Quinze heures par semaine, c’est assez

Quinze heures par semaine, c’est assez
Les normes du travail proposent aux étudiants de ne pas accéder 15 heures de travail par semaine.  (Photo : Ghyslain Bergeron)

MARCHÉ DU TRAVAIL. Peu d’adultes accepteraient de travailler 50 heures chaque semaine. C’est pourtant la réalité de plusieurs jeunes, qui jonglent avec le boulot et les études. Des experts soulèvent des inquiétudes sur ce mode de vie qui prend de l’ampleur.

Dominic Guévin, directeur au Collège Saint-Bernard, compte qu’un élève passe 25 heures par semaine assis sur les bancs d’école et qu’il doit faire environ cinq heures de devoirs, au minimum.

«Pour moi, étudier est un boulot en soi. Si en plus de son éducation, un jeune travaille plus de 20 heures, il vient de dépasser facilement les 50 heures. À cela, on ne compte même pas les activités parascolaires», expose le directeur.

«Personne ne dira que de travailler 50 heures par semaine est sain. Pourtant nous acceptons que les étudiants le fassent sans se poser de questions. Il y a comme un seuil d’acceptabilité qui est différent pour les adultes que pour les jeunes», ajoute-t-il.

Une conjoncture se dessine actuellement dans le milieu du travail : les jeunes veulent un emploi pour se payer le dernier gadget à la mode et il y a une pénurie de main-d’œuvre. «La flexibilité de l’employeur n’est pas toujours là, car il n’a pas le choix s’il veut faire rouler sa business», est d’avis M. Guévin.

L’éducateur ne s’objecte en aucun cas à la conciliation travail et études. «Je trouve que ça leur inculpe le sens des responsabilités. Il y a clairement des vertus à cela. Par contre, en haut de 15 heures par semaine, il faut faire attention», est-il d’avis.

Une réflexion de société

Dominic Guévin croit que les éducateurs, les employeurs, les parents et même la société devraient entamer une réflexion sur le sujet.

Dominic Guévin, directeur général du Collège Saint-Bernard.

«Il y a des lois qui encadrent le milieu du travail. Par exemple, les jeunes ne peuvent pas être au boulot entre 23h et 6h, en semaine. Toutefois, il n’y a aucune loi qui limite le maximum d’heures qu’un jeune peut faire pendant l’année scolaire. On dit simplement que le travail ne doit pas nuire aux notes… Sincèrement, je ne connais aucun employeur qui demande à voir le bulletin de ses employés», ajoute celui qui est également président de la Chambre de commerce et d’industrie de Drummond.

D’après lui, les employeurs qui font des accommodements en période d’examen, «il y en a très peu». «Il y a une conscientisation à faire auprès d’eux. Prenons l’exemple du temps des Fêtes. Les jeunes travaillent davantage, car c’est une grosse période, mais c’est aussi à ce moment qu’ils ont beaucoup d’examens», fait-il savoir. M. Guévin souhaite «qu’une légalisation vienne apposer une limite». «Au minimum, je voudrais une campagne de sensibilisation», laisse-t-il tomber.

Le directeur du collège n’est pas le seul à utiliser les 15 heures par semaine comme une référence; les normes du travail aussi.

«Plus de 15 heures par semaine pourraient compromettre la qualité des moments d’études, de travaux ou de loisirs», soulève Véronique Parenteau, intervenante en persévérance scolaire au Carrefour jeunesse emploi Drummond (CJE).

Pour le CJE, travailler pendant les études permet aux jeunes d’acquérir une multitude de nouvelles compétences sociales, professionnelles et personnelles.

«Toutefois, lorsque la conciliation n’est pas bien équilibrée, certains inconvénients peuvent surgir comme le manque d’énergie, davantage d’absentéisme, de la fatigue ou du stress. Cela peut avoir des conséquences non négligeables sur la réussite scolaire des jeunes employés comme des retards dans les travaux, une baisse des résultats, un abandon scolaire ou un congédiement», expose Mme Parenteau.

Cette dernière se veut rassurante : «On entend beaucoup parler des cas problématiques. Sur 100 jeunes, 80 concilient très bien le travail et les études. Au CJE, on voit les 20 autres».

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