Fin des commissions scolaires : «Une atteinte à l’autonomie des enseignants»

Fin des commissions scolaires : «Une atteinte à l’autonomie des enseignants»
Guy Veillette, président du SERD. (Photo : archives, Ghyslain Bergeron)

ÉDUCATION. Alors que le gouvernement du Québec souhaite abolir les commissions scolaires, le Syndicat de l’enseignement de la région de Drummondville (SERD) réitère son «profond mécontentement» envers ce projet de loi qu’il considère comme «une atteinte à l’autonomie des enseignants».

«Ce projet de loi devait à l’origine revoir les structures scolaires et non porter atteinte à l’autonomie des professeurs», déplore Guy Veillette, président du SERD.

Le projet de loi 40 prévoit entre autres la création d’un conseil d’établissement composé de 12 membres, dont six parents et quatre membres du personnel, avec au minimum deux enseignants qui siègeront sur ce conseil.

«En ce moment, les conseils d’établissements sont paritaires; il y a autant de membres du personnel que de parents. Avec le projet de loi, les parents seront majoritaires, explique M. Veillette. S’ils ont un projet en tête, les parents auront plus de voix pour l’appuyer. Un peu comme un gouvernement majoritaire qui peut plus facilement voter des lois».

Selon lui, cela aura l’effet de «réduire les enseignants à des pions» et de diminuer l’expertise de la profession. «L’enseignement est la seule profession où on se mêle de tout. Quand je vais porter mon auto au garage, je ne dis pas au mécanicien comment la réparer. Être parent ne fait pas de nous un expert en enseignement», est d’avis le président du SERD.

Le projet de loi 40 prévoit également la création d’un conseil d’administration du centre de service, que l’on peut comparer à un conseil des commissaires. Il sera composé de 16 membres, dont huit parents et un enseignant.

Manipulation des notes

Un article du projet de loi 40 prévoit par ailleurs la possibilité pour une direction de majorer le résultat d’un élève, donc de manipuler les notes.

«Le ministère de l’Éducation autorisera les changements des notes. Ce n’est pas clair encore à savoir comment ça se passera. Dans tous les cas, les notes d’un élève appartiennent à l’enseignant, le seul pédagogue», ajoute-t-il. D’après le président, «les enseignants sont inquiets» par cette mesure.

«Depuis des années, nous travaillons à valoriser la profession enseignante. Nous souhaitons redevenir maîtres de notre profession, puisque nos droits se sont érodés au fil des réorganisations du réseau, des compressions et de la gestion axée sur les résultats. Si ce projet de loi voulait nous valoriser, il rate complètement sa cible. Il dilue nos droits et tente de faire des enseignantes et enseignants des exécutants et des pantins qui ont de moins en moins de prises pour exercer leur jugement professionnel», a conclu Guy Veillette.

La Fédération des syndicats de l’enseignement a déposé un mémoire dans le cadre des consultations entourant le projet de loi 40.

La semaine dernière, Jean-François Houle, président de la Commission scolaire des Chênes, a lui aussi transmis ses inquiétudes en ce qui concerne l’abolition des commissions scolaires par l’entremise d’une lettre ouverte publiée dans L’Express.

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