Des créatrices de bonheur

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Par Cynthia Martel
Des créatrices de bonheur
Jacqueline Perreault, l’une des doyennes du Cercle de fermières St-Joseph, Mariette Breault, conseillère au communication et au recrutement, Michèle Perron, présidente, et Louise Michaud, nommée bénévole de l’année, photographiant avec l’une des courtepointes réalisée par Mme Michaud. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. L’automne avec ses mille et une couleurs et sa dose de fraîcheur est propice au cocooning. L’envie de se dorloter et de se libérer l’esprit nous envahit aussitôt. Dans des locaux de la rue Notre-Dame à Drummondville, des femmes aux doigts de fée se détendent chaque jour de façon créative, au sein du Cercle des fermières St-Joseph.

Certaines viennent le jour, d’autres le soir et même, la nuit. Elles fréquentent ce lieu pour la même passion : l’art textile. L’artisanat est bien plus qu’un passe-temps. Il procure nombre de bienfaits sur la santé, comme en témoignent des membres de cet organisme présent dans la communauté depuis 80 ans.

«Quand je tricote, c’est comme si je faisais du yoga. Ça canalise l’énergie», indique Louise Michaud.

«C’est très méditatif. Cela demande une concentration particulière, alors on ne peut pas penser à autre chose. Bref, c’est relaxant et j’en tire des bienfaits au niveau mental», se dit d’avis Michèle Perron, présidente du Cercle.

«À l’époque, je connaissais un curé qui suggérait aux femmes dépressives d’intégrer le Cercle des fermières», renchérit l’une des doyennes du Cercle, Jacqueline Perreault.

En plus de tous ces bénéfices, l’artisanat augmente la confiance en soi et améliore la concentration de même que la mémoire.

Parlant de concentration, Mme Perreault la travaille régulièrement. De fait, elle est responsable de l’un des plus grands métiers à tisser de l’organisme. Derrière le montage de celui-ci, il y a tout un travail de moine qui s’y cache.

Jacqueline Perreault, assise au métier à tisser dont elle en est responsable, pose en compagnie de Louise Michaud. (Photo Ghyslain Bergeron)

«Le montage se déroule sur une semaine, à deux ou trois personnes, indique-t-elle. Il faut d’abord choisir les fils nécessaires à la création. Après, chaque fil est pris un par un puis enroulé. S’ensuit une série d’étapes. Ça demande une concentration extrême, car il ne faut pas se tromper, sinon le modèle de la pièce ne sera pas celui souhaité. L’excellence du résultat dépend du montage. Ça prend aussi une très grande rigueur.»

«Les gens n’ont pas idée en exposition de tout le temps mis sur la préparation et aussi sur la valeur du travail», ajoute Mme Michaud.

C’est unanime, il y a le bonheur de créer, mais aussi le bonheur d’offrir.

«Quand un morceau est fini, je suis très fière», affirme Mme Perreault, membre depuis 23 ans.

«C’est très valorisant. Il y a un legs dans chacune des pièces que l’on fabrique», ajoute Louise Michaud.

Par ailleurs, le Cercle de fermières St-Joseph, où l’on dénombre 150 membres, est un excellent réseau pour briser l’isolement.

«Des dames seules, il y en a énormément. Échanger les mêmes intérêts avec des gens, ça fait du bien. Le sentiment d’appartenance se développe assez rapidement», remarque la présidente.

«Ici, tout le monde s’entraide et partage ses trucs. Cela nous permet de toucher à différentes techniques. Pour moi, c’est ma deuxième famille», exprime Mme Michaud qui a été nommée bénévole de l’année pour ses nombreux ateliers offerts.

Tendances et relève

Ambassadrices du patrimoine artisanal (tissage, tricot, couture, broderie, crochet, etc.), les Fermières sont bien plus que des tricoteuses de pantoufles en Phentex, contrairement à ce qu’en pensent bien des gens. Leurs créations ne sont pas démodées, car elles prennent soin de suivre les tendances, notamment, par l’entremise du réseau social Pinterest, cité en exemple par Mme Perreault.

Qui plus est, la conscience environnementale qui se développe pousse les créatrices à offrir de nouveaux produits, comme les sacs de fruits et légumes.

«Nous allons d’ailleurs avoir un volet écolo à notre marché», fait savoir la présidente Michèle Perron.

Ce même intérêt pour l’environnement incite aussi des jeunes femmes à découvrir l’art textile. On remarque d’ailleurs un engouement pour le fait main de telle sorte que le tricot est redevenu populaire.

«Il y a visiblement un retour aux sources. Tranquillement, il y a une relève avec les femmes nouvellement à la retraite et les mamans en congé de maternité», précise Mme Michaud.

«Les marchés aussi nous amènent une belle visibilité. Il y a toujours de nouveaux membres qui s’inscrivent par la suite», note Mme Perron.

L’an dernier, le Cercle de fermières St-Joseph a accueilli 34 nouvelles membres. Actuellement, la moyenne d’âge est de 67 ans. Sur les 150 femmes, 30 % d’entre elles ont en bas de 60 ans.

Bref, ces dames sont bien heureuses de voir que cet héritage artisanal se perpétue et qu’il suscite à nouveau un intérêt grandissant.

De jolies pièces confectionnées par Mme Perreault. (Ghyslain Bergeron)
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