Une élection qui ne changera pas grand-chose

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Par Jean-Pierre Boisvert
Une élection qui ne changera pas grand-chose
Martin Champoux le vainqueur (Photo : Ghyslain Bergeron)

ANALYSE. Si la victoire de Martin Champoux, du Bloc québécois, n’est pas si étonnante, compte tenu de ce que laissaient percevoir les agrégateurs de sondage, elle peut l’être par l’écart solide qui le sépare de ses adversaires qu’il a largués en tout début de soirée. Tel un coureur automobile, il a mené de bout en bout!

Là on est en présence d’un élu qui a mérité la confiance de 45 % de l’électorat dans Drummond. Pas de place pour le doute. C’est nettement plus que la dernière victoire du Bloc, celle de 2011, alors que Roger Pomerleau l’avait emporté avec 38 % des voix exprimées. Cela a de quoi nous ramener à la belle époque de Pauline Picard et de ses cinq mandats consécutifs. En ce qui a trait au taux de participation qui était de 63,9 % en 2015, il s’est élevé approximativement à 65,2 % en 2019.

Drummond, à l’instar d’une trentaine d’autres circonscriptions au Québec, a décidé de renouer avec ses racines souverainistes. Ce choix est moins l’effet d’un désir de relancer l’idée de l’indépendance que d’avoir céder au charme du nouveau chef Yves-François Blanchet. Mais qui sait…

La circonscription drummondvilloise a été courtisée de façon exceptionnelle en 2019. Quatre chefs de parti nous ont rendu visite, à commencer par Jagmeet Singh cet été, suivis par Yves-François Blanchet, Justin Trudeau et Andrew Scheer. C’est dire à quel point les différents stratèges croyaient sincèrement en leur chance de prendre Drummond.

Martin Champoux a montré tout au cours de la campagne qu’il connait bien les enjeux importants de la région, il aura maintenant à les faire cheminer dans les bons corridors politiques. Pour ce faire, il sera bien sûr «coaché» par son chef, qui connait bien le coin, et il aura droit à une mise à jour des dossiers de la part du maire Alexandre Cusson, dès mercredi.

«Quand je regarde les résultats de cette élection, je constate une stabilité, une stabilité qui est bien accueillie de mon côté», a confié au journal Alexandre Cusson, au terme de cette soirée électorale. «Nos projets, tel que celui de l’usine de traitement d’eau, n’auront pas à être repris à zéro en raison d’un gouvernement libéral, même minoritaire. Notre nouveau député est dans l’opposition, tout comme l’était son prédécesseur. Ça non plus ça ne change pas pour moi. Le lien avec le député est important pour une ville comme Drummondville et, après le congé de demain, nous allons commencer à travailler ensemble, Martin Champoux et moi, à compter de mercredi».

Le maire a tenu à féliciter tous les autres candidats et la candidate pour avoir proposé leurs services et il a raison de leur dire bravo. Il faut une certaine dose de courage et de détermination pour accepter, comme on dit, de mettre «sa face sur les poteaux» au nom de valeurs que l’on croit être les meilleures, sachant par ailleurs fort bien qu’elles seront critiquées.

Quant au député sortant, François Choquette, c’est loin d’être une défaite personnelle. Plusieurs ont fait remarquer qu’il a été présent au cours de ces huit dernières années, même si ses sorties ne faisaient pas les manchettes. Que les électeurs aient choisi de passer à autre chose, après deux mandats, est un réflexe tout à fait normal en politique.

Autrement dit, Drummond change de couleur partisane mais demeure dans l’opposition alors que le pays reste rouge libéral, minoritaire. Au fond, cette élection ne changera pas grand-chose, si ce n’est que ce gouvernement durera moins longtemps que le précédent.

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