Va-t-on bientôt manquer de fruits et légumes?

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Par Jean-Pierre Boisvert
Va-t-on bientôt manquer de fruits et légumes?
La crise des trains aura bientôt un impact sur le quotidien des Drummondvillois. (Photo : Unsplash )

TRANSPORT. Le blocus ferroviaire, qui affecte l’économie canadienne depuis quelques jours, aura des effets dans l’acheminement de fruits et légumes dans les épiceries et Drummondville sera bientôt touchée.

C’est l’opinion qu’émet Patrick Turcotte, président du Groupe TYT, qui anticipe déjà «les effets dominos» de la crise des trains au Canada.

D’après lui, le quotidien des individus sera bientôt touché. «On ne reçoit plus la marchandise. Il va commencer à manquer de certains produits dans les épiceries, comme des fruits et légumes», explique-t-il. Sa compagnie de transport assure d’ailleurs la livraison dans différentes épiceries, telles que les IGA et Costco.

«Beaucoup de nos produits alimentaires arrivent par les ports en Colombie-Britannique. Puis, ils sont acheminés au Québec par train. En temps normal, on va chercher la marchandise à Montréal. Présentement, tout est resté bloqué dans l’Ouest canadien. Les ports débordent et ne peuvent même plus accueillir de bateaux», résume-t-il.

La crise ne peut pas durer plus d’une semaine encore, selon lui. «Je trouve que le gouvernement du Canada est très lent à prendre les mesures nécessaires. Si la crise perdure, cela va se traduire par des mises à pied dans certaines entreprises et par une rupture de stock de nombreux produits destinés à la consommation», fait-il savoir.

Au strict point de vue des affaires, les transporteurs routiers de la région de Drummond sont impactés, à divers degrés.

Simon Roy, de Bourret Transport, affirme que c’est plutôt négatif. «Le blocus ferroviaire se reflète de façon négative pour nous parce que la marchandise que nous transportons est composée surtout de produits finis. Mais, pour que nos clients continuent de faire livrer leurs produits finis, il faut qu’ils soient capables d’en produire et ils ont besoin de recevoir les matières premières pour poursuivre leur production. Ce qui est de moins en moins possible en raison de l’arrêt du transport par train», a-t-il expliqué, précisant que le contenu d’un wagon sur rail équivaut à celui de quatre camions sur la route. «À moyen terme, le risque est grand que nous allons subir une baisse de volume», estime M. Roy qui n’envisage pas pour autant des mises à pied.

Le porte-parole de Bourret Transport explique que l’entreprise située sur le boulevard Lemire est plutôt spécialisée dans le transport de produits finis, par petits lots, qui sont livrés chez les clients, un peu à la manière d’un service d’autobus qui doit arrêter souvent pour prendre ou débarquer des usagers. Selon lui, d’autres transporteurs seront au contraire avantagés parce qu’ils ne font qu’une seule livraison, la plupart du temps sur de longues distances.

Certains transporteurs routiers de la région tirent profit de la crise des trains, c’est le cas de SGT 2000.

Effectivement, SGT 2000, de Saint-Germain-de-Grantham, tire profit de la situation, comme le dit le patron Denis Coderre.  «Oui, nous, ça nous avantage. On a plus de transports à faire, notamment dans l’industrie du papier. Le transport par la route, surtout vers les États-Unis, a plus de volume dans les conditions actuelles. Par contre, nous sommes aux prises avec une pénurie de personnel. Je sais que nous ne sommes pas seuls à vivre avec ce problème-là. On a des camions, mais, évidemment, on cherche des camionneurs. Ce n’est vraiment pas facile. Certains, en plus, préfèrent partir tôt le matin et revenir chez eux pour souper», met en contexte M. Coderre.

Pendant ce temps, la crise ne s’atténue pas. Via Rail a annoncé cet après-midi la mise à pied temporaire de 1000 personnes, qui s’ajoutent au 450 du CN.

Rappelons que des manifestants bloquent, depuis deux semaines, les voies du CN, notamment à Belleville (Ontario), par solidarité avec les chefs héréditaires de la Première Nation de Wet’suwet’en, qui s’opposent au passage du gazoduc Coastal GasLink dans le nord-ouest de la Colombie-Britannique.

(Avec la collaboration d’Erika Aubin)

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