La peur de devoir retourner en France les guette

La peur de devoir retourner en France les guette
Eugénie Vrigneaud et son petit garçon. (Photo : Erika Aubin)

IMMIGRATION. Une jeune famille originaire de la France, qui est désormais installée à Drummondville, a vécu quelques heures d’angoisse mardi dernier lorsque le gouvernement de François Legault a annoncé un changement des critères d’admissibilité au Programme de l’expérience québécoise (PEQ).

«Ç’a toujours été un rêve pour mon mari qui est conducteur routier de travailler au Québec pour les camions, les routes et les grands espaces. On est d’abord venu voyager en roadtrip ici. Après quelques jours dans la région, je lui ai dit que je me plaisais», raconte Eugénie Vrigneaud, mère d’un petit garçon âgé d’un an et demi.

Puisque son mari, Clément Vrigneaud, est conducteur routier et qu’une pénurie de main d’œuvre affecte ce domaine, il a pu obtenir un permis de travail temporaire. Il souhaite maintenant passer par la voie du PEQ afin d’obtenir sa résidence permanente.

Le PEQ est un programme accéléré de sélection des travailleurs qualifiés qui permet d’obtenir un certificat de sélection du Québec en vue d’obtenir sa résidence permanente.

Avant la réforme annoncée le 5 novembre, tout travailleur qualifié ou étudiant international qui obtenait son diplôme dans une université québécoise était admissible au PEQ. Désormais, seulement une liste de formations est accessible. Le but du gouvernement Legault est de pallier la pénurie de main d’œuvre. Mercredi, le premier ministre a finalement fait marche arrière en accordant un droit acquis pour que les immigrants soient évalués selon les anciens critères s’ils ont débuté leur programme d’étude ou leur emploi avant le 1er novembre.

Après des heures d’angoisse, la famille Vrigneaud a donc appris qu’elle pourra rester au Québec.

«Déçu» par le gouvernement  

Lorsque Simon Jolin-Barrette, ministre de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration, a annoncé mardi sa réforme, la famille française s’est sentie «perdue», mais surtout «déçue» par le gouvernement en place.

«On était très perdu avec tous ces changements. On s’est mis à chercher des informations de tous les côtés pour savoir ce que ça allait impliquer pour nous. Un groupe Facebook a été créé et ça nous a permis d’avoir plus d’infos. Au moins, nous sommes solidaires entre nous», raconte-t-elle.

«On ne peut pas faire de grève. Ils (les élus) n’en ont rien à faire de nous», lance-t-elle. Eugénie Vrigneaud et son mari savaient que le risque de devoir plier bagage planait dans l’air depuis les dernières élections provinciales.

«On a été très déçus par le nouveau gouvernement. Ce n’est pas comme si on prenait l’emploi de quelqu’un. Au contraire, on permet à l’économie de mieux rouler», est d’avis Mme Vrigneaud, qui travaille dans le département marketing chez Laferté.

Même si son combat personnel est gagné, celui des étudiants étrangers qui choisiront d’étudier au Québec est loin de l’être. D’ailleurs, de nombreux établissements d’études supérieures, comme l’Université de Sherbrooke, dénoncent la nouvelle réforme.

Eugénie Vrigneaud soulève un point qui l’inquiète : «Ce qui me gêne, c’est que le gouvernement a dit que la liste des diplômes acceptés pour le PEQ serait revue annuellement. Qu’est-ce qui se passe si quelqu’un commence un bac dans un domaine et que le gouvernement enlève son diplôme de la liste d’ici la fin de ses études?»

Eugénie Vrigneaud reste solidaire envers ceux qui se retrouvent dans cette situation et elle est catégorique : «Il faut faire quelque chose pour eux».

Après toute cette tourmente, une question trotte sans cesse dans la tête de cette mère de famille ces jours-ci : «Maintenant que l’on sait qu’on peut rester, on se questionne à savoir si le Québec veut de nous».

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