La maison Mitchell-Marchesseault

Photo de Jean-Pierre Boisvert
Par Jean-Pierre Boisvert
La maison Mitchell-Marchesseault
Le hall d’entrée (à noter que les tableaux ont été enlevés). (Photo : Gracieuseté)

MAGAZINE. En visitant la maison Mitchell-Marchesseault, la question s’impose d’elle-même : comment ça peut être de vivre dans une résidence aussi unique, luxueuse, patrimoniale, divisée en 16 pièces sur trois étages, aux plafonds élevés et magnifiquement travaillés, entourée d’arbres matures, en plein centre-ville?

Suzanne Masson, qui y habite depuis 2008, parle de passion. «J’avais le goût d’une maison victorienne. Et une fois qu’on entre dedans, on voit où on va faire des rénovations», pour la mettre à notre goût, aurait-elle pu ajouter. Car c’est bien là que se cache le piège passionnel : on achète et on rénove en sachant que l’investissement ne sera pas entièrement récupéré. Mais, comme l’a si bien dit Saint-Augustin : «Celui qui se perd dans sa passion a moins perdu que celui qui a perdu sa passion».

Dans cette superbe résidence datant de 1894 située sur la rue Saint-Georges, face à la rue Lindsay, la propriétaire y a mis des heures et beaucoup d’argent à la fois pour l’entretien et pour la nécessaire modernisation, notamment du système électrique qui inclus maintenant trois fournaises et trois thermopompes. Elle a fait changer la toiture, les ardoises, remplacer les corbeaux (support de bois supportant les corniches), aménager une nouvelle cuisine, installer un escalier en colimaçon en métal et refait le loft au deuxième étage de l’écurie. «Là où on pouvait isoler, on l’a fait», a-t-elle mentionné pour préciser l’ampleur des travaux qui, selon son évaluation, lui ont coûté un million de dollars!

Son temps? 4000 heures. Maintenant, l’heure de la vente a sonné. Suzanne Masson demande 999 500 $ pour cette propriété de 30 000 pieds carrés qu’elle a payée 450 000 $ il y a 11 ans.

L’extérieur de la maison sur la rue Saint-Georges.

Et puisqu’il est question de chiffres, soulignons que le coût annuel de l’énergie est d’environ 11 000 $, les taxes municipales sont à hauteur de 6000 $ et il faut compter près de 7000 $ pour les assurances. Mais nous sommes en présence d’une construction exceptionnelle, qui présente un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale. Les experts disent que cet ensemble victorien en brique rouge reflète l’influence du style néoitalien, introduit au Québec dans les années 1830.

L’heure de la retraite approchant pour celle qui exerce la profession de pathologiste à l’Hôpital Sainte-Croix, elle a fait l’acquisition d’une maison à Métis-sur-Mer (Bas-Saint-Laurent) où elle prévoit se retirer. «L’appel du fleuve», dit-elle. Elle confie qu’elle aurait aimé refaire la serre qui mettait en valeur autrefois la cour ornée d’un jardin à la française. Peut-être que son rêve sera réalisé par son successeur.

«Cette propriété a un énorme potentiel», avance l’agent immobilier Paul Parenteau. «Elle peut accueillir des bureaux pour une entreprise de prestige et est idéale pour les réceptions, comme les 5 à 7. Moi, en 32 ans de métier, c’est la première fois que je vois une opportunité comme celle-là à Drummondville».

Un peu d’histoire…

La maison Mitchell-Marchesseault a une signification importante pour les gens d’ici. Tout comme le Manoir Trent, elle est classée historique, et ce, depuis 1981. Elle fut d’abord la résidence du sénateur William Mitchell, fondateur de la Drummond County Railway et la Drummond Lumber Cie, entre autres. En 1895, il a été le promoteur chargé de l’éclairage des rues de Drummondville. Il a également été maire de la ville, en 1887 et en 1903.

La maison Mitchell-Marchesseault a été fabriquée selon une inspiration victorienne. Elle est construite en briques rouges recouvertes d’ardoises. À l’intérieur, boiseries, dorures et papiers peints datent tous de diverses périodes à partir de 1894. En plus du sénateur Mitchell, quelques personnes y ont habité, soit Joseph-Louis Marchesseault, Luc et Marjolaine Pérusse (années 1990) de même que Gilbert Goupil, qui en avait fait une crêperie durant quelques années avant de vendre à Suzanne Masson.

Le style victorien s’est développé durant l’ère victorienne (1837-1901), tout particulièrement aux États-Unis.

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