Quatre authentiques héros drummondvillois honorés

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Par Jean-Pierre Boisvert
Quatre authentiques héros drummondvillois honorés
Plus de 150 invités ont assisté à la cérémonie de commémoration de quatre héros de guerre de Drummondville, au manège militaire major-général Frederick George Heriot. (Photo : Jean-Pierre Boisvert)

RECONNAISSANCE. On qualifie aisément de héros aujourd’hui celui qui marque le but vainqueur dans un match sportif, qui meurt à la fin d’un film ou qui tient le rôle-titre dans une bande dessinée, mais on oublie souvent que les vrais, les authentiques héros, sont ceux qui ont fait preuve de bravoure et d’abnégation en temps de guerre.

C’est ce qu’a mis en bonne perspective la cérémonie de commémoration, qui s’est déroulée mardi au manège militaire major-général Frederick George Heriot, afin de reconnaître l’importante contribution de quatre personnes de Drummondville lors de la Seconde Guerre mondiale.

Une femme et trois hommes, Marguerite Courchesne (1897-1986), Paul Arseneau (1916-2012), Frederick George Cartwright (1924-2017) et Paul-Émile Beaubien (1919-2011) ont amplement mérité qu’ils soient salués pour ce qu’ils ont accompli, chacun à sa façon, mais toujours de courageuse façon.

Leurs familles respectives étaient présentes pour recevoir une plaque commémorative devant plus de 150 personnes réunies pour l’événement qui s’est tenu déjà une vingtaine de fois dans autant de villes du Canada.

Quatre histoires hors du commun

Suite à l’entrée du Canada dans la Seconde Guerre mondiale en 1939, la pionnière Marguerite Courchesne joué un rôle actif dans l’effort de guerre sur le front intérieur. Son dévouement et son travail exemplaire avec la Croix-Rouge ne se démentiront jamais. Elle coordonne de nombreuses collectes de sang, permettant aux soldats blessés de recevoir des transfusions sanguines à l’étranger. Entre 1940 et 1945, la Croix-Rouge canadienne recueille ainsi plus de 2,3 millions d’unités de sang, qui sauveront d’innombrables vies. Elle a aussi coordonné l’envoi de colis de nourriture outremer pour les prisonniers de guerre. Elle veille en outre au bien-être psychologique et émotionnel des soldats français à qui elle écrit des lettres leur offrant de la sorte du soutien moral.

En 1940, Paul Arseneau, père de deux jeunes enfants habitant à Drummondville, s’est porté volontaire pour servir son pays. Capturé en 1942 durant un raid allié sur le port de Dieppe en France, il a survécu à trois camps de prisonniers en Pologne et en Allemagne où il assiste à la libération. Dans ses notes personnelles, il raconte ce moment magnifique du 5 mai 1945 où il voit entrer les Britanniques qui libèrent le camp : «Un des soldats sur un blindé m’a présenté une bouteille de brandy et j’en ai pris une bonne gorgée et j’ai presque étouffé. Je me rappellerai toujours de cet instant». Il a ensuite reçu la médaille de Conduite distinguée pour son courage et l’inspiration qu’il avait su insuffler à ses compagnons d’armes.

Frederick George Cartwright s’est engagé au sein du 9e escadron du Corps du Génie royal canadien quelques jours après son 18e anniversaire. Il a été envoyé outremer en 1944 et il a tenu le rôle de sapeur à bord d’un véhicule blindé. Son unité de reconnaissance doit mener de dangereuses missions vers des zones tenues par l’ennemi afin de rendre compte de l’état des infrastructures qui doivent soutenir l’avance des troupes canadiennes. Son régiment a participé à la libération de la France, de la Belgique et des Pays-Bas, des missions durant lesquelles il a survécu à la destruction de son véhicule blindé par les tirs ennemis à trois reprises. Passionné d’instruments à vent, il a laissé en héritage son clairon qui a été utilisé hier.

Paul-Émile Beaubien a pris part à l’effort de guerre en se joignant à la marine marchande canadienne en 1944. Surnommée la «quatrième branche des forces combattantes», la marine marchande perd environ un marin sur huit (soit quelque 1 600 d’entre eux), un taux de mortalité supérieur à celui de tous les autres services armés. Tout au long du conflit, il aura effectué 14 allers-retours transatlantiques entre Halifax et le Royaume-Uni dans des conditions extrêmes, sous la menace constante de sous-marins et de bombardiers ennemis en bravant les mines flottantes. Le Lady Nelson ramènera à la fois des centaines de soldats blessés, dont certains, ayant subi un important traumatisme, mettront fin à leurs jours en se jetant à la mer. Dans l’après-guerre, Paul-Émile Beaubien effectue 17 autres traversées aller-retour pour accompagner des soldats, des épouses de guerre et des prisonniers libérés, retournant en sol canadien.

Les «Héros de chez nous» est une initiative communautaire visant à honorer les hommes et les femmes, autant des membres des Forces armées canadiennes que des civils, qui ont contribué à la cause de la liberté durant les deux guerres mondiales.

Cette activité publique gratuite a été organisée par Parcs Canada en collaboration avec la Ville de Drummondville, la Société d’histoire de Drummond, les Forces armées canadiennes, la Croix-Rouge canadienne et la Légion royale canadienne.

Comme l’a fait remarquer le maire Alexandre Cusson, «ces héros ont permis de sauver des vies et de sauvegarder la liberté dont on voit mal la valeur aujourd’hui parce que nous avons grandi avec elle». Environ 500 Drummondvillois ont pris part à la guerre en Europe, 30 y ont laissé leur vie.

À ce chapitre, le livre de l’historien Jean Thibault, intitulé «Drummondville à l’heure de la guerre : 1939-1945», est un petit bijou qui gagnerait à être lu par tous ceux et celles qui veulent savoir pourquoi le coquelicot doit être affiché fièrement à l’approche du jour de l’armistice le 11 novembre.

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