Écrasement d’hélicoptère en 2018 : le coroner émet quatre recommandations

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Par Cynthia Martel
Écrasement d’hélicoptère en 2018 : le coroner émet quatre recommandations
L'écrasement s'est produit à Saint-Joachim-de-Courval. (Photo : Archives - Ghyslain Bergeron)

RAPPORT. Deux ans après l’écrasement d’hélicoptère mortel survenu le 1er février 2018 à Saint-Joachim-de-Courval, le coroner Martin Sanfaçon émet quatre recommandations, dont une en lien avec la formation et les compétences des pilotes pour les vols de nuit d’aéronef.

L’an dernier, le rapport d’enquête du Bureau de la sécurité des transports du Canada (BST) avait révélé que le pilote ne possédait pas les habiletés nécessaires pour faire face à une réduction significative des repères visuels avec le sol la nuit. Lors de l’accident fatal, les conditions météorologiques étaient défavorables. Le BST avait souligné que celles-ci avaient fort probablement entraîné une perte de références visuelles avec le sol, avant de faire perdre la maîtrise de l’hélicoptère au pilote en raison d’une désorientation spatiale.

Soulignons que le pilote possédait la licence et les qualifications nécessaires pour piloter un hélicoptère depuis 2004 et qu’il était qualifié sur le Robinson R44 (l’aéronef piloté au moment de l’accident) depuis 2013. Il ne cumulait cependant que 46 heures d’expérience en tant que pilote aux commandes sur un vol de nuit, dont seulement 20 heures sur ce modèle d’appareil. Il n’avait inscrit aucune formation de maintien des compétences dans son carnet de vol et rien ne permet de savoir s’il avait suivi une formation sur les notions de désorientation spatiale en vol de nuit. Sa formation en vol de nuit en 2006 incluait 5 heures de vol aux instruments.

À la lumière de ce constat, le coroner Sanfançon se questionne sur les normes de Transports Canada et de son Règlement sur l’aviation canadien. Celui-ci estime que les normes qui permettent de piloter un hélicoptère la nuit «apparaissent faibles, tant au niveau de la formation initiale que du maintien des compétences.» Il propose donc à Transports Canada «de réviser les exigences minimales de formation initiale et de maintien des compétences pour les vols de nuit d’aéronef».

L’analyse a pu également permettre de savoir que l’appareil était encore associé à son ancien propriétaire dans le registre des balises géré par le Secrétariat national Recherche et sauvetage relevant de la Défense nationale. Le pilote n’avait pas effectué l’enregistrement obligatoire en ligne.

«Cette démarche, pourtant obligatoire selon le site web de l’organisation fédérale, est toutefois tributaire de la bonne volonté de chaque propriétaire d’aéronef, et ce malgré que ce registre soit utilisé par le CCCOS lors de situations d’urgence (…) Il apparaît inconcevable que des services de secours basent leurs interventions sur un registre dont les données peuvent ne pas être à jour», soulève le coroner.

Celui-ci recommande à Transports Canada «d’établir un processus par lequel l’immatriculation d’un aéronef est automatiquement ou conjointement associée à son inscription au Registre canadien des balises». Dans le même ordre d’idée, il suggère à la Défense nationale et à son Centre conjoint de coordination des opérations de sauvetage (CCCOS) «d’établir un processus par lequel l’inscription au Registre canadien des balises se fasse automatiquement ou conjointement à l’immatriculation d’un aéronef».

Enfin, Martin Sanfaçon conseille à la Défense nationale et au CCCOS «d’alerter les services d’urgence locaux dès la captation d’un signal de balise de détresse dans une zone où ces services sont facilement disponibles».

Cette recommandation fait référence au temps (41 minutes) que le CCCOS a mis avant d’alerter les secours de la MRC de Drummond. Bien que cette situation n’a pas eu de conséquence dans cet accident, le coroner indique que «dans des circonstances différentes, ce délai de près de trois quarts d’heure aurait pu avoir de graves répercussions et priver des occupants blessés des meilleures chances possible de survie».

Rappelons que cet écrasement a coûté la vie à Jean-Claude Mailhot, le pilote, à sa fille Janie ainsi que l’amie de celle-ci, Nathalie Desrosiers. Ils demeuraient dans Lanaudière.

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