Un groupe scolaire «uni dans la différence»

Un groupe scolaire «uni dans la différence»
«Unis dans la différence», un nouveau groupe en insertion sociale au Centre de formation générale aux adultes Sainte-Thérèse. (Photo : Erika Aubin)

ÉDUCATION. Le Centre de formation générale aux adultes Sainte-Thérèse a mis sur pied une classe unique. Elle accueille 14 étudiants, âgés de 22 à 47 ans, qui vivent avec une déficience intellectuelle. Le but de ce projet est de favoriser leur intégration sociale et leur permettre de poursuivre un parcours scolaire.

Au moment où elles soufflent leurs 21 bougies, les personnes vivant avec une déficience intellectuelle se retrouvent bien souvent dépourvues de moyens, quant à leur scolarité.

«Ça fait un bout que le besoin est présent. À partir du moment où elles ont 21 ans, les personnes vivant avec un trouble du spectre de l’autisme, une trisomie ou une déficience intellectuelle ont la possibilité de trouver un emploi, mais très peu d’occasions de faire de l’insertion sociale ou d’aller à l’école», explique Karine Demers, orthopédagogue.

Depuis septembre, les 14 étudiants évoluent ensemble, à raison de deux jours par semaine, au sein d’un groupe adapté pour eux. Le reste de la semaine, la plupart des participants sont au travail. C’est le CIUSSS qui est responsable de cet aspect.

Le centre Sainte-Thérèse ne prétend pas avoir inventé ce programme. «Il existe dans d’autres régions, mais à Drummondville, c’est une première classe. D’ailleurs, nous avons déjà eu une demande pour en ouvrir une deuxième», souligne le directeur Yves Hébert.

Des apprentissages uniques

Apprendre la valeur de l’argent, à compter jusqu’à 10, à reconnaître les lettres de l’alphabet ou encore comment écrire son nom sont quelques exemples d’apprentissages que font les participants.

«En gros, on veut travailler leur autonomie fonctionnelle. Par exemple, on utilise de la monnaie pour leur enseigner quelques notions de mathématiques. On travaille aussi beaucoup la gestion des émotions et la motricité fine», montre en exemple Karine Demers.

Cette dernière a collaboré avec une conseillère en orientation, l’enseignante attitrée au groupe, Chantale Touzel, et la technicienne en éducation spécialisée, Danielle Viens, afin de monter un programme approprié à la clientèle.

Au moment où L’Express s’est rendu dans cette nouvelle classe, les participants planchaient sur un projet; la vente de petits chocolats, qu’ils avaient confectionnés quelques jours plus tôt.

Un désir d’apprendre

Ce n’est pas la première fois que Chantale Touzel enseigne à ce type de clientèle, mais malgré son expérience professionnelle, le quotidien comporte quelques défis.

«Chaque personne a un niveau d’alphabétisme différent. Il faut s’adapter au niveau de chacun. Également, ce sont des gens dotés d’une grande sensibilité. Tout est intense. Il n’y a pas de milieu avec eux. Mais, ils sont adorables et tellement heureux d’être ici et de pouvoir rencontrer d’autres gens, raconte Chantale Touzel. À long terme, on espère vraiment qu’ils puissent jouir d’une meilleure autonomie dans leur vie quotidienne». Les étudiants participent à ce projet d’insertion sociale sur une base volontaire.

C’est le cas de Lisanne Lamoureux, une participante qui souhaitait se joindre à la classe pour «rencontrer des amis». «Je veux connaître des gens. Je me suis déjà fait de nouveaux copains», témoigne-t-elle. Questionnée à savoir ce si elle était heureuse d’apprendre dans sa classe, Lisanne Lamoureux raconte : «J’aime faire de la cuisine. J’apprends à mesurer la quantité des ingrédients pour faire des recettes.»

Même si cette nouvelle classe est un projet embryonnaire, son succès immédiat est réel. Alors que la première classe était censée se terminer en décembre, certains participants manifestent leur envie de poursuivre leur scolarité, après les vacances de Noël.

«Il se peut bien qu’on se retrouve avec deux groupes, après le congé des Fêtes, car nous avons assez de demandes pour partir un nouveau groupe», envisage Yves Hébert.

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