Les éducatrices déplorent le manque de reconnaissance

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Par Emmanuelle LeBlond
Les éducatrices déplorent le manque de reconnaissance
Le programme Techniques d’éducation à l’enfance est une formation donnée au Cégep de Drummondville. Amélie Lemay, enseignante au Département d’éducation à l’enfance au Cégep de Drummondville, et Stéphanie Fréchette, directrice générale du CPE Plumeau Soleil. (Photo : Emmanuelle LeBlond)

JEUNESSE. La dévalorisation du métier d’éducatrice à l’enfance et les conditions salariales constituent un frein considérable pour les futures étudiantes qui désirent étudier dans le domaine.

«Malheureusement, c’est une profession qui n’est pas reconnue à sa juste valeur dans notre société. On a encore le réflexe de dire que les éducatrices à l’enfance sont des ‘’gardiennes’’, mais ce n’est pas le cas. Ce sont des professionnelles du développement et de la sécurité de l’enfant», apporte Amélie Lemay, enseignante au Département d’éducation à l’enfance au Cégep de Drummondville. Selon elle, l’image préconçue de la profession peut conséquemment rebuter quelques recrues.

Organiser les activités éducatives, assurer une surveillance constante, appliquer des techniques d’intervention et accompagner les enfants dans leurs routines et leurs transitions : voici un sommaire des tâches de ces travailleuses. Entre autres, le Cégep de Drummondville offre une formation qui permet aux étudiantes d’acquérir des habiletés et des connaissances dans le domaine.

L’institution collégiale mise sur un apprentissage théorique ainsi que pratique. «Il n’y a pas une session où les étudiantes ne vont pas sur le terrain. Elles ont toujours un contact avec le milieu. Aussi, elles ont trois stages à faire qui sont obligatoires», explique Mme Lemay.

Face à cette charge de travail, l’enseignante considère que les éducatrices ne sont pas payées à leur juste valeur. Stéphanie Fréchette, directrice générale du CPE Plumeau Soleil, partage cet avis : «Ce n’est pas payant. Il faut aimer ça. Une éducatrice qui fait ça juste pour l’argent, elle ne durera pas. Elle ne sera pas capable de réussir parce que c’est difficile physiquement et émotivement.»

Selon le ministère de la Famille, le taux horaire moyen pour une éducatrice qualifiée entre le 1er avril 2019 et le 31 mars 2020 est de 18,98 $. Le salaire est amené à changer en fonction de l’ancienneté.

Baisse des inscriptions

Depuis les deux dernières années, le Québec subit une baisse d’inscription dans les institutions collégiales pour le programme Techniques d’éducation à l’enfance, constate le directeur des études du Cégep de Drummondville, Mario Carrier. Pourtant, l’institution collégiale fait partie de l’exception.

«En 2016, on avait 42 demandes d’admission. En 2019, on en a eu 40. Ce n’est pas une grosse variation. Globalement, on remarque que c’est un programme qui est populaire à Drummondville», indique M. Carrier.

Malgré ces statistiques encourageantes, le directeur des études veut continuer à promouvoir la formation dans l’objectif de gonfler les inscriptions. «Au niveau national, on voit qu’il faudrait aller chercher encore plus d’étudiants pour répondre aux besoins actuels. Notre objectif, c’est vraiment de faire connaître le programme», supporte-t-il.

Le taux de placement peut être alléchant, s’élevant à 71% en 2016, selon les chiffres de M. Carrier.

Et les hommes dans tout ça? Présentement, il y a un seul étudiant dans le programme, amène Mme Lemay. «On veut des garçons et on en cherche. C’est démontré que l’homme va apporter quelque chose de différent à l’enfant. Il va être plus porté à jouer avec les enfants. Il y a un contact qui est vraiment rassurant pour les enfants», conclut-elle.

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