Un fleuron québécois

Photo de Michael Deetjens
Par Michael Deetjens
Un fleuron québécois
Gérald Rajotte, propriétaire de Sapins Drummond aidé par son fils. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Une jeune famille circule entre des rangées de sapins. «On prend lui, il sent bon et il a de belles aiguilles!» s’exclame un des enfants à ses parents. Comme des milliers de ses semblables, ce sapin partagera bientôt le quotidien de sa «nouvelle famille». Orné de guirlandes, de lumières et de cadeaux, il deviendra le centre des célébrations. Véritable tradition au Québec, le sapin de Noël est également une industrie florissante.

Le Québec est sans conteste le champion de la culture des sapins de Noël au pays. Selon le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), 72% des exportations de sapins canadiens proviennent du Québec. À elle seule, l’Estrie représente 71 % de la superficie consacrée aux arbres de Noël dans la province. En 2018, la valeur des arbres de Noël exportés par le Québec s’élevait à 43,8 millions de dollars. Même si 98% des sapins québécois sont exportés aux États-Unis, certains s’envolent jusqu’aux Bermudes!

Le roi baumier

Natif de nos forêts, le Sapin baumier (Abies balsamea) est le préféré des Québécois. Selon Larry Downey, propriétaire de la Sapinière et pépinière Downey basée en Estrie, il représente environ 90% des ventes. Il est surtout apprécié pour son odeur parfumée.

Même s’il se fait discret dans nos salons, le sapin baumier peut dépasser les 20 mètres et vivre plus de 150 ans en nature, peut-on lire sur le site internet de l’Association forestière du sud du Québec.

D’autres variétés de sapins sont en hausse de popularité. C’est le cas du Cook, une variété hybride très prisée par la clientèle drummondvilloise. «Le Cook a une très bonne odeur et perd moins ses aiguilles que le Baumier», informe Gérald Rajotte, propriétaire de Sapins Drummond.

Une vie mouvementée

Au Québec, la quasi-totalité des sapins de Noël est cultivée en plantation. Les semences sont plantées en pépinières et les pousses y resteront bien au chaud pendant deux ans. Ensuite, les petits sapins seront déplacés à l’extérieur afin de poursuivre leur croissance encore quelques années (2-5 ans). Ensuite, ce sera le grand saut! Ils iront rejoindre leurs confrères dans la plantation principale où ils y passeront entre 8 et 10 ans avant d’être récoltés. M. Downey ajoute que «pour chaque arbre qui sera coupé, un nouvel arbre sera planté afin d’assurer la durabilité de la plantation».

Les plantations de sapins de Noël nécessitent des soins à l’année. Le sol devra être fertilisé, le feuillage taillé, les insectes nuisibles et les mauvaises herbes contrôlés. Pour M. Downey, les insectes ne représentent pas la plus grande menace pour ses sapins. «Le problème se situe plutôt au niveau climatique. Par exemple, s’il pleut beaucoup au printemps, les jeunes sapins peuvent mourir, car leurs racines ne sont pas préparées à recevoir autant d’eau». M. Rajotte ajoute que les épisodes de dégel et de sécheresse «stressent» les sapins. En réponse, ils produiront beaucoup de «cocottes». Ces dernières volent beaucoup d’énergie aux sapins qui devront négliger ainsi leur feuillage, si important aux consommateurs.

Le contrôle des mauvaises herbes est une tâche essentielle pour les producteurs. «Les jeunes sapins sont vulnérables à l’étouffement puisqu’il y a de la compétition pour l’espace, les substances nutritives et l’humidité», informe l’Association des producteurs d’arbres de Noël du Québec.

Pour mener à bien cette tâche, plusieurs producteurs se tournent vers des herbicides comme le glyphosate. «Sur le marché, il n’y a pas d’autre produit», déplore M. Downey. Il se veut rassurant en affirmant que le glyphosate n’est pulvérisé qu’à la base des arbres et en petites quantités. «L’herbicide a pour effet de ralentir la croissance des arbres en plus d’être couteux. Il n’est pas dans notre avantage d’en faire une grande utilisation», précise-t-il.

Sapins Drummond propose aux intéressés de cueillir eux-mêmes leurs arbres de Noël. (Photo Ghyslain Bergeron)

Ses bienfaits

Nombreux sont les bienfaits d’un sapin sur la planète. À l’instar des autres arbres et conifères, le sapin fixe le gaz carbonique de l’air pour ensuite rejeter de l’oxygène. Il est également un purificateur d’eau et d’air. Selon le site web de l’entreprise drummondvilloise Sapins Drummond, un hectare d’arbres cultivés, prêts à être récoltés, capte plus de 21 tonnes de carbone et d’autres éléments tout en produisant de l’oxygène pour 45 personnes par jour.

Qui plus est, une plantation de sapins est un milieu propice au développement d’une faune diversifiée.

Toujours d’après Sapins Drummond, contrairement à l’arbre artificiel, le sapin naturel est 100% recyclable puisqu’il se transforme en compost ou en paillis.

Bref, il participe au développement durable.

 

(Avec la collaboration de Cynthia Martel)

Partager cet article