Problématique de l’eau potable: les Wickhamois se posent des questions

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Par Jean-Pierre Boisvert
Problématique de l’eau potable: les Wickhamois se posent des questions
La municipalité de Wickham. (Photo : Archives Jean-Pierre Boisvert)

EAU. Combien de temps encore les Wickhamois vont-ils vivre avec leur problématique de l’eau potable, dont la fuite demeure toujours introuvable?

C’est l’une des questions que se posent des citoyens que L’Express est allé rencontrer lundi matin dans la petite municipalité voisine de Drummondville. Depuis le 11 février, un avis de la Municipalité indique qu’il faut faire bouillir l’eau du robinet durant une minute avant de l’utiliser, et c’est sans compter les interruptions du service qui sont nécessaires pour effectuer de travaux ayant pour objectif de localiser le problème. Quelques-unes des personnes interrogées n’ont toutefois pas voulu être identifiées.

Ainsi, une des résidentes de l’immeuble Habitat des érables a dit s’inquiéter des coûts occasionnés par l’achat de l’eau embouteillée. «Moi je viens d’acheter 80 bouteilles d’eau. Je fais une réserve car on ne sait pas combien de temps ça va durer. Mais mes voisines ne sont pas riches et n’ont pas toutes les capacités financières de faire ce type de dépenses imprévues. J’espère qu’elles seront aidées si ça perdure», a-t-elle souhaité. Elle a raconté qu’elle a été surprise par la première interruption survenue la semaine dernière. «Je ne le savais pas. J’ai appris ensuite qu’on doit s’inscrire à la Municipalité pour recevoir un appel téléphonique automatisé lorsqu’une interruption est prévue. Il faut que les gens le sachent afin d’être prévenus».

Patricia Eustache, directrice de l’école, souligne que les élèves collaborent en apportant leur gourde.

Utiliser de l’eau embouteillée est d’ailleurs une recommandation de la Municipalité et ce sont bien sûr les dépanneurs qui en tirent profit. Au dépanneur Pétro-T, les gens y viennent acheter de l’eau, surtout dans le format de 18 litres, non sans faire connaître leur mécontentement. «Le problème dans un dépanneur n’est pas le même qu’à la maison, où ce n’est pas drôle pour les enfants qui doivent se laver et se brosser les dents sans utiliser l’eau courante», nous a-t-on fait remarquer. Durant les interruptions, comme celle de demain, les toilettes seront barrées.

À l’autre dépanneur du village, André Hébert et son épouse Francine, propriétaires depuis 25 ans, constatent aussi que les gens sont déçus. «Nous, on a notre propre puits, mais je sympathise avec les gens qui connaissent ces inconvénients. Ils doivent surtout surveiller les enfants. Tout ça est désagréable, mais, que voulez-vous, on a un vieux système d’aqueduc», de laisser tomber M. Hébert.

Pour Manon Bourbonnais, ça commence à devenir fatigant. «Depuis janvier qu’on reçoit des messages réguliers pour faire bouillir l’eau. D’abord, il faut y penser, mon mari a la maladie d’Alzheimer, ce n’est pas évident… Quand mes petits-enfants viennent nous rendre visite, il faut aussi faire attention même si on leur sert une mise en garde. De plus, il n’est pas facile de transporter une cruche de 18 litres, c’est trop pesant. Je présume que c’est situation doit être difficile pour les gens âgés», souligne-t-elle avec compassion.

À l’école Saint-Jean, la directrice Patricia Eustache n’est pas peu fière de mentionner que les (250) élèves ont collaboré rapidement en apportant leur gourde. «Ils apportent leur gourde et cela nous a permis de contourner le problème. Ça marche très bien», confie-t-elle tout en se réjouissant d’être durant la semaine de relâche. La Commission scolaire des Chênes, qui nous apporte des cruches d’eau, et la Municipalité collaborent très bien», a-t-elle ajouté.

Richard Laliberté, sa conjointe et leurs deux jumeaux ont appris à vivre avec cette problématique.

Pour Richard Laliberté, père de jumeaux de 10 ans, la question de savoir quand le problème sera définitivement réglé. «Là, ça fait plusieurs fois que ça se produit et nous avons appris à faire avec les cruches d’eau. Dans tout ça, je me demande si le réseau est conforme. Il n’y a pas de valves pour permettre de couper l’eau secteur par secteur. Ils sont obligés à chaque fois de couper l’eau pour tout le monde. Je sais que la fuite n’est pas facile à localiser, mais j’espère que ce volume d’eau perdue, qui est considérable, ne finira pas par former un genre de lac souterrain», lance-t-il sans vouloir être alarmiste.

Une dépense de 30 000 $… jusqu’à maintenant

Selon le directeur général Réal Dulmaine, la Municipalité de Wickham a jusqu’ici dépensé 30 000 $ pour effectuer les travaux de recherche.

«C’est certain que les dépenses ne sont pas terminées. On continuera de travailler avec la firme spécialisée que nous avons mandatée, qui utilise un appareil de corrélation acoustique», a-t-il dit. (NDLR : le principe de la corrélation acoustique est une méthode non intrusive, une fuite émet une vibration sur la canalisation. Cette vibration est transmise à des capteurs qui «écoutent» le tronçon fuyard).

M. Dulmaine a par ailleurs admis que la conception du réseau d’aqueduc, datant des années 90, ne permettait pas l’installation de valves permettant de couper l’eau par secteurs. Il a également précisé que les cadrans où s’effectue la lecture de la pression, ont été vérifiés et sont fiables.

Rappelons qu’environ 350 adresses sont touchées par ce problème.

Ajout de deux vannes

La Municipalité va procéder mardi à l’ajout de deux vannes sur son réseau d’aqueduc. Par définition, une vanne est un dispositif destiné à contrôler le débit d’un fluide liquide ou gazeux en milieu libre ou en milieu fermé.

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