Sexualité : qu’apprennent les jeunes à l’école?

Sexualité : qu’apprennent les jeunes à l’école?
Les cours d’éducation sexuelle sont imposés depuis deux ans par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES). (Photo : Unsplash)

ÉDUCTION. De la maternelle jusqu’en cinquième secondaire, les élèves de la Commission scolaire des Chênes (CSDC) reçoivent entre cinq et 15 heures de cours d’éducation à la sexualité par année, selon leur niveau. Ces contenus sont imposés depuis deux ans maintenant par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES).

«Je pense que les enseignants avaient hâte (à l’arrivée des cours de sexualité), confie Caroline Bouchard, enseignante et responsable du dossier éducation à la sexualité au secondaire. Les jeunes posaient déjà des questions. Maintenant qu’on doit en parler, c’est une bonne chose».

Avant l’année scolaire 2018-2019, rien n’obligeait les écoles à aborder le sujet de la sexualité. La plupart des écoles de la CSDC le faisaient quand même, par la voix d’une infirmière ou d’un professeur.

Puis, le MEES a déployé des contenus que les écoles doivent maintenant intégrer. Le contenu offert pour la maternelle n’est pas obligatoire, mais recommandé.

«De la première année jusqu’en cinquième secondaire, les jeunes vont aborder différents sujets en lien avec la sexualité. Le temps de cours alloué progresse pendant leur parcours scolaire. Par exemple, en première année, il s’agit d’environ cinq heures par année tandis qu’au secondaire, ça joue entre dix et quinze heures», explique-t-elle.

Parmi les sujets abordés, on retrouve l’identité, les violences sexuelles, les infections transmissibles sexuellement et par le sang et la vie amoureuse, notamment.

«La sexualité n’est pas uniquement génitale. Les contenus sont très à jour et parlent autant du corps, de la tête que du cœur», explique Mme Bouchard.

La sexualité à l’ère d’internet

Les enseignants sont témoins de toutes sortes de choses, dont la classique histoire d’une personne qui envoie une photo explicite sans penser aux conséquences.

Pourtant, à l’ère d’internet, aucun des neuf thèmes abordés ne se concentre spécifiquement sur la place des réseaux sociaux dans la vie sexuelle des adolescents ou encore sur la pornographie.

«La pornographie, c’est une réalité. On en parle dans sa globalité. Par exemple, en abordant le thème «identité», on amène les jeunes à prendre conscience que la pornographie peut développer de mauvaises idées sur le rôle de l’homme et de la femme. On parle aussi de la notion du consentement», fait savoir Caroline Bouchard.

Évidemment, le sujet des sextos (messages textes explicites) est abordé, surtout au secondaire. «On leur rappelle que c’est complètement illégal, car il s’agit de diffusion de pornographie juvénile, et ce, même entre deux personnes d’âge mineur», souligne Mme Bouchard.

«Il n’y a pas de thème spécifique sur la pornographie, mais on en parle tout de même à travers d’autres sujets», ajoute Michelle Moreau, directrice adjointe au service des ressources éducatives aux jeunes.

La sexualité en 2019

Caroline Bouchard considère que les contenus sont très adaptés à l’ère du temps. «Les jeunes ont les mêmes questionnements qu’avant. Toutefois, les contenus sont orientés en fonction des nouvelles réalités. Par exemple, on aborde clairement les différentes orientations sexuelles», fait-elle savoir.

D’ailleurs, à la polyvalente où elle enseigne, la Poudrière, un comité AGIS — qui accueille la diversité sexuelle — a été mis sur pied. Des étudiants y participent volontairement.

«On peut dire qu’enfin, les contenus en lien avec la sexualité ont été déployés dans les milieux scolaires. C’était un réel besoin», laisse tomber l’enseignante en univers social.

Questionné à savoir si l’école ne surpasse pas le rôle des parents, Caroline Bouchard répond : «Comme parent, on est parfois mal à l’aise de parler sexualité avec ses enfants. Eux aussi n’ont pas toujours envie de poser des questions à leurs parents. Alors qu’en milieu scolaire, les élèves sont bien souvent proches de leur enseignant. Après tout, l’école est un lieu d’apprentissage et la sexualité en fait partie».

Il est possible pour un parent d’exempter son enfant des cours d’éducation à la sexualité. Cela demande toutefois une démarche assez rigoureuse ainsi qu’un serment.

«ll y a deux motifs acceptés par le MEES : tort psychologique, dans le cas d’un traumatisme en lien avec un abus sexuel, ou si le contenu porte atteinte à une liberté ou à un droit fondamental garanti par les chartes», explique Michelle Moreau.

À la CSDC, deux directions d’écoles ont reçu une demande d’exemption jusqu’à présent.

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