Un tatouage, bien plus qu’un chef d’oeuvre

Frédéric Marcoux
Un tatouage, bien plus qu’un chef d’oeuvre
Landy Rose est la propriétaire de La Reine de Pique, un studio de tatouage et de perçage. (Photo : Ghyslain Bergeron)

MAGAZINE. Si, pour certains, le tatouage se limite à une œuvre artistique, d’autres y voient un puissant symbole qui soulage l’âme et qui marque à jamais.

Après plus de deux décennies dans le domaine, le tatoueur Yan «Popo» Poliquin et la propriétaire du studio de tatouage et de perçage drummondvillois La Reine de Pique, Landy Rose, se souviennent davantage des rencontres humaines que des différentes œuvres d’art.

«“Popo“ a vraiment un grand cœur. Il y a un moment qui m’a marqué. Un homme est venu nous voir et il venait de perdre un proche. Il voulait se faire tatouer rapidement. Son âme pleurait. Même si Yan avait une grosse journée devant lui, il lui a dit de se présenter au studio en soirée et qu’il finirait à minuit s’il le fallait», se souvient Landy Rose.

«Je lui ai donné le tatouage, renchérit Yan Poliquin. C’était vraiment venu me chercher. Ça m’arrive d’avoir la larme l’œil, lors d’une consultation, au moment d’apprendre la raison pour laquelle la personne se fait tatouer. Lorsqu’on fait un tatouage, on fait un cadeau à une personne. Ça fait partie des bons côtés de notre job. On peut voir le soulagement et la libération qu’on apporte aux gens.»

Pour elle, un tatouage est un style de vie. (Photo Ghyslain Bergeron)

Impossible de gagner sa vie comme tatoueur et de traverser le temps en se fiant exclusivement sur son talent artistique. L’aspect humain joue un rôle essentiel dans le processus de création. L’œuvre représente souvent un chapitre important de la vie d’un individu. Et ce, pour l’éternité.

«Tu te rends compte ce qu’est réellement le tatouage dans la cour des grands, convient Yan Poliquin. Ce n’est pas parce que ta mère te dit que tu dessines bien au secondaire que tu vas être bon. Le côté humain est important et ce n’est pas tout le monde qui est capable de gérer ça. Je dois presque toujours jouer un rôle de psychologue. Quand les gens ont mal, ils parlent de leurs problèmes. Un tatouage, ça peut faire du bien à l’âme. Je vois souvent des clients qui se lèvent de leur chaise en pleurant après le tatouage, à cause des souvenirs reliés à ce que je fais.»

Popularité

Les Drummondvillois sont de plus en plus nombreux à s’offrir un tatouage en cadeau. Cet art s’est démocratisé depuis quelques années. Les tatouages ne sont plus exclusivement associés aux jeunes rebelles, comme c’était le cas à l’époque.

«On ne peut pas expliquer ce qui s’est passé. Les gens sont peut-être moins coincés, lance Landy Rose en riant. Ce qu’on sait, c’est qu’il n’y a plus de classes sociales qui s’approprient les œuvres. Il y a des gens de tous les âges qui se font tatouer. Je suis heureuse de voir ça. Les gens sont beaucoup plus informés qu’ils ne l’étaient à l’époque.»

Landy Rose a découvert cette passion à l’adolescence, en voyant son frère s’exercer comme tatoueur. La flamme qui l’anime depuis plus de 20 ans ne s’éteindra pas de sitôt.

«Je veux faire ça toute ma vie», affirme sans hésiter la dame âgée de 38 ans. Son commerce célébrera d’ailleurs son cinquième anniversaire à la fin septembre. Elle espère le voir traverser le temps, à l’image de sa passion, pour continuer à faire en sorte que ses rencontres soient aussi marquantes que ses œuvres.

Un style de vie

Le risque de prendre une décision irréfléchie pour suivre la mode est bien présent en matière de tatouages. Certains peuvent le regretter.

«Porter un tattoo, c’est un style de vie. À un certain point, tu ne les vois plus, car ils font partie de toi. On cerne les gens pour qui c’est une mode. Ils veulent tous la même affaire. Il y a quelques années, c’était celle d’avoir un tribal dans le bas du dos. Maintenant, c’est de se faire tatouer une horloge ou un pissenlit qui part au vent avec des oiseaux. On a une politique chez nous : on veut seulement travailler avec des adultes. Il ne faut pas oublier qu’encore aujourd’hui, un tatouage particulier peut empêcher quelqu’un de percer dans certains métiers», explique Landy Rose.

Yan Poliquin est tatoueur depuis plus de 20 ans. (Photo Ghyslain Bergeron)

Le tatoueur Yan Poliquin suggère quant à lui aux intéressés d’y réfléchir à deux fois, avant d’aller de l’avant.

«La première fois, ne commence pas avec les côtes, recommande-t-il. Ça fait mal et tu ne voudras plus jamais revenir. Tu vas te décourager, parce que la douleur est atroce. De mon côté, lorsque je dois faire une œuvre dans le cou d’une personne, ce n’est pas facile. Il n’y a pas de place et la personne peut se retrouver dans une position inconfortable.»

 

 

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