, justement, la passion de mon métier, que je cultive depuis maintenant plus de 20 ans. Je respecte énormément les gens qui me permettent de vivre de mon art. Les gens le sentent je crois.

Q – Pourrais-tu identifier un feeling, un moment marquant sur scène, qui traduirait le mieux cette relation?

SV :Chaque fois que j’entends les gens s’approprier une de nos chansons, la chanter à tue-tête, ça m’allume le frisson. On ne s’habitue pas à ces «petits miracles» de la scène.

Q – Est-ce que tu perçois une différence entre le public d’aujourd’hui et celui du début de ta carrière?

SV :La plus grande différence est définitivement au niveau du disque, du support. Un show, c’est et ce sera toujours unique. Les gens décident de la direction, de l’échange. Je carbure à l’essence de la scène et je crois que la santé du spectacle est excellente, chez nous.

Le groupe Kaïn. Photo gracieuseté

Q – Dirais-tu que la chanson «Embarque ma belle» est la plus marquante de ta carrière?

SV :Oui. C’est devenu l’incontournable, le reflet de notre musique. Elle a bien vieilli et c’est toujours touchant d’entendre toutes ces générations la chanter, lors de nos spectacles. Kaïn ratisse les générations et c’est formidable.

Q – Est-ce qu’il faut que tu sois dans un état particulier (joie, déception etc) pour entreprendre une composition?

SV :Il faut bien prendre soin de soi. On se doit d’être la priorité de notre vie. Si je vais bien, mes enfants le sentent, mes amis, ma blonde et ma carrière aussi. Tout passe par soi. Pour écrire, la «machine» doit être à son meilleur. Je n’ai pas envie d’écrire si je suis fatigué ou malade par exemple.

Q – Comment la musique est arrivée dans ta vie?

SV :J’ai été élevé dans la musique. Mon père joue de l’accordéon et du violon et donc la musique traditionnelle et la musique country sont la trame sonore de mon enfance. J’ai commencé à chanter le country vers 9 ou 10 ans, dans nos partys de famille.

Q – Comment s’est formé le groupe Kaïn au tout début?

SV: Le groupe s’est formé en 1999. J’ai rencontré Yanick Blanchette, le premier batteur, dans un jam et cela a cliqué tout de suite. Dans les mois suivants, Patrick Lemieux, guitariste, et Éric Maheu, se sont greffés. La chimie n’était pas seulement musicale; il y avait une volonté commune de faire des sacrifices pour arriver à vivre de notre musique. La relation humaine est importante. Il ne faut pas perdre de vue pourquoi on a fondé un band, pour le fun, pour nourrir notre passion et pour trouver ça drôle.

Q – Comment as-tu vécu la période où le groupe a perdu des membres? Est-ce que cette période a été difficile?

SV: Ça n’a pas été difficile. On a changé pour le mieux. Patrick et Yannick voulaient aller voir ailleurs. Éric et moi, nous avons continué avec Kaïn. Ça s’est fait d’un commun accord et pour le bénéfice de tous. Maintenant, avec l’ajout de John Anthony Gagnon Robinette, à la guitare, Kaïn est un trio.

Q – Quelle est ton opinion sur les fameux téléchargements qui ont pour effet de détourner des profits qui sont destinés aux artistes créateurs?

SV :Je crois que le problème est à l’autre bout de la chaine. Du côté des redistributions aux artistes. Le streaming et autres moyens de consommer, c’est bien pour les consommateurs, mais le juste retour n’est pas du tout fait de façon équitable envers les artistes. Ce sont les artistes gouvernementaux qui doivent faire face à la musique et ajuster le tir.

Q – Quelle importance accordes-tu aux réseaux sociaux?

SV :En quasi-totalité, j’utilise les médias sociaux pour le travail. Très peu du côté personnel. Comme dans tout, c’est important d’avoir un équilibre.

Q – Que retiens-tu de ton expérience dans les écoles où tu as donné des ateliers-conférences aux élèves du secondaire?

SV: J’ai appris beaucoup avec ces ateliers-conférences. Je me suis fait surprendre par les ados qui ne sont pas de jeunes ingrats comme certains le prétendent. J’ai fait le tour des quatre écoles secondaires de Drummondville, une à Gatineau et à Acton Vale, et je peux dire que ce projet n’est pas terminé. Il est simplement remisé. J’y ai partagé ma passion et cela s’est fait dans une relation naturelle.

QLa chanson québécoise saura-t-elle garder sa place dans notre culture, compte tenu des influences américaines et de l’abondance des plateformes numériques?

SV :L’émergence musicale québécoise est fameuse. Le talent nous sort par les oreilles ici. Les gens doivent acheter et aller voir les shows de chez nous, c’est notre histoire, nos racines, notre talent. On se doit d’être fier et de se tenir debout. Oui, je crois en notre chanson.

Q – Peux-tu nous parler de ta famille?

SV: Je suis un heureux père d’une fille de 18 ans, Ariane, et d’un fils de 10 ans, Éloi. Je suis depuis trois ans avec mon amoureuse Vicky qui a deux filles de 18 et 20 ans. Tout ce beau monde gravite au sommet de mes priorités. En vieillissant, le sommet change de place et les priorités aussi.

Q – Quelle place occupe Drummondville dans ta carrière?

SV :Drummond, c’est ma frayère. Je suis le saumon qui refuse de la quitter. (rires) J’ai toujours clamé haut et fort d’où je viens et j’en suis fier.

Q – Que retiens-tu de ton expérience solo?

SV :Mes deux albums ont été des projets artistiques vraiment inspirants. Ils ont teinté ma plume et changé mon écriture à jamais. En particulier avec l’album où j’ai repris la poésie de Godin. Quelle belle aventure haute en couleur!

Q – Comment vois-tu ton avenir à titre de musicien compositeur?

SV :Je vais écrire des chansons toute ma vie. Je ne sais pas si je pourrai ainsi gagner ma vie encore 20 ans, ça ne dépend pas de moi, mais jamais je n’arrêterai l’écriture.

Q – Qu’est-ce qui s’en vient pour Kaïn dans les prochaines années?

SV: Nous entamons en février une grande tournée en 2020 avec notre nouvel album sorti en octobre dernier. Le 16 mai, nous serons à la Maison des arts Desjardins à Drummondville. Il y aura des artistes invités. Cette tournée marque les 20 ans d’amour avec notre public. Pour monter ce show-là, on prendra une semaine pour réarranger nos chansons et définir le rythme du spectacle. Dans la deuxième semaine, on ira dans une salle pour préparer toute la mécanique du spectacle comme l’éclairage et le son.

Q – Comment va le monde?

SV :Il y a tout un tas d’angles à cette question et tout un tas de perspectives à lui donner. On pourrait faire de la polémique ou de la politique en regardant Trump donner des airs de cirque à sa présidence, par exemple. On peut focusser sur des tas de misères et s’essouffler rapidement, rien qu’à y penser. Mais avant tout, j’essaie de vivre dans le moment présent, de visualiser les bonnes choses et de voir qu’il fait beau, en avant. De prendre soin de moi et des miens. On habite un bien beau pays tsé…

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