Pornographie : des cégépiens en mode sensibilisation auprès des jeunes

Pornographie : des cégépiens en mode sensibilisation auprès des jeunes
Jacob Ellyson et Fauve-Belle Bouchard, avec trois collègues, ont entrepris des présentations pour sensibiliser des élèves du secondaire aux conséquences de la pornographie. (Photo : Ghyslain Bergeron)

ÉDUCATION. La pornographie se retrouve partout : dans la publicité, la musique, sur les réseaux sociaux, internet… Et ses impacts sur les adolescents ne sont pas négligeables. Ainsi, des étudiants du Cégep de Drummondville ont entrepris un projet afin de sensibiliser les jeunes aux conséquences de celle-ci.

Certains membres de l’équipe composée de Fauve-Belle Bouchard, Jacob Ellyson, Karine Gagné, Félix Gilbert et Frédéricke Lemay ont assisté à un cours d’anthropologie qui a mis en lumière l’omniprésence de la pornographie dans la société.

«C’était vraiment intéressant. Les codes pornographiques sont autant dans les publicités, les vidéo-clips et les médias… ce n’est pas juste dans la pornographie en soi», fait savoir Fauve-Belle Bouchard. Pour cette raison, ses collègues et elle se sont penchés sur ce sujet dans le cadre du cours Démarche d’intégration des acquis en sciences humaines.

Dans un questionnaire, les cégépiens ont demandé à une centaine d’adolescents s’ils étaient conscients des impacts que la pornographie pouvait avoir sur eux.

«J’ai été très surpris de voir leurs réponses. La grande majorité pensait que ça n’avait aucune conséquence sur eux», laisse tomber Jacob Ellyson. Pourtant, leurs recherches préalables indiquaient l’inverse.

Parmi les répondants, 100 % des garçons et seulement la moitié des filles avaient déjà visionné de la pornographie. Les élèves du secondaire remplissaient le questionnaire anonymement et via leur ordinateur, afin d’assurer la confidentialité et l’exactitude des réponses.

Des impacts non négligeables 

Dans le cadre du travail, les étudiants du cégep ont attiré l’attention sur les nombreux impacts de la pornographie sur la conception de la sexualité chez les adolescents, plus particulièrement.

«Trop de pornographie banalise la sexualité. Également, la porno montre une image de la femme soumise aux désirs des hommes. C’est sexiste et ça renforce les stéréotypes patriarcaux. Ça peut aussi amener une insatisfaction dans les relations de couple et à une conception irréaliste de la sexualité, énumère Fauve-Belle Bouchard. Dans un vidéo pornographique, la femme commence très souvent par dire «non», puis l’homme insiste et elle change d’idée. Ça brouille la notion de consentement dans la tête des jeunes».

«Il a aussi tous les impacts qui sont en lien avec l’estime de soi. Par exemple, les hommes vont penser que la taille de leur pénis doit être équivalente à ce qu’ils voient dans les vidéos alors que les femmes comparent leur corps», ajoute Jacob Ellyson.

La sensibilisation s’impose

L’équipe de cégépiens a entrepris de faire de la sensibilisation auprès des adolescents. Ils ont visité trois classes de quatrième et cinquième secondaire du collège Saint-Bernard.

«On leur a présenté les impacts et quelques pistes de solutions comme privilégier l’érotisme, s’affirmer dans sa sexualité et en parler sans gêne avec ses amis ou un adulte de confiance», explique Jacob Ellyson. Ils ont trouvé l’exercice de mettre en lumière les impacts de la pornographie très enrichissante pour le développement de ces adolescents.

Après leur travail de recherche, les cinq étudiants sont d’avis que la sensibilisation devrait passer par l’éducation et même par les instances gouvernementales.

«Il faudrait qu’il y ait un professeur de sexualité par école, tout comme il y a des enseignants en mathématique. La plupart du temps, ce sont des professeurs, parfois mal à l’aise avec le sujet, qui parlent de sexualité aux jeunes. Le gouvernement peut aussi instaurer des lois, par exemple dans le domaine de la publicité», soulève Fauve-Belle Bouchard.

«C’est aussi très facile d’entrer sur un site, et ce même si on n’a pas l’âge légal. Certains sites ne demandent même pas si l’utilisateur a 18 ans. Bref, avec une certaine volonté, il y a plusieurs choses qui pourraient être mises en place», conclut son collègue, Jacob Ellyson.

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