Le visage masculin du ballet

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Par Cynthia Martel
Le visage masculin du ballet
À seulement 21 ans, William Tessier-Legault possède un riche bagage en ballet classique, un bagage qu’il transmet via son enseignement à l’Académie de ballet Drummond. (Photo : Ghyslain Bergeron)

BALLET. Depuis cinq mois, le jeune danseur de calibre international William Tessier-Legault transmet son savoir et sa fougue aux jeunes de l’Académie de ballet Drummond. À travers son enseignement, il tente de démocratiser cet art à différents égards.

William Tessier-Legault trouve dommage de constater encore autant de réticences envers le ballet classique. Il rêve du jour où cet art sera plus accessible, tant pour les danseurs que pour le public.  D’ailleurs, l’un de ses premiers mandats a été d’offrir gratuitement des cours de danse aux garçons de 9 à 14 ans, sur une période de six semaines.

«Le projet n’a pas été aussi fructueux qu’on espérait, par contre, trois jeunes se sont inscrits à la session d’automne. Le fait que nous soyons en région rend la chose plus difficile étant donné que la demande est moins forte. Mais je suis content de constater qu’il y a tout de même un intérêt. D’ailleurs, le projet d’une classe de ballet classique adressée uniquement aux garçons demeure une de nos priorités», fait-il savoir.

Le diplômé de l’École nationale de ballet du Canada enseigne le ballet classique et la danse contemporaine aux enfants de 3 à 17 ans. Son approche académique est basée sur la communication entre lui et l’élève, les différences de chacun et leur autonomie.

«Pour moi, la communication est importante entre l’élève et moi. J’ai développé différents types d’approches pour convenir à tous les enfants. Oui, je veux transmettre mon savoir aux jeunes, mais je veux aussi et surtout leur démontrer toutes les possibilités qui peuvent s’offrir à eux dans ce milieu-là. Par exemple, si l’enfant aime danser, mais a une curiosité en ce qui a trait à l’arrière-scène, je vais le motiver là-dedans aussi. En fait, ce que je souhaite, c’est de leur donner une ouverture sur le monde de la danse afin qu’ils y évoluent selon leurs choix. En ayant une bonne communication, je suis capable de les saisir et de leur faire voir les opportunités», précise le jeune homme de 21 ans. «L’idée c’est d’amener mes élèves à un autre niveau en les outillant du mieux que je peux. Par contre, il faut que le travail vienne d’eux. Je leur dis souvent : « Vous avez le pouvoir de faire ce que vous voulez avec ce que je vais vous enseigner ».»

Selon lui, n’importe qui peut prendre une classe de danse. Il admet néanmoins qu’au niveau professionnel, les critères demeurent rigides, entre autres ceux concernant la silhouette.

«Aussi, il faut être très perspicace et tenace. Car tu as beau être passionné, mais la passion peut tomber un jour ou l’autre. C’est très exigeant de s’entraîner sept heures par jour, six jours par semaine. Il faut être prêt à ce stress physique là», affirme-t-il.

William Tessier-Legault se dit heureux de faire partie de l’équipe de l’Académie de ballet parce qu’elle partage les mêmes valeurs et la même vision que lui.

«Il y a une belle ouverture et, évidemment, une très large connaissance du milieu, chose qu’il n’y a pas dans toutes les écoles. Quand c’est le cas, ça freine la montée du ballet, à mon avis, car plusieurs talents passent sous silence.»

Qui plus est, la direction lui a donné le mandat de créer des chorégraphies pour les danses du volet compétitif. Il a même été sollicité par l’Orchestre symphonique de Drummondville afin de mettre sur pied la chorégraphie pour son spectacle de Casse-Noisette qui sera présenté en décembre.

Préjugés et accessibilité

Le danseur de talent reconnaît que le ballet classique suscite encore beaucoup de préjugés.

«Quand on regarde la proportion homme-femme dans le récréatif, c’est 1 % de garçons contre 99 % de filles. Dans le milieu professionnel, on est à 50-50. Il y a beaucoup de mauvaises perceptions et certains jeunes subissent même de l’intimidation. C’est un travail continu, mais je pense que c’est en pente montante», indique-t-il, ajoutant qu’il est possible, contrairement à ce que l’on peut croire, de gagner sa vie avec le ballet classique.

C’est d’ailleurs dans cette optique qu’il rêve de voir un jour le ballet classique plus accessible à tous.

«On ne se le cachera pas, aller voir un spectacle de ballet, c’est dispendieux. Ce n’est pas pour rien qu’il y a très peu de salles qui intègrent le ballet classique à leur programmation. C’est déchirant, parce que je souhaite voir plus de spectacles à l’affiche et des salles pleines, mais en même temps, je suis pour que les danseurs soient payés à un juste prix. Bref, je crois sincèrement qu’il y a une place pour que le ballet puisse évoluer. D’ailleurs, j’ai quelques projets en tête pour y contribuer», laisse entendre en guise de conclusion celui qui, en parallèle à l’enseignement, poursuit ses études en Droit à l’Université Laval, à Québec.

Quelques mots sur William Tessier-Legault

Diplômé de l’École nationale de Ballet du Canada, William Tessier-Legault fait son entrée au sein de l’institution en 2009, à seulement neuf ans. Tout au long de sa formation, il collabore avec des écoles étrangères telles que l’École du Ballet de San Francisco et l’Académie de Ballet Néerlandaise. Il danse également pour la cérémonie d’ouverture des jeux panaméricains de 2015. Il s’illustre de plus dans la production Casse-Noisette de 2009 à 2014, en collaboration avec le Cirque du Soleil et le Ballet national du Canada. À la suite de son parcours scolaire, il signe un contrat avec le Ballet du Semperoper, une importante compagnie allemande. William Tessier-Legault reçoit d’importantes distinctions, dont le Prix Peter Dwyer du Conseil des Arts du Canada, ainsi qu’une bourse d’excellence de l’Université de la Danse Palucca.

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