Un «vote frauduleux» pour des services d’aqueduc et d’égout

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Par Marilyne Demers
Un «vote frauduleux» pour des services d’aqueduc et d’égout
Alexandre Therrien et Michael Delaunois, qui possèdent chacun une propriété sur le boulevard Mercure, jugent exorbitants les coûts qu’ils devront payer pour les travaux d’aqueduc et d’égout dans leur secteur. (Photo : Marilyne Demers)

DRUMMONDVILLE. Un résident du boulevard Mercure déplore les coûts associés à des travaux d’aqueduc et d’égout dans son secteur. Alors que les citoyens devront se partager une partie de la facture, Alexandre Therrien estime que son compte de taxes augmentera considérablement. 

Ce printemps, des travaux d’aqueduc et d’égout seront effectués au coût de 2,3 M$ sur les rues Monique, Bahl, Gérard-Niquette ainsi que le boulevard Mercure, dans le secteur Saint-Nicéphore. La Ville contribuera à hauteur de 530 000 $. La somme restante sera répartie entre 46 propriétaires de 62 unités.

Alexandre Therrien possède un terrain cadastré de 29 650 pieds carrés. La Ville estime que la superficie de son terrain lui permettrait de le subdiviser en trois lots. Ainsi, il devra payer pour l’équivalent de trois unités pour les travaux prévus, soit une somme de 56 000 $ ou de 4 500$ sur 20 ans avec intérêts.

«Ce surplus de taxes s’ajoute à mon montant annuel de 1 800$. Ça me fait plus de 6 000 $ de taxes par année. La valeur municipale de mon terrain est de 27 500 $, mais la Ville veut me charger 90 000 $ pour ces services si on fait le calcul pour 20 ans», s’insurge Alexandre Therrien.

L’installation des services d’aqueduc et d’égout dans ce secteur avait fait l’objet d’une pétition signée par 39 résidents en mars 2016. Ayant pris connaissance de cette demande, la Ville a tenu un vote auprès des citoyens concernés pour aller de l’avant avec les travaux estimés à environ 25 000 $ par unité. Celui-ci s’est conclu par 50 % en faveur et 50 % contre. Le projet a été mis sur la glace.

Deux ans plus tard, il a été proposé d’installer seulement l’aqueduc. La majorité des résidents ont voté pour cette option. «Entretemps, une subvention du MAMH est octroyée à la Ville, ce qui permet d’offrir l’aqueduc et l’égout, donc la Ville va de l’avant», indique Thomas Roux, conseiller en relations publiques au Service des communications de la Ville de Drummondville.

L’aide financière provenant du programme PRIMEAU est de 780 000 $, laquelle servira à alléger la facture des résidents. Ainsi, le montant prévu par unité est d’environ 17 800 $. Sans subvention, ce coût serait de 30 750$. Il n’a toutefois pas été possible de connaître auprès de la Ville le montant qui était prévu pour les travaux d’aqueduc seulement.

Michael Delaunois, qui habite sur le boulevard Mercure, verra aussi son compte de taxes augmenter. «Pour ma part, je devrai payer pour une unité. C’est une somme de 1 500 $ par année qui va s’ajouter à mon compte de taxes», fait-il savoir.

Tout comme son voisin Alexandre Therrien, M. Delaunois critique la décision de la Ville de procéder à des travaux d’aqueduc et d’égout, jugeant qu’ils n’ont pas été consultés en ce sens. «Nous, on a voté pour les services d’aqueduc, pas pour les égouts. Pour l’eau, c’était environ 700 $ de plus par année par résidence», soutient-il.

«C’est un vote frauduleux», ajoute Alexandre Therrien.

Vendre ou payer?
Pour tenter de réduire les coûts qui lui sont demandés pour les travaux d’aqueduc et d’égout, Alexandre Therrien a rencontré des intervenants de la Ville. Selon eux, la seule solution possible serait de vendre une partie de son terrain.

«En vendant une de ces trois parcelles, ce citoyen pourrait couvrir presque la totalité des frais des travaux. Les trois lots sur son terrain auront chacun un branchement d’aqueduc et d’égout. Ils prendront de la valeur parce qu’il y aura des services», indique Thomas Roux.

Par le passé, la Ville a vécu des situations similaires où des propriétaires ont vendu une partie de leur terrain pouvant être subdivisé, et ce, même s’ils avaient assuré qu’ils le conserveraient entièrement. Pour éviter que la situation ne se reproduise à nouveau, la Ville demeure catégorique. Alexandre Therrien devra considérer trois lots distincts pour l’installation des services d’aqueduc et d’égout.

En 2014, après avoir reçu une lettre de non-conformité de Drummondville pour son système d’épuration, M. Therrien a dû effectuer les travaux nécessaires pour être conforme. «Si je veux vendre une partie de mon terrain, où se trouve la fosse septique, il faudrait que je paie pour le faire décontaminer, alors que c’est la Ville qui m’avait obligé à faire ces travaux. Ce sont des frais supplémentaires», déplore le Drummondvillois.

D’autres citoyens du secteur ont aussi reçu cette lettre, mais n’ont toujours pas effectué les travaux visant à rendre conforme leur système d’épuration, selon la Ville.

Les citoyens qui désirent s’opposer au projet pourront signer le registre du règlement le 9 mars.

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