La Clinique multidisciplinaire TDA/H MCQ ferme ses portes

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Par Marilyne Demers
La Clinique multidisciplinaire TDA/H MCQ ferme ses portes
Forcée de fermer les portes de la Clinique multidisciplinaire TDA/H Mauricie-Centre-du-Québec, la propriétaire Marie-Michèle Lemaire quitte avec le sentiment du devoir accompli. (Photo : Marilyne Demers)

SANTÉ. Après sept ans d’aide auprès des personnes atteintes du trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), la Clinique multidisciplinaire TDA/H Mauricie-Centre-du-Québec a dû mettre la clé sous la porte, faute de main-d’œuvre.

À ses débuts, la clinique privée située sur le boulevard Saint-Joseph Ouest regroupait une quarantaine de professionnels, dont des neuropsychologues, des psychologiques, des travailleurs sociaux et des psychoéducateurs. Aujourd’hui, elle en compte une quinzaine.

«Plus ça allait, moins j’avais de professionnels. Ceux à la clinique étaient travailleurs autonomes. Le réseau public, qui manque énormément de professionnels, venait les chercher. Je ne pouvais plus compétitionner avec ça et je ne voulais pas diminuer la qualité des services», explique la propriétaire de la Clinique multidisciplinaire TDA/H Mauricie-Centre-du-Québec, Marie-Michèle Lemaire.

La clinique a vu le jour en 2012, soit un an après le dépôt d’une pétition de plus de 25 000 noms demandant une meilleure reconnaissance et un meilleur soutien aux personnes touchées par le TDAH. L’objectif était de dépister le TDAH, qui provoque des symptômes comme des troubles d’apprentissage, des troubles de comportement ou de l’anxiété ainsi que d’aider ceux qui vivent avec cette réalité au quotidien.

«Le réseau public est tellement saturé que les personnes se retrouvent sur des listes d’attente. Quand les gens qui ont des besoins en santé mentale se décident enfin à appeler, on ne peut pas attendre huit mois pour les aider», déplore l’ancienne directrice générale de TDA/H Mauricie-Centre-du-Québec, un organisme à but non lucratif.

«Il y a un million de raisons qui peuvent faire que quelqu’un a de la misère à se concentrer. Ça ne veut pas dire que c’est un déficit de l’attention. Il y a aussi les deuils, les chocs post-traumatiques, la perte d’un proche, les troubles d’apprentissages, etc. C’est très large», énumère-t-elle.

Signe de la nécessité d’une telle ressource, ce sont plus de 3 000 dossiers qui ont été ouverts, en plus de 1 500 programmes d’aide aux employés. «Et c’est sans compter les dossiers qu’on a aidés en pro bono. La clinique ne pouvait pas être différente de moi, elle me ressemble beaucoup. Le communautaire a toujours été important pour moi», indique celle qui s’implique au sein du Club Rotary Drummondville-Malouin et qui apporte de la magie dans les yeux des enfants lors du Défilé de Noël de Drummondville.

Ayant fait sa place au cours des dernières années, la clinique privée a également reçu des personnes provenant de l’extérieur du Centre-du-Québec. «On a eu des gens de Fermont, du Nouveau-Brunswick, de l’Île-du-Prince-Édouard et même des Antilles, fait savoir Mme Lemaire. La clinique a été l’une de mes plus belles réalisations.»

Au bout du fil
Aujourd’hui, une visite des locaux a eu lieu. Des professionnels étaient aussi sur place pour faire leurs boîtes. «C’est avec beaucoup de nostalgie que je quitte la clinique ce matin. Plusieurs histoires et souvenirs ont tapissé les murs de mon bureau. Je garde en moi tous les sourires et toutes les larmes des gens qui ont accepté de me partager leurs craintes et leurs inquiétudes. J’en suis très reconnaissant», souligne Patrick Roy, psychoéducateur.

Fermer la Clinique multidisciplinaire TDA/H Mauricie-Centre-du-Québec n’aura pas été une décision facile pour Marie-Michèle Lemaire. «Depuis trois semaines, il ne faut pas que je descende trop vers mon cœur parce que je me questionne à savoir où les gens vont aller chercher de l’aide, confie-t-elle, avec émotions. Mais je vais toujours continuer à être là. Les gens vont pouvoir me joindre, que ce soit par le téléphone de la clinique ou mon cellulaire.»

«Tout le monde a mon numéro. Parfois, des gens m’écrivent le soir ou la fin de semaine, mais j’ai toujours dit que j’aimais mieux qu’ils m’écrivent que de savoir le lendemain matin qu’ils ont fait quelque chose d’irréparable», poursuit la femme de 52 ans, qui souhaite aussi consacrer plus de temps à sa famille.

«J’ai donné mes 22 dernières années pour la cause du déficit de l’attention. Je vais continuer à le faire, mais différemment. Je vais continuer à offrir mes services comme éducatrice spécialisée. Je ne serai jamais bien loin», conclut Marie-Michèle Lemaire.

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