Alexandre Cusson chez les libéraux? Réflexion, questionnements et tutti quanti

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Par Jean-Pierre Boisvert
Alexandre Cusson chez les libéraux? Réflexion, questionnements et tutti quanti
Alexandre Cusson (Photo : archives, Ghyslain Bergeron)

COMMENTAIRE. Au nombre des questionnements qui doivent nourrir la réflexion d’Alexandre Cusson, en passe d’affronter Dominique Anglade dans la course à la chefferie du PLQ, il aura à déterminer bientôt si les libéraux veulent de lui comme véritable chef ou juste pour animer une compétition qui, à toutes fins utiles, serait inexistante sans lui.

Comment comprendre autrement la déclaration, qui d’ailleurs ressemble à plusieurs autres dans le camp libéral, de l’ex-ministre Jean-Marc Fournier faisant valoir que le parti bénéficierait d’un débat d’idées? «J’appuie M. Cusson, j’appuie aussi Dominique Anglade… l’important est qu’il y ait une course», a-t-il dit à La Presse.

La course sera lancée officiellement lors du conseil général du PLQ à Sherbrooke les 23 et 24 novembre, mais les candidats auront jusqu’à trois mois avant le congrès du printemps prochain pour s’inscrire. L’élection se fera au suffrage universel, une première chez les libéraux.

Outre les modalités à rencontrer au soutien de sa déclaration de mise en candidature, comme déposer 50 000 $ et recueillir la signature de 750 membres en règle provenant d’au moins 70 comtés et de 12 régions, Alexandre Cusson devra soupeser ses chances de victoire car, tel que nous connaissons le maire de Drummondville, il n’ira pas pour perdre. On n’ose imaginer une défaite…

Heureusement pour lui, les circonstances semblent le favoriser, tout au moins dans la mesure où des libéraux influents n’ont pas encore pris position en faveur de Mme Anglade, qui, bien qu’elle soit depuis longtemps la seule candidate officiellement annoncée, ne fait pas l’unanimité. La députée de la circonscription montréalaise Saint-Henri–Sainte-Anne n’est pas, aux yeux de certains chroniqueurs, celle qui réussirait à «reconnecter les libéraux avec la majorité francophone», alors que le candidat de Drummondville sera mieux vu pour obtenir des appuis en région, là où les libéraux sont carrément absents depuis les élections de l’an dernier. Ce sera un atout indéniable pour le futur candidat Cusson.

Sans compter que quelques points sombres ne sont pas à négliger dans le dossier de Mme Anglade. Antoine Robitaille, à l’époque au journal Le Devoir, lui a déjà consacré une chronique intitulée «L’opportuniste», peu après son passage de la CAQ au PLQ. D’autres l’ont critiquée pour ses grenouillages visant à devenir calife à la place du calife alors que Philippe Couillard ne pensait même pas à quitter.

Mme Anglade peut quand même compter sur les appuis de Carlos Leitão, Hélène David, Kathleen Weil, Monique Sauvé, Frantz Benjamin, Saul Polo, David Birnbaum, Marie Montpetit et, depuis quelques heures, de Greg Kelley, député de Jacques-Cartier. Il reste néanmoins des noms importants parmi le groupe parlementaire qui ne se sont pas encore prononcés; j’en cite quelques-uns, Pierre Arcand, Gaétan Barrette, Christine St-Pierre, André Fortin, Enrico Ciccone et Lise Thériault.

Allons plus loin en soumettant que Justin Trudeau, qui, on le sait, a des atomes crochus avec Alexandre Cusson, se frotterait les mains en le voyant arriver comme interlocuteur libéral à Québec. Pourrait-il faire jouer ses influences? Non-officiellement bien sûr!

À la question de savoir s’il se présenterait à une élection partielle s’il est élu chef, il rétorque simplement qu’il est trop tôt pour y répondre.

Advenant que le Drummondvillois gagne cette course à la chefferie en mai 2020, en supposant qu’il y participe, saura-t-il faire preuve de patience? Le prochain rendez-vous électoral étant en 2022, il n’est pas à exclure que le gouvernement Legault puisse remporter un second mandat consécutif. Et nous voilà en 2026. Voyez-vous Alexandre Cusson taper du pied durant six ans et demi dans l’opposition?

Mais, peut-être est-ce un passage obligé pour le conduire dans les hautes fonctions de premier ministre du Québec.

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