Le monde merveilleux des champignons

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Par Lise Tremblay
Le monde merveilleux des champignons
Bibiane Fortier est la présidente l’Association des mycophiles sylvifrancs. (Photo : Gracieuseté)

MAGAZINE. La forêt, qu’elle soit petite ou grande, regorge de petits trésors. Il y a évidemment les arbres, les végétaux et les animaux qui y cohabitent, mais au-delà de ce qu’on connaît et de ce qu’on voit durant une excursion, il y a tout un monde qui y vit, un monde merveilleux. Celui des champignons.

Il faut se lever de bonne heure à Drummondville pour trouver un mycophile, une personne passionnée par les champignons capable de converser sur le règne des Fungi qui n’est pas encore tout à fait connu par les scientifiques.

Il faut dire que le Canada ne compte que 26 associations, dont 13 au Québec. Parmi elles, on retrouve l’Association des mycophiles sylvifrancs basée dans la région de Victoriaville. Il s’agit de la seule porte d’entrée disponible pour les amateurs provenant de la grande région du Centre-du-Québec. Par chance, les membres n’hésitent pas à organiser des sorties aux quatre coins du territoire. Récemment, ils ont fait une cueillette dans la municipalité de Saint-Lucien, un territoire apprécié par les mycophiles, et ils prévoient y retourner l’an prochain.

Une morille blonde. Ce champignon est recherché par les mycologues. Il accompagne très bien un risotto. (Photo Bibiane Fortier)

«La mycologie est un loisir scientifique. Il fait appel au plaisir de faire de la recherche, de comparer et d’analyser», explique Bibiane Fortier, la présidente de l’Association des mycophiles sylvifrancs.

En groupe, les amateurs s’enfoncent dans une forêt avec de petits paniers. Parfois, ils arrachent les champignons; d’autres fois, ils les déterrent délicatement pour ne pas les abîmer. La partie qui est enfouie dans le sol est capitale pour l’identification de l’espèce.

«Au début, les gens recherchent des champignons comestibles, mais avec le temps, ils viennent à chercher des spécimens rares», explique la présidente, qui a eu le bonheur de voir quelques-unes de ses photos inédites être publiées sur le site Mycoquébec qui constitue une référence dans le domaine.

Des centaines d’heures d’études et d’observation sont toutefois nécessaires pour être en mesure de caractériser le contenu de son panier étant donné la multitude d’espèces qui existent. Pour donner une idée, au sein de l’association centricoise, plus de 900 espèces sont connues et recensées.

Chaque sortie se déroule de la même façon.

«Il y a trois étapes à respecter : la cueillette, l’identification et la dégustation. C’est important de respecter cet ordre. On ne mange que ce qu’on est capable d’identifier à 100 %», explique-t-elle.

Un pleurote en huître, une espèce comestible qui pousse sur des arbres. (Photo Bibiane Fortier)

La forêt offre effectivement des champignons capables de rehausser un risotto en un rien de temps.

D’ailleurs, petit secret, la Forêt Drummond cache de délicieux champignons. Au printemps, parfois, il est possible d’y dénicher des morilles alors que l’été, on y retrouve des chanterelles. L’automne, à travers les mille couleurs de la forêt, les bolets et les pleurotes n’attendent que de petites mains les apprêtent dans un poêlon bien chaud parfumé avec un jet de vin blanc.

Mais, important, il ne faut pas flanquer n’importe quel champignon sauvage dans une sauce, car certains spécimens ont la capacité de changer d’apparence en vieillissant. Alors qu’on croit qu’il s’agit d’une espèce comestible, on se trouve plutôt en présence d’un champignon en mesure d’hypothéquer sa santé.

L’amanite vireuse entièrement blanche fait partie des espèces qui peuvent vous amener directement au cimetière.

Ces petits champignons sont appelés Hémitrichie petite coupe. Il s’agit d’une espèce commune et facile à repérer, notamment sur le bois mort et l’écorce des forêts de feuillus et de conifères.(Photo Bibiane Fortier)

«Il peut rendre quelqu’un très malade. En fait, ça prend une greffe de foie pour s’en sortir», informe Bibiane Fortier, en précisant qu’elle en a déjà trouvées sur une pelouse et même près d’une école de son quartier.

Une autre variété, l’amanite tue-mouches, a quant à elle des propriétés hallucinogènes qui entraînent des troubles digestifs à la personne qui ose la consommer. La prudence est donc de mise pour ce joli champignon jaune qui présente des taches blanches sur son chapeau.

Ce champignon s’appelle le psathyrelle rayée. Il est non-comestible. Pour confirmer son identité, Bibiane Fortier a dû recourir à un microscope. (Photo Bibiane Fortier)

Des heures d’études

Si la mycologie fait d’abord appel à la vue, l’odorat est aussi un sens très utilisé pour faciliter l’identification de ses trouvailles. Certains champignons ont un parfum d’anis alors que d’autres sentent le goudron, le caoutchouc et même la pomme de terre crue.

«J’investis de nombreuses heures chaque semaine dans la mycologie et je continue d’en apprendre tous les jours et de faire des découvertes. Ça prend de la patience, de la curiosité et du temps. Au cours des dernières années, j’ai développé un réel intérêt pour les myxos. Ce sont des champignons qui ne font que quelques millimètres à peine. Il faut vraiment les chercher pour les trouver! Faire de la recherche avec mon microscope m’aidera sûrement à en identifier davantage. Certains sont fascinants, car ils ont deux vies. Ils changent complètement d’apparence durant leur cycle de vie et ils sont très difficiles à identifier. C’est ce que j’aime… parce que c’est compliqué», partage Mme Fortier, qui a longtemps exercé la profession d’infirmière.

En plus de sa passion pour la mycologie, celle-ci se plaît à photographier ses petites découvertes qui ressemblent à de petits parapluies et à les partager avec des amateurs répartis aux quatre coins du Québec.

Une amanite vireuse, une espèce dangereuse pour la santé humaine, malgré sa jolie couleur. (Photo Bibiane Fortier)

«Je baigne là-dedans depuis 1996. Je ne suis pas une experte, mais je consacre beaucoup d’heures chaque semaine dans cette passion. J’aime la couleur des champignons, leur diversité, leur forme et leur utilité. C’est un univers fascinant», termine-t-elle.

Le saviez-vous?

  • Certaines espèces d’arbres, comme les pruches, ont leur propre variété de champignons. Selon la saison, ils s’échangent des nutriments question de demeurer en santé, comme du glycogène.
  • Toutes les espèces de champignons, même celles qui ne sont pas comestibles, peuvent être manipulées ou senties sans crainte.
  • Les champignons contribuent à la régénération de la forêt, notamment en dégradant les branches et les souches des arbres morts.
  • À une certaine époque, les champignons étaient associés à Satan dans les croyances religieuses des Québécois, ce qui a longtemps nui à la connaissance de ceux-ci.
  • Les champignons sont de plus en plus utilisés dans les domaines agricole et sylvicole pour faciliter et maximiser la production de certaines espèces.
  • La partie du champignon qui est enfouie dans le sol est nécessaire pour l’identification de celui-ci.

 

 

 

@BV:Ces petits champignons sont appelés Hémitrichie petite coupe. Il s’agit d’une espèce commune et facile à repérer, notamment sur le bois mort et l’écorce des forêts de feuillus et de conifères.<@CP>(Photo Bibiane Fortier)<@$p>

 

 

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