Boisés de Drummondville-Ouest : sauver ce qui reste (Tribune libre)

Boisés de Drummondville-Ouest : sauver ce qui reste (Tribune libre)
(Photo : Gracieuseté)

TRIBUNE LIBRE. Il y a toujours une bonne raison pour couper les arbres : développement domiciliaire, terrain de jeux, centre d’achats, parc industriel, tour de transmission, ligne de transport ou de distribution d’électricité, usine d’épuration des eaux…

Depuis plus de soixante ans, j’ai ainsi vu ma ville natale prendre constamment de l’expansion et ses boisés rasés l’un après l’autre. Dans sa partie ouest (à vrai dire plus au nord qu’à l’ouest, mais autrefois municipalités de Drummondville-Ouest et de Grantham-Ouest), le phénomène prend couramment de l’ampleur :

  • Massacre a la tronçonneuse l’automne dernier d’une plantation de pins rouges, de magnifiques érables et pins blancs, à l’angle sud-ouest de l’intersection chemin du Golf et de l’autoroute Jean-Lesage (photo jointe);
  • Annonce de l’agrandissement du terrain de golf de Drummondville suite à son achat par Soprema, avec exploitation prévue d’un espace de 300 000 pieds carrés non utilisés et projet d’ouvrir le paysage face à la rivière qui longe le terrain (voir l’article paru à ce sujet dans L’Express le 15 mai 2019);
  • Construction des maisons du projet Le boisé Laurentien, qui n’a plus de boisé que le nom (ce qui n’est pas sans rappeler les Bosquets Saint-François de l’autre côté de la rivière).

    Opinion d’un lecteur

Le 3 mai 2019, je signais dans cette tribune un article intitulé Terrain d’Hydro-Québec : développement inquiétant. Mon inquiétude découlait de l’annonce de la construction d’une dizaine de maisons sur le chemin du Golf Ouest, entre le boulevard Patrick et la rue Picotin. Depuis lors, mes craintes se sont matérialisées. J’ai assisté cet hiver à l’abattage sur les lots concernés de dizaines de chênes, érables et pins blancs aussi vieux que moi (mais dans la force de l’âge quant à eux!) J’ai surtout appris dans un article à saveur de publi-reportage paru dans L’Express le 14 novembre 2019 que l’entreprise qui construira les maisons avait acquis d’Hydro-Québec non seulement les lots en bordure du chemin, mais aussi tout le terrain qui appartenait auparavant à Hydro-Québec à l’angle du boulevard Patrick et du chemin du Golf Ouest.

La ville s’étale comme une tache d’huile dans toutes les directions. Sa partie nord-ouest est la seule où il reste quelques boisés à protéger. La richesse d’une ville ne se mesure pas simplement au nombre de permis de construction qu’elle émet annuellement. Voulons-nous collectivement une répétition de l’histoire du boisé Montplaisir, dont il ne reste que des fragments? Le risque est réel que l’ancien terrain d’Hydro-Québec sur le boulevard Patrick soit un jour le site d’un développement résidentiel, avec tout ce qui vient avec : école, dépanneur, station-service et resto rapide! Son zonage agricole ne le protège que relativement. Le terrain se situe tout juste en dehors du périmètre d’urbanisation de la ville et attise certainement la convoitise de promoteurs dans un contexte politique changeant.  Il y a urgence pour que ce magnifique boisé, en partie couvert de sols humides ou inondés, soit protégé et mis écologiquement en valeur.

À l’heure où la déforestation est un problème planétaire, la ville doit privilégier la densification à l’étalement urbain. Elle devrait acquérir le terrain dont il est question ici et l’intégrer à la Forêt Drummond et à un éventuel Parc naturel régional. Elle devrait à tout le moins faire en sorte que lui soit conféré le statut de réserve naturelle à l’instar du Boisé-de-la-Marconi. Cela vaut également pour l’île que la ville a acquise l’an passé face au Parc des Voltigeurs, autrefois connue, je crois, sous le nom d’île aux lapins.

Alexandre Cusson laisse derrière lui un bel héritage avec la consolidation de la Forêt Drummond et la création récente d’une Commission de l’environnement, présidée par le conseiller John Husk. Il nous quitte surtout en signant un mot d’introduction de la Politique de l’arbre que le conseil de ville vient d’adopter. Il faut souhaiter que le plan d’action qui doit concrétiser cette politique, visant notamment la protection de boisés péri-urbains, soit mis en œuvre rapidement afin de protéger la forêt du boulevard Patrick.

L’économie n’est pas une grosse roue qui doit tourner peu importe ce qu’elle détruit. Notre ville doit faire partie de la solution, pas seulement du problème.

François Nichols, quartier numéro 1

Partager cet article