Il est où le bonheur au travail, il est où?

Il est où le bonheur au travail, il est où?
Martin Delarosbil, porteur de ballon pour l’Académie Happy culture. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Le monde du travail est en pleine mutation: les priorités des employés ont changé. La génération qui fait son entrée sur le marché du travail ne veut plus un gros salaire, un party de Noël extravagant et de bonnes assurances collectives. Elle est plutôt à la recherche de reconnaissance, d’humilité et surtout, de plaisir. Et dans ce tourbillon de changements, chacun tente de retrouver son bonheur.

Les employés de LaRecharge.ca vont au spa lors de leur première journée de travail au sein de cette entreprise drummondvilloise qui vend des cartouches d’encre. «Si on réussit à mobiliser le nouvel employé dans les 24 premières heures, ça augmente de 69 % les chances qu’il reste plus de trois ans. C’est donc un investissement», rapporte Martin Delarosbil, propriétaire de LaRecharge.ca et de l’Académie Happy culture, en mettant en relief que chaque embauche coûte en moyenne 18 000$ à une entreprise.

Qu’à cela ne tienne, ses employés ont aussi droit à des vacances illimitées. «Je suis qui pour leur dire qu’ils sont fatigués seulement deux semaines en fin juillet et pendant le temps des Fêtes? L’idée, c’est que celui qui veut un congé doit s’assurer que son départ n’impacte pas la vision de l’organisation. J’ai décidé de faire 100 % confiance à mon équipe, jusqu’à preuve du contraire», souligne-t-il.

Les cartouches d’encre, «ce n’est pas un domaine très sexy». LaRecharge.ca cherchait à se démarquer, particulièrement en ce moment où la pénurie de main d’œuvre frappe de plein fouet. «J’ai choisi d’innover dans une culture d’entreprise qui mise sur l’humain et non sur le produit», lance M. Delarosbil. C’est ainsi que sa deuxième entreprise, l’Académie Happy culture, est née.

Le bonheur au travail

Selon un récent sondage Gallup, plus de 87 % des employés manquent de motivation et sont malheureux au travail.  Mais comment être heureux au travail? Répondre à cette question n’a rien d’évident.

L’entreprise Amazon faisait partie des arrêts de la caravane Happy culture.

Il y a deux ans, Happy culture a mis sur pied la Mission Silicon Valley ayant but de parcourir 23 000 kilomètres et de rencontrer 32 entreprises. Happy culture est allée à la rencontre de grandes sociétés comme Google, Facebook, Amazon et Lululemon, notamment. «On chassait ce qui a de plus innovant dans l’industrie», laisse-t-il tomber. Questionné à savoir quelle industrie avait la meilleure culture d’entreprise, M. Delarosbil répond sans hésiter : Zappos, qui fait dans la vente de chaussures en ligne.

«Après son premier mois de travail chez Zappos, un employé se fait offrir deux choix : conserver son job ou avoir deux mois de salaire (on double la mise) et se retrouver sans emploi. On appelle ça le «paid to quit». La psychologie dit que si tu es prêt à trahir la compagnie, tu es mieux de partir tout de suite. En mettant une somme financière sur la table, on mesure le niveau d’adhésion de la personne. Chez Zappos, moins de 1 % accepte la deuxième option», cite-t-il en exemple.

Le laboratoire mobile de Happy culture a parcouru la Silicon Valley à la recherche des meilleures cultures d’entreprises.

Happy culture a aussi visité la Scandinavie, qui regroupe des pays nordiques créateurs de bonheur. «Ils sont réputés depuis une centaine d’années pour avoir les citoyens et les employés les plus heureux. On a voulu comprendre pourquoi», fait-il savoir.

Martin Delarosbil croit qu’il y a quatre piliers principaux qui impactent le bonheur : le sens au travail — l’employé doit se sentir utile et connaître l’impact qu’il a dans l’entreprise —, la confiance, la reconnaissance et le plaisir.

Le choc des générations

Selon lui, le plus grand frein au bonheur est la reconnaissance des employés. Actuellement, deux générations se côtoient sur le marché du travail : les baby-boomers et les millénariaux. L’un veut une chose, l’autre l’inverse.

«La volonté est là, mais les patrons sont maladroits en ce qui concerne la reconnaissance des employés. Certaines actions mises en place, comme le super gros party de Noël, sont complètement à côté de la track. Il faut trouver des pratiques innovantes et surtout, s’adapter à la nouvelle génération», explique-t-il.

«Souvent les dirigeants vantent leurs assurances collectives, mais un millénarial s’en fout. Lui, il veut des horaires flexibles et de la liberté. Je suis un fan de cette génération qui a une volonté de changer le monde absolument extraordinaire. Si tu donnes de la reconnaissance, une vision claire et que tu réussis à mobiliser un millénarial, c’est incroyable ce qu’il peut réaliser», ajoute-t-il.

Martin Delarosbil croit aussi que la créativité fait défaut dans l’industrie. «Il manque de folie dans les entreprises. Il faut réinventer notre principe de reconnaissance et cela doit être basé sur la confiance».

Ce ne sont que quelques ingrédients à cette laborieuse recette du bonheur, version Drummondville.

Happy culture à Drummondville

L’Académie Happy cuture a fait son chemin et s’est instaurée dans plusieurs entreprises de la région, telles que Métalus, les pharmacies Brunet, les Résidences Pelletier et le Groupe RDL, notamment. «Le sujet numéro un dans toutes les entreprises présentement, c’est la pénurie de main d’œuvre. Ça les amène à chercher des solutions. Il y a clairement une volonté de changer la culture d’entreprise et on le voit par la demande qu’on reçoit chez Happy culture», explique Martin Delarosbil.

Un exemple d’offre d’emploi pour laquelle Happy culture a reçu de nombreuses candidatures.

 

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