Des ados dompteurs de machines

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Par Michael Deetjens
Des ados dompteurs de machines
Manette de jeu vidéo conçue par des élevès de secondaire 1. (Photo : Fab Lab de l'école Marie-Rivier)

ÉDUCATION. Dans un petit local de Drummondville, un laser grave minutieusement des motifs sur une pièce de bois pendant qu’une micro-fraiseuse se concentre à fabriquer un circuit imprimé. Plus loin, une imprimante 3D donne vie à différents objets. Tout ceci se déroule sous le regard attentif de quelques ingénieurs en herbe, les élèves du Fab Lab de l’école secondaire Marie-Rivier.

Un laboratoire de fabrication numérique, mieux connu sous le nom de Fab Lab, est un espace de création peu commun. Les usagers peuvent y fabriquer des objets de toute sorte grâce à du matériel à la fine pointe de la technologie. En 2017, l’établissement scolaire a décidé de mettre sur pied son propre Fab Lab afin de faire profiter ses élèves de son potentiel pédagogique.

Lampe arborant des motifs gravés à l’aide d’une découpe laser.

L’Express s’est entretenu avec Didier Marion Vanasse, enseignant en sciences et coordonnateur du Fab Lab. Ce dernier présente fièrement le récent projet des élèves du programme Sciences de quatrième secondaire. «Ils ont confectionné de toutes pièces des lampes qu’ils ont offertes à leurs proches pour Noël», explique-t-il.

Pour mener à bien leur projet, les élèves ont été initiés aux rudiments de la confection 3D. Ils ont appris le codage informatique ainsi que le maniement d’outils et de machines de haute qualité. De quoi rendre jaloux bien des bricoleurs.

«Un circuit imprimé était créé à l’ordinateur, puis usiné par la micro-fraiseuse numérique. Les morceaux de bois et d’acrylique étaient gravés et découpés par une découpe laser à partir d’un fichier vectoriel. Certaines équipes ont même utilisé une thermoformeuse pour créer des parties de leur lampe», précise M. Vanasse.

«Au lieu de créer un produit dans la seule optique de créer un produit, les élèves doivent déterminer pour qui et pourquoi ils le fabriquent. Il doit répondre à un besoin réel», explique l’enseignant.

Plusieurs autres projets sont effectués annuellement par les apprentis ingénieurs. Notons la confection d’un turbidimètre et d’une catapulte pour les élèves de secondaire 1 et la fabrication d’un microscope pour les élèves de secondaire 3.

L’environnement en trame de fond

Les élèves sont amenés à se questionner sur les impacts environnementaux de leurs créations. Est-ce que des déchets sont générés? D’où proviennent les matériaux utilisés? Quel est l’impact de la production et l’utilisation de la lampe sur l’environnement? L’objectif est que les élèves réduisent au maximum l’empreinte écologique de leurs projets. À titre d’exemple, les imprimantes 3D du laboratoire utilisent un bioplastique à base de maïs produit par une compagnie montréalaise.

Une passion contagieuse
Didier Marion Vanasse, responsable du Fab Lab, souhaite que le laboratoire s’ouvre à toute la communauté.

Le Fab Lab peut se vanter d’avoir transmis la passion des technologies à plusieurs élèves. Un jeune de secondaire 1 s’est découvert un grand intérêt pour les imprimantes 3D. Ce dernier en a même confectionné une chez lui. «Il s’est procuré les différentes pièces sur internet et a assemblé sa propre imprimante 3D. Il est même en train de fabriquer une découpe laser pour papier et carton», explique M. Vanasse. L’enseignant reconnait que l’élève a surpassé le maître. «En imprimante 3D, il est meilleur que nous», confie-t-il, heureux de voir ses élèves développer de nouvelles passions.

Des étudiants choisissent volontairement de prendre part au Club midi. Issus du parcours régulier, les apprentis se rendent au Fab Lab un midi par semaine. Cet automne, les jeunes de secondaire 1 ont conçu une manette de jeu vidéo. Codage informatique, conception de circuits imprimés, travail du bois et de l’acrylique et réalisation de soudure étaient au menu! Plus tôt cette année, ils ont même organisé un combat de robots.

Manque d’espace

Le populaire laboratoire commence à se faire petit. «Il est impossible d’avoir beaucoup d’étudiants en même temps dans le local», déplore M. Vanasse. Un plus grand espace permettrait aux enseignants de l’utiliser à son plein potentiel. L’avenir nous dira si ce souhait sera exaucé.

Pour le moment, à part pour le Club midi, l’espace est réservé aux élèves du programme Sciences. Les responsables aimeraient pouvoir le rendre accessible aux élèves du parcours régulier et d’adaptation scolaire prochainement.

«Ultimement, l’objectif est d’ouvrir le laboratoire à la communauté», explique le coordonnateur. D’ailleurs, de plus en plus de PME manifestent leur intérêt à utiliser le précieux matériel.

Bien des projets sont prévus pour le laboratoire de Marie-Rivier. Parmi ceux-ci, un programme de mentorat où des élèves du primaire seront jumelés avec des étudiants de secondaire 1. Ces derniers pourront assister les plus jeunes dans l’élaboration d’une création commune.

Les Fab labs gagnent en popularité au Québec. Bien qu’ils soient une vingtaine dans la province, celui de l’école secondaire Marie-Rivier est le seul au Centre-du-Québec.

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